Aussitôt le démon envolé, Camille courut dans l'autre sens et attrapa son sac, posé bien sagement, à la gauche de sa couchette. Il y avait encore de l'espoir, même infime, il était là, le garçon le sentait, tandis qu'il vidait avec hargne son bagage de fortune. Enfin sa gourde apparut permis les bris de plumes, les flèches et les armes éparpillés sur elle sol. Pourvu qu'il en reste un peu, pensa l'adolescent, se saisissant de son trésor. Vite, le nouvel homme l'ouvrit et secoua de toutes ses forces le goulot au dessus de sa tête. Une goutte, il suffisait d'une seule goutte et ils seraient sauvés. Une goutte de rien du tout, un trésor oublié, une goutte en ce moment, c'est tout ce qui lui manquait. Alors il jette son auge, se prit la tête dans les mains et pensa, tel que Karl le lui avait appris à faire durant ce mois béni, ce moi où, sans savoir, il apprenait de son ennemi. Un détail, oui, il demeurait forcément un détail, un petit rien de vie qui, à lui seul, ferait de tout la différence. Mais quoi d'autre pour Camille que de se rendre à l'évidence ? Ce rien était parti, toute son âme, son bonheur, l'envie de réfléchir... L'ange devenu sa famille les avait emportés. Ces moments lui revinrent subitement en mémoire, comme un torrent d'amour qui submergea tout entier le visage du sauvé. Pourquoi ? Pourquoi l'avait-il abandonné ? Lui, qui croyait enfin toucher son cœur ne tenait plus en ses mains qu'un nuage de fumée qui s'éloignait dans le vent. C'était un peu comme toute sa vie finalement, une immense illusion qui persiste et persiste jusque ne laisser en nous qu'un abîme incomblable. Et désormais, il savait. Mais malgré cela, les mensonges, les trahisons... Camille n'éprouvait plus qu'un désir, avant de s'en aller : revivre une dernière fois leur cruelle amitié. Alors le garçon se leva et marcha doucement tout du long de la pièce. Il caressa les murs, les meubles de fortunes s'attarda à jamais sur la cruche qui servait jadis le précieux breuvage, vide, comme chaque chose autour de lui. Et soudain il compris, ce qui ne demeurait pas à comprendre, une vérité, si simple et si absurde qu'elle en devenait infernale et cela, grâce à cette gouttelette qui tomba du plafond de la grotte jusqu'au sous de la carafe. Ce n'était pas l'espoir plutôt une certitude, celle d'ouvrir les yeux sur un vase rempli seulement de mère nature et nullement de magie. Camille sourit, il vainquait, une fois de plus. Et une fois première, il allait les sauver.

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La tâche blanche
TerrorLe mal... Il réside en chacun de nous, dans nos cœurs et dans nos gestes. Il nous possède, nous contrôle complètement et ronge, plus vicieux que la nuit, nos tendres sentiments. Prenez garde, vous qui croyez au bien, qui fausser dans l'espoir d'un s...