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Camille se réveilla dans un lit bordé d'herbe verte, c'était le désert autour de lui. Vite, il se releva de sa couche de draps sales et contempla tout le paysage que le cernait alors s'estomper brutalement : fini des arbres et de leur ombre rafraîchissante, il n'y a fait plus d'oiseaux qui chantait dans les branches, juste  un inconnu, lové à son côté. Le soleil se levait sur un horizon brun, sans pour autre âme vivante qu'une petite chaîne de montages qui se dressait encore fièrement à l'horizon. Combebrume, comprit le jeune garçon, étirant vainement le haut de ses épaules endolories, Mais comment suis-je arrivé ici ? Il se retourna, sur son matelas de fortune, l'étranger dormait toujours. Le chapeau qui masquait son visage creusait en les fosses de son menton de petits gouffres d'ombres mystérieux et intrigants. Finalement, il se leva quand même, malgré les protestations que lui lançait son dos, fit quelques pas dans la poussière et acheva de s'assoir, sur une petite pierre brune e pointue qui dépassait du sol. De là, il pouvait tout voir : du feu des cieux au bleu du jour, tout. Ah ! Il paraissait bien paisibles, ce bas peuple abandonné ! Dix kilomètres peut être ? Puis des, jours, puis des années ! Dix kilomètres... Comme frappé de la foudre, Camille bondit soudainement sur ses deux pieds, oublieux des maux qui l'assaillaient. Ils avaient fait dix kilomètres ! En une seule nuit ! Un tel miracle était-il seulement possible ? Un mauvais pressentiment l'envahit alors, on aurait dit que la Terre entière tremblait sous ses frêles genoux. Vite, l'adolescent fit volte-face, le dormeur n'y était plus. Il se retrouvait seul, abandonné de tous, dans un désert hostile, infini et inconnu à la merci d'un homme dont il n'avait intentions ? Pauvre de lui-même, pauvre de Camille, pauvre de cet être dont l'amertume brille. Pauvres de vous tous, anonymes lecteurs, de ne voir derrière lui, ange du diable ou saveur.

La tâche blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant