Ce matin de dimanche, sous le soleil de mai, plus aucun des trois hommes ne souhait travailler. Même James, habituellement si hardi et fidèle à la tâche, lui ne feignait plus son éternel manège, celui de rechercher de la droite et de la gauche, mais sans vraiment avancer. À quoi bon se fatiguer encore ? Ils avaient perdu, tous les trois, ils ne pouvaient qu'admettre et abaisser les bras. Et l'indice... Un indice ? Quel indice ? Une malédiction, un papier, un brouillon, une simple feuille froissée, envoyée comme du Diable pour mieux les défier. Cet indice là pourrissait dans sa poche, celle de Harry, roulée en boule, sale et rabougrie. Il n'y avait plus d'espoir, disaient-ils tant alors, le mystère vainquait et, une fois de plus, l'homme redevenait poussière. D'abord, il y avait lui, l'enfant traumatisé, puis la vieille, les deux sœurs et le gendre apeuré... Tous des nuages, un brouillard, plus épais que jamais qui obscurcissaient, chaque minute davantage le vide de leurs pensées. À la table voisine à la sienne, Cyril bavardait gaiement avec un femme, jeune, séduisante... Une amie ? Ou quelque chose de plus intime ? Cette dernière pensée redressa brusquement le duvet de son cou et le bougre se surprit alors d'en être horrifié tandis que même son cœur, depuis trop longtemps endormi battait la chamade en sa cage de plomb. Elle n'avait pas le droit ! Un instant pétrifié, et quelque peu surpris de sa propre réaction, le bonhomme tourna, le plus discrètementètement possible, son regard grisâtre en direction des bavardeurs tandis que le tambour de sa poitrine s'affolait de plus bel. Que lui prenait-il ?
-Harry ?
Le jeune homme l'avait remarqué.
-Viens nous rejoindre ! l'invita t-il.
Ce dernier rougit violemment et entrepris de calmer l'incendie de son âme tandis qu'il se levait, s'approchait et tirait une chaise, juste à côté de son ami.
-Vous vous connaissez ? lança le bougre, en direction de la demoiselle.
Celle-ci leva les yeux, de fabuleux joyaux lavande ornés en leur centre de deux iris noires et scintillantes.
-Oui, répondit-elle, de son léger accent portugais, on était dans la même promo à la fac, on a même fait un bout de chemin enchemble dans la vie profechionnelle.
-Il y avait quelque chose entre vous ? demanda, si impunément le bonhomme.
C'était plus fort que lui, il devait savoir. Bien heureusement, Cyril et Emma, Emma, c'était son nom, se regardèrent, un large sourire illuminait leurs deux visages.
-Non, bien chûr que non ! répondit la jeune femme, comment allez-vous vous imaginer des choses pareilles ?
Penaud, Harry rougit encore un peu plus :
-Je ne sais pas... simple curiosité, c'est tout...
Ce demeurait une simple compagne... Et tous deux paraissaient tellement heureux ! Vraiment, cela réchauffait le cœur que de les voir assis, là, ensembles, à rire comme au bon vieux temps ! De son côté, Harry n'écoutait plus, quelle importance ? Au contraire, le bonhomme, mystérieusement rassuré commençait de divaguer, délaissant le jacassement affectueux des connus pour d'autres conversation, plus étranges : Elle parlait à son mari du nom de leur tendre fille, qui pointait à peine au dessous sa robe verte. Et eux deux étudiaient, encore et encore ce maudit exposé sur la Guerre de cent ans... Tous cela semblait si passionnant ! Mais il ne suffit que d'un mot, celui d'une mégère trop occupée à crier au téléphone sur son brave boulanger, le couleur du glaçage ? Blanc. Ce mot, ce mot fit oute la différence, un éclair de lumière dans les ténèbres de son esprit, il venait de trouver la grande énigme de leur vie.
-Tâche blanche, chuchota Harry, comprenant pour la première fois depuis bien longtemps.
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La tâche blanche
HorrorLe mal... Il réside en chacun de nous, dans nos cœurs et dans nos gestes. Il nous possède, nous contrôle complètement et ronge, plus vicieux que la nuit, nos tendres sentiments. Prenez garde, vous qui croyez au bien, qui fausser dans l'espoir d'un s...