Chapitre 71

680 29 14
                                    

Le couple s'installa sur le lit, Alice n'avait pas lâché son mari. Le silence devenait de plus en plus pesant, elle ne savait pas quoi dire. Lorsqu'il se décolla, elle lui tendit l'enveloppe l'incitant à l'ouvrir.

"Mon Pipou,
Si tu lis ces mots c'est que je suis parti. Je serai plus là pour écouter tes doutes au téléphone, voir ton sourire avec tes enfants. J'espère que tu m'as laissé partir de mon propre gré avant que mon état se dégrade trop, que tu n'as pas essayé de me maintenir en vie. Je sais que t'étais pas prêt à me voir m'en aller, mais c'était devenu trop dur pour moi. Je t'avais promis d'être là pour ton mariage et je m'y suis tenu. J'avais promis à ta femme de te laisser quelque jours après ce magnifique jour avant de partir mais je n'ai pas pu. Je suis sur que tu as mis plusieurs semaines avant de l'ouvrir cette enveloppe. Je pourrais mettre ma main à couper que tu l'as caché et qu'Alice l'a trouvée et t'a forcé à l'ouvrir. Tu dois être triste, même effondré. Je te connais assez pour savoir que ton chagrin sera grand. T'as jamais su bien gérer la tristesse mais ne fais pas de bêtises mon Pipou. T'as une famille qui t'aime et qui a besoin de toi, alors ne gâche pas tout. Ne garde pas ta colère pour toi, la colère sa ronge et ça finira mal.
Je suis fière d'avoir eu un fils comme toi, t'es très fort, tu t'es construit une belle vie alors s'il te plaît, je te le demande comme une dernière volonté arrête d'être triste et vis ta vie avec le sourire. Sois heureux pour moi. Je pars l'esprit léger de te laisser entre de bonnes mains. Surtout je suis soulagée d'être parti. Je n'aurais pas supporté vous voir triste autour de moi aurait été une torture. Alors accepte mon choix, pardonne moi même si c'est difficile.
Et avant que j'oublie laisse ta fille vivre ses rêves même si c'est dur, tu seras heureux de la voir s'épanouir et réussir même si c'est loin de Toi.
Mon Pipou je t'aime au de la des étoiles!
Maman"

Il posa la lettre sur le lit et alla s'enfermer dans la salle de bain sous l'œil intrigué d'Alice. Elle attrapa la feuille de papier et la lu. Elle fut coupée dans sa lecture par un bruit strident venant de la salle de bain. Elle se leva brusquement frappant à la porte lui priant d'ouvrir. Elle vit tout de suite le miroir brisé et la main en sang de Fred. Elle ne dit rien et attrapa la trousse de secours pour désinfecter la plaie et voir comment étaient les blessures.

- J'espère que ça t'a fait du bien au moins. Dit elle agacé en lui faisant un pansement.

Fred ne répondit pas, il resta stoïque fasse à sa femme qui s'occuper de lui. Il s'en voulait mais il n'avait pas contrôle sa montée de colère. Mina se mit à pleurer, Alice laissa Fred en plan pour aller s'occuper de sa fille.

- Ob mon petit cœur toi tu fais une petite dent vu comment tu pleures en mordant dans ta tétine. Viens avec maman.

Elle la posa sur la table a langer pour lui donner de quoi soulager sa douleur. Puis elle alla avec elle dans la cuisine pour lui attraper son anneau dentaire. Avant d'aller s'allonger dans son lit avec sa fille. Elle savait que la nuit allait être compliqué que pour limiter les déplacements valait mieux que Mina dorme avec elle. Fred était toujours à l'endroit où elle l'avait laissé mais elle ne lui prêta aucune attention. Elle tenta de faire dormir sa fille avant de s'endormir à son tour. Lorsque son réveille sonna Fred n'était pas là, il n'y avait plus de traces de l'incident d'hier nul part, juste un emplacement vide au dessus du lavabo. Elle se leva pour faire le tour de l'appartement mais il était nul part. Elle prit son téléphone pour essayer de l'appeler mais elle se retrouva sur le répondeur.

« Mon amour Je m'inquiète, rappelle moi s'il te plaît juste pour me rassurer. Et je t'aime ! »

- Il est où papa ? Fit Juliette encore endormi en rentrant dans le salon.
- Il a du partir courir.

Alice prépara le petit déjeuner de tout le monde. En voulant, jeter les épluchures de son orange elle vit les morceaux du miroir plein de sang. Elle fut prise de panique.

- Ça va mamou ?
- Oui ça va ma belle. Juste une nuit un peu compliqué entre ton père, ma grossesse et ta sœur qui nous fait une dent c'était un festival.
- C'est dimanche alors si tu veux je peux m'occuper de Mina aujourd'hui pour que tu te reposes.
- Merci ma belle, mais ça va aller.
- Comme tu voudras.
- Maman !
- T'es réveillée mon petit cœur ! Tu veux ton biberon ?
- Bibi.

