28. Confusion

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- Tu as un fils ! Comment du jour au lendemain tu peux t'intéresser aux hommes ? demandé-je, incrédule.

- D'un, je suis bi et depuis des années, tu ne devrai pas te lancer sur un terrain que tu ne comprends pas ; de deux, pourquoi ça ne te choque pas plus que ça, Denis ?

Il me regarde suspicieusement. Je ne vois pas où il veut en venir.

- Tu n'as pas l'air plus surpris que ça que je m'intéresse à lui, je croyais que tu étais homophobe... ou est-ce que toi aussi tu as des vus sur lui ? finit-il la dernière phrase d'un ton moqueur.

Je comprends immédiatement, mais ça ne servirai à rien de nier. Je garde juste le silence.

- Ne me dit pas que c'est vrai ?!

Il gare subitement. Qu'est-ce qui le surprend tant que ça ?

- Depuis quand tu es attiré par les hommes ? Je ne t'ai jamais vu regarder un autre homme de-

- Je te coupe, Nathan. Je ne suis pas vraiment ce que tu pourrai appeler bisexuel ou autre. Avant Bertrand, j'ai toujours été attiré par les femmes et c'est toujours le cas. C'est juste... comment dire... je ne sais pas comment te l'expliquer. Il était toujours là au moment où j'avais besoin de quelqu'un. Tu vois de quoi je veux parler ?

Mon frère arbore une expression assez tendu. Il a toujours sa main posée sur le volant. Cette conversation me met quelque peu mal à l'aise. Lui et moi n'avons jamais parlé de sexualité ou de sexe avant aujourd'hui. En même temps j'ai vraiment envie de parler de ça avec quelqu'un. Bien qu'il soit techniquement mon rival, savoir qu'il ne me juge pas sur ma soudaine attraction à la gente masculine me réconforte assez.

- Tu es sûr que tu ne confonds pas la reconnaissance à l'amour ? Je n'essaie pas de te manipuler. J'essaie de te guider. Tu dis qu'il était auprès de toi dès que tu te sentais seul-

- Je n'ai jamais dit que je me sentais seul.

- Ouais, ouais, dis ce que tu veux, mais réfléchit à ce que je dis. Avoir une épaule pour pleurer ne veut pas prétendre qu'on est amoureux de cette personne. Bertrand est quelqu'un d'exceptionnel et je pense que tu as déjà une idée de son passé. Quand je l'ai vu pour la première fois, c'est à peine si je considérais sa présence. Un garçon de 19 ans qui restait toujours dans son coin et qui faisait un peu tâche, rigole-t-il.

Alors il est arrivé quand il était si jeune ? C'est normal que mon frère sache tant de chose sur lui.

- Papa l'aimait tellement. Si je te dis que je n'ai jamais su pourquoi tu ne me croiras pas, alors qu'il m'a révélé que sa première rencontre avec Bertrand c'était dans une ruelle. Apparemment, il a volé le sac de Maman, et notre père l'a récupéré. Je n'ai pas besoin de te raconter ce genre de stupidité. Comprends juste que c'est quelqu'un qui vient de loin et qu'il a travaillé dur pour être accepté et respecté. Ça ne me dérange pas de rivaliser avec toi pour son cœur, mais je ne veux pas lutter si tu n'es pas sérieux.

Je digère ses paroles de travers. Je n'ai jamais eu l'impression de confondre mes sentiments. Si c'était le cas ? Et cette histoire de ruelle me rappelle vaguement quelque chose. C'est bizarre.

Il redémarre la voiture.

- Et Céline dans tout cela ? Ne me dis pas que la polygamie est ton nouveau fantasme.

- Je ne sors pas avec Céline, je te rappel.

- Mais tu t'es ouvertement affiché avec elle. Je pensais que ça devenait sérieux, si je puisse dire. Tu veux vraiment me faire croire que quelque part au fond de toi, tu ne la considérais pas.

Atteindre La Cible [M/M]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant