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Plus habile que l'oiseau mais, aussi lourd que la mort, Harry se faufilait à sa suite. Deux mètres à peine le séparait de son sésame, un. Devant lui, Aurore criait à perdre le souffle, elle percevait déjà les vapeurs de son souffle caresser sa nuque. Vite, elle slalomait de gauche à droite et de droite à gauche, entre les poubelles, espérant enfin semer le fauve qui la poursuivait. Soudain, une main se referma sur la capuche de son long manteau et la jeune fille se trouva toute entière attirée entre ses griffes. Elle, le savait, ils lui avaient tous dit de se méfier, d'éviter de traîner tard dans les rues et d'aussi vite rentrer. Elle le savait, depuis une semaine déjà qu'il l'espionnait ! Elle le voyait partout : dans un siège du métro jusqu'au bar de St-Michel, partout ! Mais maintenant c'était trop tard, les mains d'Harry se resserraient contre son ventre et la bringuebalaient de bas en haut pour enfin la plaquer contre le mur le plus proche. Oh ! Elle regrettait tant les yeux de son ami, le si gentil Camille qui craignait ses ennuis ! Chaque jour elle le voyait, sans regarder vraiment l'être plein de parole dont elle fierait serment. Mais maintenant, c'était trop tard, la joie qui submergeait le grand homme accablait Aurore qui peinait à respirer, il touchait à sa récompense ! Doucement, le démon-humain approcha sa bouche et son haleine fétides aux mille vapeurs d'alcool et sans doutes, de quelques substances plus enivrantes encore, des lèvres roses de sa proie tandis que la danse qui étrennait son cœur s'excitait à chaque seconde un peu plus. C'était comme si sa peau embrassait celle d'un ange ! Et ce dernier n'était qu'a lui, rien qu'à lui, un trésor unique et fabuleux qu'il n'aurait jamais plus à partager ! La jeune fille avait cessée de se débattre, ses petites mains épuisées dans les siennes ne bougeaient presque plus alors que dans ses yeux, un profond désespoir commençait à poindre. Mais il ne lui en fallait que toujours plus, un cadeau supplémentaire de sa reine du soir. Lentement, Harry baissa les yeux sur ses jambes graciles, tout juste recouverte de l'étoffe bleue d'un jean. L'ultime présent. Et, d'une infinie tendresse, ou de la plus vive des passions, le Conquérant ôta le voile de toile qui protégeait  le haut de ses cuisse et prit ce qui restait à prendre de cette ancienne enfant.

La tâche blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant