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Les yeux plongés dans le pâle reflet de la vitre entrouverte, Cyril songeait, doucement à ces quelques minutes, même pas, ces quelques secondes en lesquels il s'était senti perdre quelque chose. Mais quoi ? Quel indice, si important soit-il, leur avait donc échappé ? Tout s'était passé si vite... L'arrivée brutale dans le vestibule de bois, le salut bref et insuffisant à cette vieille, là-bas, qui tentait vainement de consoler son enfant... Et ce regard, intensément vide, celui qui cherche, désespérément une réponse, enchaînée des lambeaux de sa mémoire... La vieille savais, ou plutôt, elle avais su, il en demeurait convaincu, presque autant que le jeune homme croyait en cette lueur fugace, et hélas, trop vite éteinte qui avait alors filtré à travers les rideaux fermés de son âme. De l'autre côté de la rue, un porte de chêne. Et derrière cette porte, la réponse. Une réponse accablée et vieillissante, courbée sous tous les âges et dont les paupières closes -ou presque- ne voyaient à son bras qu'un bambin affolé, qui hurle et cherche un nom, le siens, qu'elle ne reconnaitra plus jamais. C'est trop tard. Oui, elle s'en souviens maintenant, de tout, mais c'est trop tard. Ce qu'elle a oublié l'emporte loin, très loin, au rythme de sa vie qui défile et du fil qui se coupe. Ce qu'elle a oublié la fait tomber au sol, dans les bras du gamin qui crie encore plus fort désormais. Autour d'eux, la maisons sent le vide, les larmes, mais surtout la mort tandis que la peur ruisselle sur le parquet en de lourdes et puissantes gouttes de tristesse. Plic, plac, ploc, résonne dans le couloir tandis que l'effroyable sirène beugle de plus bel, en appelant à l'aide. Mais tous cela, Cyril ne peut pas l'entendre, tranquillement endormi dans le van de son ami.

La tâche blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant