Camille patienta toute la journée. Assis sur son bout de rocher, le menton au creux des mains, il fixait inlassablement le dôme plat de l'horizon, comme s'il espérait l'attendre. Le soleil, tout d'abord brûlant sur un ciel de mirages et une terre dorée commençait déjà à descendre de son trône océan pour toucher de de sa flamme Combebrume, la ville que l'on devinait juste. Bientôt arriverai la nuit et son ombre apaisante baignée de la ronde lune, des étoiles charmantes. Enfin acheva de disparaître au loin le fin éclat de jour tandis que le garçon, accablé, affaibli, portait jusqu'a son front sa paume sale et abîmée avant de basculer, doucement vers l'arrière. Le petit ne semblait plus guère avoir de forces, un rouge épais emplissait la fraîcheur de ses joues et Camille dut enfouir encore plus profondément son visage dans le puit de ses bras pour s'empêcher de tomber. Il avait soif, pauvre enfantin ! Toute la journée il l'avait attendu, vaillamment, sans jamais faillir alors que la chaleur du midi asséchait chaque seconde un peu davantage sa gorge de cygne. Mais voilà, que tout était fini, il n'y aurait plus jamais d'étoiles, ni de joies, ni de caresses car il y a, parait-il des limites à tout homme quand même le plus brave des fort fléchit tel le roseau. Alors qu'espérait-il, lui si frêle et craintif ? Quelle vanité avait-il eu, de croire, juste un instant au bonheur du présent ? Je vous le demande donc, à vous qui l'observez, tapi dans la poussière, seul à agoniser ! Un si petit bonhomme, sous le ciel, cette nuit. Couché parmi les dunes d'un éternel or gris ! Il ferme les yeux ce soir, ne rouvrira jamais, sur une princesse de glace dans son noir palais. Mais quel dont est ce fracas, à côté de son oreille ? Voici qu'on le soulève, qu'on l'emmène, qu'on l'emporte doucement et qu'on place en ses lèvres un éclat de diamant. Non, pas du diamant, juste de l'eau, de l'eau pure et pleine de vie, celle qu'il y a deux secondes encore, désirait le quitter. Cette eau, elle ruisselait en cascade le long de son goulot, dégoulinait sur son cou et trempait ses vêtements d'une délicieuse tâche sombre. Camille souleva ses paupières, c'était bien lui. Sous la lumière des étoiles, l'inconnu n'avait jamais semblé aussi beau, de son visage au traits fins et délicats, à son port de roi et ses cheveux safran... Il semblait sorti d'un rêve et rayonnait d'une telle majesté qu'il eut semblé impossible de mettre un âge sur sa personne. À son bras, modestement couvert s'un long manteau de satin noir, il tendait au garçon une outre nacré, encore humide et dont le bouchon dévissé se parait encore de minuscules gouttelettes, semblables à de centaines de petites perles. L'étranger venait pour la seconde fois de le sauver.
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La tâche blanche
TerrorLe mal... Il réside en chacun de nous, dans nos cœurs et dans nos gestes. Il nous possède, nous contrôle complètement et ronge, plus vicieux que la nuit, nos tendres sentiments. Prenez garde, vous qui croyez au bien, qui fausser dans l'espoir d'un s...