Une demi-heure plus tard, la voiture cahotait en tous sens. Éric ne la poussait pas à plus de vingt kilomètres heure et pourtant, sans être un expert en mécanique, les à-coups, chocs et bruits inquiétants qu'elle émettait promettaient un passage chez le garagiste à son retour. La route qui conduisait à ce hameau semblait étudiée pour faire renoncer les visiteurs.
— On aurait dû y aller à pieds, dit Nicolas.
— Par ce temps de chien ? Tu veux que je te dépose là ? demanda-t-il avec agressivité, et sans la moindre intention d'arrêter le moteur.
— C'est pas une tout-terrain... Tu vas ruiner la suspension.
— Et bien, c'est à ça qu'elle sert, non ? Tu pourras me la changer.
Nicolas pouffa.
— Je suis devenu ton mécanicien attitré ?
— Pourquoi pas ?
— Tu traites mal ta voiture.
— Je préfère la maltraiter elle que moi !
Tant bien que mal, il remonta le chemin en côte qui conduisait à la place principale et y gara sa Mini. Nicolas essuya du poing la buée sur la vitre et jeta un œil au dehors.
— C'est désert.
Éric le dévisagea, incrédule : pensait-il vraiment que les gens se précipitaient dehors quand il pleuvait avec une telle ardeur ? À sa connaissance, ça n'arrivait que dans les publicités pour du gel douche.
— Nicolas, tu te rends compte du temps qu'il fait ou pas ?
À cette altitude et malgré l'encastrement du village, un vent violent faisait tanguer le véhicule. Sous son souffle, les arbres déjà dépouillés de leurs feuilles étiraient autant que possible leurs branches sur le point de casser.
— Ah, un bistrot, dit Nicolas en ignorant la remarque précédente.
Éric tourna la tête et aperçut le vieux bâtiment, vestige d'une époque plus faste où les petits villages n'étaient pas encore désertés.
— C'est déjà plus que je ne pensais.
— On y va ?
— Tu veux pas attendre que ça se calme ?
Nicolas se tourna vers lui et soupira, une pointe d'exaspération transparaissant pour la première fois sur son visage.
— On est à cinquante mètres. Un peu d'eau ne va pas te tuer. Et puis... tu as vraiment l'impression que ça se calme, depuis tout à l'heure ? À choisir, je préfère attendre devant une tasse de café que dans la voiture. J'ai le dos en compote.
Il sortit sans l'attendre et courut jusqu'au bâtiment. Éric nota qu'il s'arrêtait devant la large vitre et se résolut à le rejoindre. Nicolas scrutait l'intérieur.
— Elle est là ?
— Pas en vitrine, non.
Éric retint la cinglante répartie qui menaçait de franchir ses lèvres, puis réalisa que Nicolas faisait preuve d'humour. Sarcastique, certes, mais de l'humour tout de même. Une avancée pour un homme qui se contentait la plupart du temps de répondre strictement aux questions posées.
Éric se ressaisit puis le dépassa.
— Rentrons.
Un carillon tinta lorsqu'il poussa la porte. Quatre adolescents les regardèrent suspendre leurs blousons sur les patères de l'entrée, puis s'installer sur les hautes chaises devant le comptoir avant de reprendre leurs discussions. Une femme d'une quarantaine d'années sortit d'une pièce annexe et se glissa derrière le comptoir.
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L'Héritage (L'Hybride, Livre 3)
Fantasy/!\ /!\ WARNING : Il s'agit d'un tome 3 ! Donc ASSUREZ-VOUS DE LIRE LES TOMES 1 & 2 AVANT DE COMMENCER CELUI-CI ! --> https://www.wattpad.com/list/582879382-lire-lhybride,-dans-lordre- <-- Sinon, vous risquez de ne pas tout comprendre...