Ignace se leva cette nuit là. Brusquement, sans crier gare, il repoussa le drap contre le ventre de sa femme, réveillée en sursaut et toute tremblante dans son cocon de lin. Les mains pressées contre sa poitrine, entre ses deux seins maigres et son cœur balafré, elle regardait avec effroi cet homme maléfique s'élever de sa cage pour se rendre à la cuisine, comme il le faisait toujours, avant. Ses longs doigts crochus tels des griffes pendaient à ses côtés alors que la peur avançait, d'un pas qui se voulait nonchalant vers l'antre de l'épée. Et Angélique fixait, plus terrorisée à chaque seconde le grand gaillard se rapprocher du maudit placard. Là, il allait le prendre, se retourner avec une de ces folies dans le regard et entamer sa chair des lanières de cuir, "la corriger", aurait-il dit, comme s'il ne devait avoir qu'une ombre de regret. Trois pas le séparait encore, deux, un... Mais non ! Non, pour une fois le monstre fuyait, on-ne-sait-où, on-ne-sait-quoi, délaissant sa morsure, celle des bande sur ses bras. Mais où allait-il donc, enfin ? À cette aînée du nouveau jour ? Quelle nouvelle déraison s'emparait du démon, pour le pousser au loin de son frêle gibier ? La porte claqua, Ignace était parti. Mi de peur et demi rassurée, sa femme ôta finalement le tissus de son buste, puis de ses genoux avant de lancer, une jambe après l'autre son corps entier loin du lit. Doucement, comme si elle s'attendait à le voir surgir d'un placard, Angélique ramassa son peignoir et s'en revêtit aussitôt pour enfin s'engager, le plus discrètement possible à la suite de son mari. Les marches étaient si froide sous ses pieds ! Quelques pas au devant, l'homme dragon continuait de descendre, presque nu dans la nuit noire. Lui aussi doit avoir froid, se surprenait-elle même à penser. Ignace sorti ses clefs et tous deux se retrouvèrent dans la rue. Minuit six disait l'horloge au dessus de leur tête, de la sienne, de l'homme qui avançait, comme mort qu'il serait bientôt vers deux de ses confrères, ses amis de misère. Alors la lune parut se faire de plus en plus grosse on aurait dit une main, gigantesque arrivée du ciel pour les cueillir entiers. D'un coup sec, elle tira t trois de plus s'effondraient sur le sol, ne se relèveraient plus tandis que peine et joie noyaient la femme battue.
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La tâche blanche
HorrorLe mal... Il réside en chacun de nous, dans nos cœurs et dans nos gestes. Il nous possède, nous contrôle complètement et ronge, plus vicieux que la nuit, nos tendres sentiments. Prenez garde, vous qui croyez au bien, qui fausser dans l'espoir d'un s...