La première victime de ce qui sonna à Combebrume comme le début de la fin parut ce matin-là à l'angle de l'avenue Lazare, à l'endroit même où celle ci commençait à s'élargir pour enfanter la grande plaine Luciel. À cette heure-là, Cassandra "Cassie" Bell descendait, comme à son habitude le long de la petite rue si vaniteusement baptisée. La main posée tout du long de sa hanche qu'elle faisait onduler avec grâce, la jeune femme arborait fièrement son usuel tailleur écarlate, assorti à ses lèvres et au feu de sa couronne, qui dessinait si bien sur sa majestueuse poitrine le départ l'hirondelle. Son large cabas noir collé à son épaule, elle renvoyait de petits coups de reins précis les brutes épaisses et les démons urbains qui peinaient chaque aurore à retrouver sommeil. Puis, elle les ramenait doucement, en une caresse sur la tempe ou un petit regard faussement pudique, Un de plus songeait alors l'espiègle, un rictus peint sur le visage. Ainsi donc, Cassandra marchait elle, feignant de ne guère s'intéresser aux bougres qui se retournait à son passage. Soudain, tout sembla s'arrêter dans la rue printanière : fini du bruit des voitures et des cris des enfants qui allaient à l'école, il n'y avait plus rien de cette délicieuse odeur de goudron mouillé ni de la fraîcheur nocturne, La jeune femme s'immobilisa juste et tomba, morte, sur le pavé. Très vite, son corps se trouva démonté, puis remonté par de centaines d'ouvriers en bouse blanche, ils exploraient chaque recoin de son être, couvraient chaque partie de son joli visage de vilaines et éternelles balafres. On pensa d'abord à un nouveau virus, une sorte de fléau sorti du fond des âges, mais sa dépouille fraîchement cueillie n'en présentait nulle trace. Aussi les médias s'emparèrent-ils de la chose, semant à tous les vent "l'affaire Perséphone", comme ils se plaisent à l'appeler tandis que dans les foyers, une brise panique menaçait de souffler. Bien évidemment, pendant ce temps, les recherches continuaient et les scientifiques redoublèrent d'acharnement quant au triste lambeau de chair que Cassandra devenait. Finalement, ils conclurent à un simple arrêt cardiaque, sans doute fruit de son extrême fatigue, et la mort de Cassie tomba vite dans l'oubli. Par bêtise ? Ou pour les sauver ?

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La tâche blanche
HororLe mal... Il réside en chacun de nous, dans nos cœurs et dans nos gestes. Il nous possède, nous contrôle complètement et ronge, plus vicieux que la nuit, nos tendres sentiments. Prenez garde, vous qui croyez au bien, qui fausser dans l'espoir d'un s...