-Maman ! Maman au secours !
Clothilde courrait comme une folle dans la broussaille brunie, les larmes ruisselaient sur ses joues et le long de son corps tandis que ses pieds martelaient sans cesse le sol sec, mais hélas, sans se rapprocher. Et derrière elle, les ténèbres, de noires et profondes ténèbres, rampantes et tentaculaires qui glissaient comme mille serpents pour attraper sa fille. Jeanette criait, hurlait à perdre l'haleine, de ses muscles contractés qui voulaient tant la rejoindre, mais non, la jeune femme demeurait telle une statue de marbre, immobile, froide, pétrifiée, avec juste un peu de cœur et des yeux pour pleurer.
-Maman !
La petite était tombé, de minuscules traits rouges s'ouvraient sur tout son corps et abîmait ses mains pour mieux en déchirer son âme. Et les ténèbres avançaient. Vite, la gringalette se releva, sécha un instant ses cils mouillés avant de recommencer de courir. Mais cela ne servait à rien, toujours, les ténèbres continuaient de s'approcher. CRAC, encore un arbre qui cédait, BOUM, et en voilà un autre... Maintenant, Jeannette le voyait, elle apercevait même très clairement l'abysse noire du chaos et qui marchait mètre après mètre pour dévorer son enfant.
-Clothilde !
Sa gorge aussi se noyait à présent, le goût du sel, sur ses papilles... Clothilde n'était alors qu'un petit point flou qui courait sur la piste déserte. Les ténèbres la touchaient presque, maintenant. Juste un dernier regard, un ultime "Maman" avant qu'elle ne bascule dans l'éternel néant.
-CLOTHILDE ! hurla la pauvre femme, plus fort que jamais. Mais il n'y avait plus de Clothilde, sa petite chérie. À vrai dire, il n'y avait plus rien du tout. Juste un immense trou noir, tout au fond de son cœur et une petite vois plus vraiment endormie qui remuait à grandes peines son dos :
-Maman ? Maman, lève-toi, c'est l'heure !

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La tâche blanche
HorrorLe mal... Il réside en chacun de nous, dans nos cœurs et dans nos gestes. Il nous possède, nous contrôle complètement et ronge, plus vicieux que la nuit, nos tendres sentiments. Prenez garde, vous qui croyez au bien, qui fausser dans l'espoir d'un s...