Et les trois hommes poursuivaient leur enquête, jour après jours. Peu à peu, l'excitation d'une première clef avait cédé la place à la lassitude et la lassitude, à l'ennui. Et la faucheuse continuait sa cueillette, jamais on ne la voyait, dans les rue et sur les quais, elle surgissait de partout, tantôt un homme, tantôt une femme, puis un vieillard, puis un enfant tandis que doucement, la raison semblait elle aussi quitter la ville. Désormais, il n'y avait chat dans la rue commerçante, si vive et animée, autrefois. Les passants, terrés comme des rats derrières leurs rideaux, guettaient par les persiennes entrouvertes la désert des boutiques, des bars et des trottoirs dont ils rêvaient la nuit. Ah ! Quelle bien triste matinée en ce dimanche pascal ! Ni bambins, ni joie de vivre courant sur les pavés, les cloches ne sonnaient plus et les volets fermés... C'est à peine si le Messi, le héros de ce jour pointait le bout de son nez dans les chambres à coucher, semant par-ci et par-là un vieux bonbon, un chocolat... C'est donc ainsi que, le cœur gros, le petit Danny pleurait ce matin devant son panier vide tandis que sa grand-mère, Chloé caressait doucement ses cheveux. Elle aurait tant aimé qu'il soit là, au lieu de son mirage, de la mémoire d'un mot hurlé avant la mort "Tâche blanche", crié bien fort avant de l'abandonner. Cette phrase-là, elle aurait aimé s'en souvenir, dans son cerveau meurtri et rongé de maladie où se mêlent et s'effacent ses dernières pensés. Tâche blanche, blanche idée, mémoire perdue, Chloé l'a oublié. Plus de mari souriants sur le pas de son cœur, plus de petit déçu couché sur le parquet, juste un immense brouillard qui bâillonne ses pensés et plus aucune raison, plus de logique, plus rien du tout, sa tête était comme vide alors qu'à l'autre bout du couloir, trois inconnus sonnaient.

VOUS LISEZ
La tâche blanche
TerrorLe mal... Il réside en chacun de nous, dans nos cœurs et dans nos gestes. Il nous possède, nous contrôle complètement et ronge, plus vicieux que la nuit, nos tendres sentiments. Prenez garde, vous qui croyez au bien, qui fausser dans l'espoir d'un s...