La chose atterrit soudain dan le creux de l'émeute et les quelques peinés encore sobres de cœur crièrent de plus bel à la vision d'horreur. Harry, lui ne demeurait pas sûr, on aurait dit un de ces gros oiseaux blancs et majestueux qui venait surgir parmi les combattants et qui s'affairait, de la droite et de la gauche à blesser de ses plumes l'assemblée toute entière. À chaque mouvement, une nouvelle vague de stupeur déferlait sur la foule et quelques uns tombaient, parfois, pour toujours tandis que d'autre poursuivaient de s'agripper. Et la lumière ! Oui, cette étrange créature dégageait d'une lumière ! Si pure, si aveuglante ! Comme si son être entier rayonnait d'un plus puissant soleil ! Une nouvelle bourrade secoua le troupeau et une main s'agrippa à sa cheville, le laissant trébucher à son tour. Encore une. Cela semblait si étrange pour un homme si grand de ne voir du monde qu'un tas de pieds, et de ne plus en sentir les dix-mille fumets, mais juste la poussière, la terre d'où il venait. Harry tenta de se relever, en vain, les vagues venaient toujours plus nombreuses et déferlaient par centaines de la marée humaine. Le bougre retomba, un goût métallique dans le creux de la langue désormais. Le sable lui volait devant les yeux et s'infiltrait dans ses narines jusqu'à ce que le bonhomme ne peut plus voir au travers de ce nuage que la silhouette sombre de cette petite fille qu'il observait sans vraiment s'en rendre compte. Une petite fille ? Mais que faisait-elle là, dans le cœur de l'émeute, assise bien contre un mur, comme si elle attendait ? Cette fois, Harry ne chercha pas à rejoindre les hommes, au contraire, il rampa tel le serpent, centimètres par centimètres vers cette curieuse fillette, pauvre et déboussolée. Enfin il attrapa le mollet de l'enfant et s'extirpa de la masse grondante, qui, inéluctablement, se réduisait.
-Qui es-tu ? demanda la gamine, tu es tout sale ! Tu dors dehors ? Tu connais mon papa ?
Mais oui ! Voici qu'elle lui revenait maintenant, cette frimousse mignonne au nez tendre et rosé ! Et il la connaissait, cette petite tâche en forme de feuille d'olive sur son minuscule cou ! Oh ! Il avait été si fière à sa divine entrée, lorsque le prêtre, un grand gaillard très fin avait tâché son âme d'huile, de pluie et de foi ! Sa petite filleule adorée, mais que l'alcool, la drogue et les femmes lui avaient arraché.
-Clothilde ?
La dite fronça les sourcils.
-T'es qui, tu me connais ?
-C'est moi, oncle Harry !
Un souvenir sembla s'allumer dans les yeux de la fillette.
-Oncle Harry ! Tu as grossi ! Tu as dû manger un peu trop de gâteau !
-Oui, rit Harry, un peu trop... Mais qu'est-ce que tu fais là, ma puce ? C'est dangereux, tu pourrais te faire écraser !
-Je regardais le monsieur !
-Quel monsieur ?
-Celui-là ! la petite pointa la chose du doigt, tu vois comme il brille ? On dirait la fée Clochette ! Mais... En monsieur !
D'abord, le bougre ne dit rien, bien trop occupé à scruter l'éclair blanchâtre de la foule, et en effet, quand ses deux yeux se furent habitués à la pénombre éclatante, il il lui sembla discerner parmi les quatre grandes traînées la taille fugace d'un homme, celui qu'ils avaient chassé.
-Putain, souffla Harry, c'est quoi ce bordel ?
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La tâche blanche
TerrorLe mal... Il réside en chacun de nous, dans nos cœurs et dans nos gestes. Il nous possède, nous contrôle complètement et ronge, plus vicieux que la nuit, nos tendres sentiments. Prenez garde, vous qui croyez au bien, qui fausser dans l'espoir d'un s...