Bien correctement assis à l'ombre d'un platane, Camille les regardait jouer avec envie. À ses côtés, les deux bras de métal qui le supportaient un peu plus à chaque minute semblaient sans cesse lui lancer de petits regards perfides et malicieux, comme pour le narguer de ne pouvoir à son tour courir, sauter, crier. Mais connaîtrait-il au moins la joie de remarcher un jour ? Ces trois longs mois d'attente paraissaient à ses yeux bien plus qu'un simple sursis, ils devenaient presque aux yeux du jeune garçon une plus vive torture que le pire des châtiments. Oh ! Comme il aurait aimé bondir sur ses deux jambes, quand rien ne le lui en empêchait pour galoper auprès de ses frères qui dans l'herbe chantaient ! Et qu'il regrettait, lorsqu'il fermait les yeux, de ne pouvoir stopper cette éternelle machine qui l'avait percuté, devant son visage rouge rieur ! Et toujours ce même regard, quand il rêvait la nuit, d'une voiture qui l'effleure, de la mort qui l'oublie, qui le laisse passer devant sa face blafarde, mais lui laisse en présent le mot le plus cruel : celui d'un pauvre pied qui contre Terre se fêle. Les autres garçon avait tant l'air de s'amuser, à l'autre bout du parc ! Stan trottait entre Hugo et Eugène, allègres, pareil à leur habitude, insouciance éternelle, derrière le ballon blanc et noir qui fuyait de plus bel. Soudain un long sifflement retentit en l'air froid du mois de décembre, une fois, deux fois, trois fois, et le jeu repartit, toujours plus infernal entre les deux esprits. À cet instant, Camille aurait tout donné pour venir à leurs côté et toucher avec les autres cette rivale amitié. Oui, s'il avait été plus sage, si seulement... Au lieu de cela, il demeurait enchaîné, comme puni à ses béquilles d'acier, d'une tendre solitude qui pouvait le sauver.
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La tâche blanche
УжасыLe mal... Il réside en chacun de nous, dans nos cœurs et dans nos gestes. Il nous possède, nous contrôle complètement et ronge, plus vicieux que la nuit, nos tendres sentiments. Prenez garde, vous qui croyez au bien, qui fausser dans l'espoir d'un s...