- Maintenant, c'est l'heure de repos. Mélissa est déjà entrain de siester, c'est ton tour à présent.
- Oui tonton Berty. Merci encore pour le Garba, j'ai donné le reste à Pullover. Le pauvre est fâché contre moi parce que je l'ai négligé aujourd'hui. Demain soir, pourrions nous le promener au parc ?
- De rien pour ton repas. Avec ton élan de courage et ton sens de l'amitié, je devais m'assurer que tu manges généreusement par rapport aux autres. Tu as le droit de promener ton chien, mon ange. Je vais passer la nouvelle à ton père, c'est lui qui t'accompagnera. Je lui ai dit que tu voulais être seul, il ne viendra pas te déranger pour ce soir.
- Il était fâché ?
- Oui, mais je ne lui ai rien dit. Il comprend que c'est à toi de lui parler. Je vais aussi prendre du repos dans ma chambre. Tout à l'heure, mon ange.
Je caresse ses cheveux et sors de sa chambre, le magnétophone en main. Je me dirige vers la mienne quand je vois Sébastien entrain de discuter avec le jardinier. Paul est un homme de 33 ans, très apprécié de ses collègues. Depuis qu'il est au service des Zokou nous n'avons jamais rien trouvé à redire. Mon ami passe un peu de temps avec lui depuis quelques jours. Ça m'arrange qu'il se fasse de la compagnie en attendant notre départ. Je continue mon chemin et pénètre mon antre quand je reçois un message. Je suis trop épuisé pour le lire. Je sors mon portable et le lance sur mon secrétaire.
Je dépose l'autre appareil sur mon lit et décide d'aller prendre une douche.
Après trente minutes, je reviens dans ma chambre avec mon peignoir bleu et une serviette autour du cou que je lance dans le panier à linge sale. Grâce à cette bonne douche, mes idées son enfin claires. Je cogitais sur la manière de donner une bonne leçon à ces sales petits cons. J'ai évidemment pensé à la violence en premier lieu. Je les aurait éventré moi-même, mais si jamais quelqu'un me voyait ou si ces dégénérés me liaient à Henri, c'est la famille qui en pâtirai. Si j'en parle à la direction, rien ne prouve qu'elle fera quelque chose, même pour un enfant puissant comme Henri, la politique à plus de pouvoir. Je le sais.
S'attaquer à la vedette de cette école, c'est comme attaqué le président lui-même. Seulement, la vie d'un enfant dépendra de mon acte. Ce pauvre Saïd va garder des séquelles de ce harcèlement. Je dois m'enquérir de ce petit garçon, il faut que je puisse lui parler. Il doit se sentir seul et abandonné en ce moment. Ne pas pouvoir parler de ce qu'il subit à qui que ce soit doit être un fardeau difficile à porter, rien que Henri en souffre déjà. Ce type de traitement est rare dans notre système, mais arrive fréquemment si un enfant martyrisé est faible et apeuré ou ne répond pas un standard des normes de la société. Ces gamins prétendent le traiter ainsi pour le punir de sa pseudo sexualité, mais en réalité il se base juste sur son androgynité. Ce sont des sacs à merde ! Je suis sûr que c'est une excuse qu'ils ont signé d'un commun accord si un responsable du centre le découvrait.
Cette histoire me blesse au plus profond de mon être. Cela me rappel quand une fille de mon quartier avait fait son coming out après son bac. Je n'avais que dix ans à l'époque, mais je n'oublierai jamais l'état dans laquelle sa propre famille a abandonné son corps au milieu de la place publique, avec des valises à côté. Ils l'ont lynché et même violé, comme si cette abomination qu'ils ont commis aurait changé son statut. À cet instant même, j'ai découvert la profondeur répugnante des êtres humains. Ils utilisent des excuses pour nourrir leurs bas instincts et expliquer leur affreux comportement. Après ça, je m'étais juré de ne jamais devenir la proie de mes semblables.
Jusqu'ici j'ai eu beaucoup de chance. Mes parents ont su pour moi en trouvant des magazines à caractère homo dans ma cantine quand j'ai été renvoyé de l'internat. En plus des lettres d'amour de Marc avec qui je sortais. Je ne pouvais plus rien nier. Bien que ma grande sœur a voulu me protéger en jetant la faute sur Marc alias Omar, je ne l'ai pas suivi dans son délire. Une relation se fait à deux et c'est moi qui avait séduit Marc, il était hors de question qu'il endosse pour cela. Je n'avais commis aucun crime ! Par soucis de leur réputation, ils m'ont jeté dehors en prétextant aux voisins que j'étais un délinquant et un bandit. Je crois que leur honte m'a sauvé. Je préférais vivre de cette manière que de me faire tuer pour ma sexualité. Omar n'a pas eu la même chance que moi, pas du tout.
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Atteindre La Cible [M/M]
RomanceTome 1 de la série. C'est un M×M Denis Zokou, célèbre pour sa créativité, sa lubie, son image et sa personnalité exécrable avec laquelle il mène du bout du nez son entourage, ses collaborateurs et ses employés, voit sa petite vie tranquille prendre...