38. Les prémisses

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L'annonce de la mort de Moundir et Joël a ravagé tout le monde. Je n'ai jamais vu autant de larmes et de cris dans une pièce. Mes cousines ont fait le déplacement. Ma surprise vient de Marguerite, je ne la savais pas si sensible.

Le premier a servi cette famille pendant vingt-cinq ans, il avait 45 ans. Le second a servi ma mère pendant 5 ans, il avait 32 ans. Leur dépouille est à la morgue. J'ai géré la paperasse, même si nous sommes sûr qu'Alexandre ne fait pas parti des morts, l'identification dentaire servira à le confirmer plus tard.

Je connais la famille de Joël. Je ne sais pas comment leur annoncer cette nouvelle. Il venait de se marier, nous avions payé pour sa lune de miel. Je vais discuter de cela avec Denis. Quant à Moundir, c'est plus compliqué. C'était un homme extrêmement discret. Nous ne connaissions de ses enfants que ce qu'il nous avait montré de leurs photos. Il disait toujours que pour vivre heureux, vivons cacher. Je vais voir dans les affaires de mon père si je trouverais une vraie adresse quelque part.

Je marche vers la chambre de Denis. Je l'ai laissé se coucher après sa crise au commissariat. J'avais son téléphone tout ce temps et il n'a pas arrêté de sonner. Je vais le lui rendre.

Je frappe et il me dit d'entrer. Il est assit devant la fenêtre.

- Tu vas mieux ?

- Comme un charme.

Je l'observe, il est serein. Une bouteille de whisky vide à ses côtés. Il doit être ivre.

- Tiens ton portable. Il n'a pas arrêté de sonner depuis tout à l'heure.

- Pourquoi tu ne l'as pas éteins ?

Il demande ça maintenant, mais si je l'avais fait, il m'aurait trucidé. Je dépose son bien à côté de lui sur la commode.

- Nous discuterons plus tard.

Je récupère la bouteille d'alcool vide.

- Pourquoi il les a brûlé ?

Hum ?

- Ils étaient déjà mort. Pourquoi les brûlés ?

Je ne réponds pas. Son regard est dans le vide, son expression est détaché. Je m'approche de son lit et m'asseois en silence. Il est en pleine réflexion, il réfléchit à haute voix.

- Comment pouvait-il être sûr que tu irais à l'entrepôt ? Il aurais pu brûler que tu es déjà en chemin avec Alexandre. Il savait précisément que tu étais encore à la maison. Et même ? Pourquoi te sauver ? Il aurait pu te faire tuer immédiatement. Non, il a préféré t'éloigner. Pourquoi ? Nous aurions pu annuler cette expédition. Il y a un truc qui m'échappe.

Dans quel direction va-t-il avec ses réflexions ?

- Le kidnapping ne servait à rien, sauf s'il savait que moralement cela m'atteindrais, mais le gamin et moi, nous nous sommes jamais exposé devant les autres. La raison est ailleurs. Il sait que le gamin ne peut pas l'identifier, quelque chose autre l'y a poussé. Un détail important. Je l'ai raté.

Ce qu'il dit est intéressant.

Le portable sonne à nouveau et le fait sursauter, moi aussi. Il sort de sa phase et me remarque enfin. Il tourne la tête vers son portable.

- Un numéro inconnu ? dit-il.

Je décide de prendre congé de lui. En sortant, il est entrain de dire : Allô.

******

Aujourd'hui, je suis entrain de fouiller les dossiers de mon père. Ceux que Denis a bien conservé. J'ai retrouvé des factures remontant à 1989. Mon père savait bien conservé ses affaires. Il nous l'a bien inculqué. J'ai enfin trouver le dossier de Moundir. C'était le tout premier chauffeur de mon père.

Atteindre La Cible [M/M]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant