Ils n'en n'avaient reparlé depuis la veille au soir et ses deux yeux de ciel demeuraient désespérément fermés depuis la fameuse requête. Avait-il peur ? Et eux, étaient-ils seulement prêts ? Un homme, un enfant et un mystère qui les sépare. Au dehors de la caverne, le monde semblait s'éveiller d'un éternel sommeil tandis qu'un soleil rouge comme le sang du nouveau-né achevait de poindre sur l'horizon désert. et lui, parti, comme à son habitude. À cette vision de couche vide, juste à côté de la sienne, le nœud qui grossissait depuis des jours dans la poitrine de Camille parut se serrer, un peu plus. Il avait encore échoué. Je ne sais pas, peut-être avait-il... espéré... Oui, c'est bien cela, le mot qui réconforte puis détruit sans sentiment ; que cet homme, cet héros tombé des dieux lui offrirait son cœur, en plus de ses aveux... Mais non. Voici qu'il allait seul, plus seul que jamais lorsqu'un plus fort désir, jour et nuit le rongeait. Celui d'apprendre de lui, de marcher en ses pas, sur les empreintes d'un père envoyé du trépas. Et il lui devait tout, de la vie au bonheur, ce besoin qu'il sentait, en cet an, en cet heure. Et pourtant il partait, Diable de son silence ! Il mettait ses chaussures pour rattraper sa chance. Ainsi il s'élança, par le trou de l'entrée, et courut, et courut, voulant le rattraper. Il ne savait par où, il ne savait pourquoi, il savait une seule chose, qu'il ne le savait pas. Il gravit un rocher, en contourna deux autres sous le vent qui fouettait ses joues brunes et son ventre. Le garçon approchait. Karl se releva, le sang qui ruisselait le long de ses paumes en un immonde flot visqueux brûlait chaque seconde davantage la longue estafilade qui entaillait sa chair, mais semblait déjà se refermer, ne laissant qu'une mince ligne blanche au sein d'une mer carmin. Il ne devait pas voir cela. Enfin Camille déboucha sur la petite combe, de petits points brillants papillonnaient devant ses yeux au rythme de sa poitrine qui s'abaissait, se soulevait avec excitation : ces mois de convalescence avaient hélas bien affecté ! Il put tout juste apercevoir, au travers de la nuée, le visage franc de Karl, tordu d'une effroyable grimace.
-Tu m'a suivi !

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La tâche blanche
HorreurLe mal... Il réside en chacun de nous, dans nos cœurs et dans nos gestes. Il nous possède, nous contrôle complètement et ronge, plus vicieux que la nuit, nos tendres sentiments. Prenez garde, vous qui croyez au bien, qui fausser dans l'espoir d'un s...