Alice lui chauffa son lait et lui tendit le biberon. La petite alla le boire sur son tapis d'éveil en jouant avec ses jouets. Alice et Juliette parlèrent un moment tout en s'occupant de Mina. Arrivé à presque midi Alice réessaya d'appeler Fred, elle laissa à nouveau un message sur son répondeur. Juliette sentant Alice inquiète essaya de son côté Mais rien non plus. Elle alla voir le placard à chaussures pour savoir si il était vraiment parti courir.

- Je sais ou il est je reviens. Fit la jeune fille en quittant l'appartement sans un mot.

Elle marcha vite jusqu'à l'endroit où elle pensait le trouver.

- T'es perdu dans ta vie c'est sur la tombe de maman que tu viens ?
- Juliette qu'est ce que tu fais là ?
- Alice s'inquiète alors j'ai réfléchi et je t'ai trouvé.
- Elle s'inquiète beaucoup ?
- Tu vas continuer a t'interdir d'être heureux encore combien de temps ?
- Comment ça ?
- Tu t'es privé pour moi. T'as failli passer à coter d'Alice par peur de pas pouvoir avoir assez de temps pour moi. Maintenant tu vas gâcher tout ce que t'as construit parce que t'es triste. Tout ça parce que quand t'es triste le bonheur ça t'effraie. Y aura toujours des coups durs dans la vie. Certains nous feront plus mal que d'autres, certains feront naître en nous une énorme colère mais faut pas laisser ça prendre le dessus. Tu me l'as assez répété. La vie continu, on y a le droit au bonheur nous aussi. Et surtout tu me l'as répété tellement de fois par jour, avec le temps la douleur et l'absence deviennent supportable. Je te le dis, la mort de maman m'a anéanti t'es assez bien placé pour le savoir mais j'ai su me relever et aujourd'hui je suis heureuse, je me dis que j'ai un avenir, une vie à écrire alors ne laisse pas la mort de Mamie tout gâcher. Moi je suis grande maintenant, je vais partir vivre ma vie sûrement loin de toi mais j'aurais toujours besoin de mon papa pour les coups de blues, les moments de doutes. J'aurais toujours besoin de venir frapper à ta porte et me nicher dans tes bras pour chercher du réconfort et t'entendre me dire c'est pas grave tu verras ça va passer. Alice elle a besoin de toi, elle a besoin de sentir qu'elle peut compter sur toi, elle a besoin de savoir que tu seras toujours là. Elle t'aime elle se bat pour toi. Moi je la vois depuis plus d'un mois, elle donne toute son énergie pour te faire sourire, pour que tu retrouves goût à la vie, que tu recommences à rire avec Mina. Elle aussi elle a besoin de toi et bien plus que moi. Elle le récent que ça ne va pas, ce n'est pas pour rien qu'elle est toute ronchon depuis que c'est arrivé. Les jumeaux aussi ils auront besoin de toi. T'es tellement focalisée sur toi, ton chagrin que tu vois même pas tout le bonheur qui a autour de toi. Elle est belle ta vie papa alors apprend à la regarder et à l'apprécier au lieu de la détruire inconsciemment. Y a pas qu'à toi que tu fais du mal t'en fais à tout ceux qui t'entourent. Tu crois qu'Alice, elle est pas mal là ? Je sais pas ce que t'as fait papa mais elle s'inquiète, et pas qu'un peu. Elle est mal. Je te jure ça me brise de la voir mal comme ça surtout que je sais que c'est toi qui l'a met dans cet état. Aime la mais la brise pas papa. Fais pas cette connerie.
- Je.....
- Je veux pas de mots. Je veux que tu te bouges parce que c'est plus vivable. Et mamie la haut elle doit pas être fière de voir comment tu agis. T'as pas le droit d'utiliser sa mort pour te laisser aller. Tu peux pas faire ça, pas après ce qu'on a traversé ensemble. Moi aussi elle me manque mais je sais qu'elle est bien mieux là haut qu'à souffrir parmi nous.

Juliette fondit en larmes devant son père. Il se releva et il la prit dans ses bras pour la réconforter. Ils restèrent un moment tout les deux sans un mot, l'un dans les bras de l'autre.

- Merci.
- On rentre ?
- Oui...

Une fois entrée dans l'appartement Juliette prit Mina. Elle lui enfila son manteau pour aller au parc et laisser son père et Alice se parler. Fred avança hésitant vers Alice qui était installé dans le canapé.

- Prends moi dans tes bras. Ne dis rien mais serres moi contre toi. Dit elle.

Fred s'installa à côté d'elle et la prit contre lui sans un mot. Il sentit son épaule s'humidifier.

- Tu pleures ?
- J'en peux plus Fred. Je sature. Le travail, les filles, les bébés et toi. Je peux plus. J'ai besoin d'une pause.
- Une pause ?
- Je vais partir à Dijon passer quelques jours avec Mina. Je pars en début d'après midi.

Et puis un jour...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant