Camille passa seul les portes de la ville, courut le long des rues désertes et partout, le silence. Dans les maison, pas un chat ne guettait son passage et aucun chien pour le chasser... La ville entière paraissait plongée dans le sommeil, un de ces sommeils artificiels et mensongers qui, hélas, ne présagent jamais rien de bon. Là ! Le nouvel homme tendit l'oreille, il lui semblait entendre un bruit, faible, ténu, presque invisible, mais un chuchota d'espoir qui lui criait que, peut être, il ne demeurait pas trop tard. Vite, le garçon s'élança le long de l'avenue Lazare, frôla de sa manche la porte du bar Saint Michel, où il ne se perdrait plus et remonta la plainte, comme on remonte le doute. Çà et là, des plumes, de plus en plus nombreuses, ces plumes, jonchaient avec oubli les pavés de la rue et affolaient son cœur de leurs ailes perdues. Un dernier tournant, enfin la terrifiante émeute s'amoncela à l'horizon, c'était un fracas d'ailes, de lances, de pleurs et de pieux qui gémissait, un peu moins, à chaque seconde. Camille s'en approcha le plus discrètement possible, à cet instant, il sentait tout le poids du monde sur ses épaules. Oh ! Quelle horreur l'adolescent devait-il affronter de voir tous ces enfants à terre, si purs et innocents, mais déjà précipités en enfer ! Non, Dieu ne pouvait pas avoir envoyé Tsapkiel pour les punir, cela demeurait impossible, du moins, de ce qu'il savait de Dieu. Puis une lumière, Dieu n'avait pas envoyé Tsapkiel pour les punir, il l'avait désigné lui, pour tous les sauver. Et soudain, par cette simple pensée, un monde nouveau sembla se déployer devant ses yeux, un monde de vérité : fini, des ailes de cygnes, des douces tuniques et des lances dorées, maintenant grondaient griffes et crocs, tridents et épées autour d'un dernier ange, celui qu'il avait aimé. Une dernière fois, Karl croisa le regard de faux compagnon, mais sans cette tendresse froide qu'il lui connaissait tant, il ne fleurissait plus que la folie. L'archange déchu cria, le nouvel homme s'écroula et puis, plus rien, la ville entière et ses pauvres martyrs s'envolaient en poussière tandis que lui, Tsapkiel se changeait jamais en une immonde fumée noire, bientôt avalée par le sol et son maître damné. Adieu Combebrume, adieu terre de péchés, de laquelle il ne reste qu'un enfant affalé.

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La tâche blanche
HorrorLe mal... Il réside en chacun de nous, dans nos cœurs et dans nos gestes. Il nous possède, nous contrôle complètement et ronge, plus vicieux que la nuit, nos tendres sentiments. Prenez garde, vous qui croyez au bien, qui fausser dans l'espoir d'un s...