2.2 : Aides

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Éric ouvrit les yeux sept minutes avant la sonnerie du réveil. Il grommela, désactiva l'alarme, ôta le bras qui s'était posé sur sa poitrine et glissa hors du lit en prenant garde à ne pas bousculer sa dernière conquête. Elle dormait encore à poings fermés.

À pas de loup, il sortit de la chambre. Un bâillement l'arrêta devant la porte. Sa tête l'élançait. Il avait trop bu la veille lors d'une sortie avec ses collègues, et se retrouvait un lundi matin avec la gueule de bois et une femme qu'il connaissait à peine dans son lit.

Il tritura sa mémoire embrumée par l'alcool pour retrouver son nom. Anne ? Isabelle...

— Annabelle, murmura-t-il.

Employée comme pigiste depuis peu, il avait fait sa connaissance lors de cette sortie. Une histoire sans fioriture : tous deux désinhibés par la boisson, ils avaient fini la nuit ensemble. Une jolie fille avec laquelle il avait passé du bon temps, mais certainement pas celle avec qui il finirait ses jours.

Penché sur le lavabo de la salle de bains, il s'aspergea le visage d'eau froide, revêtit le premier pantalon à sa portée – un jogging, ça fera l'affaire – puis se dirigea vers la cuisine et plus précisément, sa source de salut : la cafetière. Le temps que l'eau passât, il s'installa sur son canapé et se massa les yeux.

— Il me faut de l'aspirine aussi...

À l'idée de se relever, son peu de courage le quitta. Il se pencha pour attraper la télécommande, et aperçut une enveloppe à son nom déposée à côté.

Un frisson lui traversa le dos. Il s'interrogea sur la possibilité qu'Annabelle l'y ait déposée, et en conclut que si elle dormait toujours dans son lit, les chances en étaient minces. Avec un mauvais pressentiment, il s'en saisit. Son visage se décomposa au fur et à mesure de sa lecture.

Éric,

J'ai dû partir pendant quelque temps. Je ne sais pas quand je reviendrai. J'ai besoin de faire le point. N'inquiète pas les parents avec ça, il n'y a rien de grave. Pardon de ne pas t'avoir prévenu avant.

Ne t'en fais pas pour moi et surtout, ne me cherche pas. Je te ferai signe à mon retour.

Clara.

Parfaitement synchronisée, la cafetière émit un « bip » aigu dès qu'il parvint au point final. Annabelle choisit ce moment pour sortir du couloir, à moitié habillée. Son visage révélait qu'elle ne se trouvait pas en meilleure forme qu'Éric et se demandait comment faire bonne figure dans cette situation.

— Salut, dit-elle d'une petite voix gênée.

— Salut. L'aspirine est dans la salle de bains, si tu la cherches. Et le café est prêt, marmonna-t-il sans relever les yeux vers elle.

— Euh... la salle de bains ?

Il releva la tête et lui indiqua le couloir sur sa droite.

— Par là.

— Un problème ?

Il replia la lettre et se leva. Son mal de tête frappa à nouveau, sitôt accompagné des grommellements. Il maudissait ses collègues, qui l'avaient incité à enchaîner les cocktails.

— Oui.

Comme elle ne bougeait pas, il tenta de réparer un peu la sécheresse de sa réponse :

— Désolé, mais je ne m'attarde pas. Il va falloir te dépêcher.

Bousculée par un réveil qui manquait autant de romantisme que de politesse, elle bafouilla de timides excuses et se précipita à la recherche du graal. Elle partit sitôt habillée, sans même accepter une tasse de café. Éric lui en sut gré : elle ne lui avait pas fait perdre de temps. Il s'excuserait plus tard de son comportement. Pour le moment, il se sentait incapable de se montrer plus agréable.

L'Héritage (L'Hybride, Livre 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant