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Un mois seulement après son apparition, les journaux ne se souciaient déjà plus de ce mal mystérieux qui rongeait sans cesse la ville de Combebrume. Les nombreux décès alarmants d'abord puis, mornes et insignifiants étaient vite passés au faits tristement divers, puis à la grise monotonie qui comblait d'habitude les pages dernières. Il leur fallait du neuf ! La mort... Plus personne ne paraissait vouloir s'en soucier à présent et c'était à peine si, au détour de la croisée, une vielle se surprenait encore à voir tomber un homme, un enfant, un allié, celui qu'un jour ou l'autre, elle aurait pu aimer... Ah ! se disait-elle alors, avant de continuer. Mais au fond, voici ce qu'ils se disaient, tous autant qu'ils étaient, par les fentes de leurs volets, dans leur ombre, bien cachés : J'ai chassé le démon et me voilà sauvé ! Après tout, peut être désiraient-ils vraiment y croire... Et pourtant, les quatre semaines s'écoulaient,  et chaque jour, chaque minute qui passait fermait un peu plus l'étau qui leur cœur enserrait. Et il avait si peur, seul, dans sa grande maison, le froid pinçant ses joues et le feu, son dégout. Chaque nouvelle vie, compté sur ses dix doigts dressait encore un peu les poils sur sa nuque, en un frisson d'effroi, de doute et d'amertume. Tic tac, toujours il sursautait, c'était le temps qui passait, inlassablement, qui le savais si proche. Tic tac, chaque seconde chantait au sort et aux cris de ceux qu'il emportait. Tic tac tic plus rien ne résonnait dans la pièce déserte, son cœur s'est arrêté et la porte est ouverte. Gian n'a plus le temps, juste celui d'un mot celui d'une grande tâche blanche qui l'emmène très haut. Celui de l'observer, sa fillette, sa poupée, celle que seul l'amour aurait dû enfanter.

La tâche blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant