Le treize mai de cette année-là, les rues fantômes de Combebrume n'avaient jamais paru aussi vide. Un léger souffle de brise osait tout juste encore caresser les vitres noircies par la poussière des boutiques à l'abandons et dans la rue, seuls des corps parsemaient encore les pavés. Que s'était-il donc bien passé ici-bas ? Hier encore, quelques osaient toujours prendre la sortie : elles partaient à l'écoles pendant qu'il faisait les courses... Tout allait, non pas pour le mieux, mais tout allait ! Qu'est-ce qui avait pu changer cela en un seul sommeil ? DONG, DONG, DONG. Jeanette revoyais ce minuit où elle regrettait le lit, un long cortège macabre, si effrayant et si cruel qui débandait de la droite et de la gauche sur l'avenue endormie ! DONG, DONG, DONG. Voilà qu'ils y étaient tous, tous ces anciens amis, Renaud le boulanger, Madame Pinade la postière et Baptiste le gai-luron, petit enfant sauvage qui gambadait alors, nuit et jour et jour et nuit sur les trottoirs bondés... Tous ! DONG, DONG, DONG. Minuit sonnait lentement ses coups comme un dernier appel tandis que la nuit d'ors d'encre noircissait et noircissait de plus bel autour d'eux. Et soudain, et bien, la fin, cette fin qui ne marque aucun début, aucun renouveau, aucune joie, juste une immense peine. La factrice et ses compères blanchirent terriblement -ou, peut être demeurait-ce simplement l'éclat blafard des lampadaires sur leurs yeux fatigués- et tous trois s'écroulèrent, inertes sur les pierres. Endormis, se disait alors Jeanette, sans doute pour se rassurer, mais n'y croyait-elle qu'à moitié ? DONG, DONG, DONG. Trois personnes seulement, mais tant semblait arraché. Minuit était fini et tous rentraient dormir. Tous, sauf trois sur le pavement. Et au petit matin, quand revenait le jour, le ville de Combebrume devint limbe d'un périple sans retour.

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La tâche blanche
HororLe mal... Il réside en chacun de nous, dans nos cœurs et dans nos gestes. Il nous possède, nous contrôle complètement et ronge, plus vicieux que la nuit, nos tendres sentiments. Prenez garde, vous qui croyez au bien, qui fausser dans l'espoir d'un s...