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Ce n'était sans doute pas une bonne idée, de venir lui demander de l'aide, alors que je fais tout ce qui est possible, pour avoir le moins de contact avec lui. Mais j'étais loin d'imaginer me retrouver dans une telle situation. Je ne sais plus quoi faire. Personne ne peut et ne veut m'aider. Et je suis morte de trouille. Il est le seul sur qui je peux compter. Du moins, s'il n'est pas trop fâché contre moi.

J'étais complètement retournée ce matin quand je me suis réveillée dans sa chambre d'hôtel, j'ai pensé que j'avais encore commis un adultère. Je ne suis pas le genre de personne à tromper son homme, j'étais faible, et totalement déboussolée face au grand amour de ma vie. Je ne me cherche pas d'excuses, c'est juste, que je n'y étais pas préparée. Et j'ignore si je le suis à présent.

J'ai beau avoir appris qu'il n'est pas un homme convenable, qu'il couche avec de jeunes filles en leur faisant signer des contrats de dureté, qu'il les traite comme de vulgaires poupées, et profite d'elles jusqu'à ce qu'il s'en lasse, tout en leur faisant croire monts et merveilles, je ne parviens pas à accepter qu'il s'agisse en réalité de la même personne que celle pour qui je remets systématiquement ma vie entre parenthèse dans l'espoir qu'elle me revienne. Mais je dois me rendre à l'évidence, que lui et moi ce n'est pas faisable, malgré tout l'amour que j'éprouve pour lui, je suis incapable de me voir vieillir auprès d'un tel individu.

La confiance, l'amour, l'honnêteté sont les qualités requises pour une bonne entente dans un couple. Auprès de Mathias, j'aurais toujours peur qu'il me trompe, me mente, et fasse passer ses désirs avant son amour à mon égard. Comment vivre pleinement dans ces circonstances ? J'en serais incapable !

Je ne peux malheureusement pas l'effacer totalement de mon existence, il est le père de mon enfant. Mais je peux faire en sorte de ne pas être systématiquement relié à lui. Dorénavant, il n'existera qu'un lien entre nous, notre fille. Cristel sera notre unique raison de se voir. Et c'est justement ce qui m'amène ici ce soir.

Je ne sais pas si je fais bien de lui en parler, ça pourrait se retourner contre moi, mais je n'ai personne d'autre vers qui me tourner à vrai dire. Je suis prête à prendre le risque. J'ai besoin de savoir. J'ai une nécessité et une obligation de comprendre ce qui se passe. Et seul, Mathias De Barosa peut faire bouger les choses. Moi, les gens ne me prennent pas au sérieux. A croire que je ne suis personne à leurs yeux.

— Vous vous sentez bien ? me demande une des employées de Matt, Marta, une gentille dame, me voyant trembler de tous mes membres.

C'est plus fort que moi, quand je suis stressée, fatiguée ou nerveuse tout mon corps me l'indique par des frissons, des tremblements incontrôlables. J'ai l'impression dans ces moments là, d'être engloutie par un immense amas de glace. Je suis terrifiée et complètement congelée. Même la magnifique vue que m'offre l'immense baie vitrée du salon, dans lequel je suis, depuis plus de dix minutes maintenant, ne parvient pas à m'apaiser. Pourtant, elle a eu un bien fait sur moi, la dernière fois que je me suis trouvée ici prête à affronter Matt, lors de notre ultime séparation. Mais aujourd'hui, rien ne semble pouvoir me calmer, juste, peut-être, ses bras, mais rien n'est sûr. La vie de mon enfant est en danger. Comment être sereine dans ces circonstances ?

— Oui ! Ne vous en faites pas, je finis par répondre à la douce femme qui s'avère vraiment s'inquiéter pour moi. J'ai juste un peu froid.

— Vous auriez dû garder vos chaussures ! me réprimande t-elle comme le ferait une maman.

Je n'ai pas pu entrer à l'intérieur avec mes bottes. Tout est si propre, si beau, si étincelant, dans cet appartement, que j'ai la nette sensation d'être un parasite dans ce décor de magazine, avec mes fringues de la guerre de quatorze. Oui, je suis habillée d'un vieux jogging et d'un pull tout droit sortis de ma garde de robe d'avant Paris.

Je n'aime pas la femme que je suis devenue en France. Je refusais le dicta de la mode avant, et maintenant je fais tout pour ressembler aux autres. Car, naïvement, je pensais que Matt me reviendrait s'il me revoyait changée en femme. Mais j'en ai assez de faire semblant ! Ce n'est pas moi ! J'aime les choses simples de la vie. Et visiblement, ce n'est pas le cas du père de ma fille. Il adore les belles choses. Chez lui, tout semble si faste, si onéreux, si luxueux, si fragile et si pimpant que je n'ose pas circuler, toucher, ce n'est-ce que regarder un objet de peur qu'il se brise en mille morceaux. Lui et moi, nous sommes carrément à l'opposé l'un de l'autre. Deux univers totalement différents.

— Je vais vous faire une tisane bien chaude, afin de vous réchauffer !

— Non ! Ne vous donnez pas tant de mal. Je crois que je vais partir. Je n'aurais jamais dû venir ici de toute façon ! j'expose en prenant la direction de la porte d'entrée.

Je ne peux pas l'affronter, pas maintenant. Et encore moins me confier à lui. Pourtant il le faudrait. C'est ma seule chance de savoir ce qui se passe réellement. Je m'angoisse sûrement pour rien, mais je ne peux pas rester dans cette incertitude. Il doit faire quelque chose ! C'est de notre progéniture qu'il s'agit, pas d'un marché quelconque. Il doit m'aider à découvrir la vérité ? Toute seule, c'est compliqué !

— Mademoiselle, vous ne pouvez pas partir dans cet état ! Attendez que monsieur revienne. Mon mari vous ramènera chez vous, c'est plus prudent ! Je vais vous faire un chocolat chaud. Venez ! tente la gentille dame de me convaincre de la suivre en cuisine, avec de bonnes attentions.

Mais j'en suis incapable. Tout d'un coup, je me sens mal et complètement sans force. Ma poitrine se met à faire de gros bonds de l'intérieur, provoquant inévitablement un essoufflement. Je ne parviens plus à respirer comme il se doit. Je suffoque. Et une envie irrépressible de vomir me prend, mais je me retiens. Il faut que je quitte cet appartement, dans lequel je n'aurais jamais dû entrer. Ma main empoigne avec difficulté la poignée et celle-ci s'actionne sans même que je me force. Je n'ai le temps que de percevoir Mathias, que mon corps me lâche.

— Paloma ? j'entends comme un bruit de fond. 




Publié le mercredi 14 avril 2021

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Et voilà, vous avez découvert le début du chapitre 9. La suite est pour samedi. 

Je vais essayer de poster de nouvelles choses sur mes pages facebook et Instagram. Mais je dois dire que je ne suis pas très douée. 

Si vous voulez y faire un petit tour, voici les adresses : 

https://www.instagram.com/celinha74lr/

https://www.facebook.com/alapoursuitedunreve


J'espère vous y retrouver. 

A samedi ! 

L'initiation à L'amour Désir et Amour Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant