L'initiation à L'amour Désir et Amour Tome 2

13 (fin)

Ça fait plusieurs minutes qu'on tourne en rond. Aucun de ces hommes n'est capable de me dire qui m'en veut, au point de menacer ma progéniture. Ils se murent tous les trois dans un silence pesant, qui me donne la gerbe.

Mon estomac ne cesse de tournoyer. Je n'aurais jamais du manger autant. Je pense vraiment que mon petit déjeuner va finir par ressortir, tellement je ne me sens pas bien. Je voudrais leur crier dessus, afin qu'ils en viennent au fait, mais rien ne sort de ma bouche. J'ai la désagréable sensation que si je l'ouvre, ce ne sont pas des mots qui en ressortiront.

L'inconnu s'est finalement présenté, suite à l'intervention de Pédro. Il s'agit de l'inspecteur Parédas, qui est en charge de mon affaire. Quand à Vicente, il n'est pas avocat, comme je l'avais prédit. Il s'occupe, si j'ai bien compris ce qu'il a dit, du service protection de la société MDB. Et c'est la collaboration entre ces deux derniers individus qui a finalement abouti à retrouver la femme qui a déposé l'enveloppe devant la porte de l'appartement de Vasco. Cette même dame qui est sur les images posées juste devant mes yeux, du moins c'est ce que j'ai compris.

— Tu es certaine que cette enfant et cette femme ne te disent rien ? me demande confirmation Pédro en pointant du doigt les photographies que je ne quitte pas du regard.

Je ne sais pas pourquoi mais la petite fille ne m'est pas si inconnue que ça. Mais je ne saurais dire où je l'ai vu, ni quand ou comment. Je sais juste que j'ai déjà croisé quelque part ce doux et généreux visage. Rien à voir avec la face de la femme d'une quarantaine d'année qui est sur l'autre photo, dont les traits sont plus durs, tirés et fermés. Malgré les grands airs de famille, il m'est difficile de croire qu'elles sont une seule et unique personne.

— Paloma ? s'inquiète l'homme qui fait partie de ma vie, depuis environ un an, de mon silence. Tu es certaine que ça va ?

Je hoche la tête de haut en bas pour toute réponse, il m'est impossible de parler. Cela parait suffire à le rassurer, car il poursuit :

— Il semblerait que tu es grandie avec ma sœur, me montre t-il l'image où se trouve la petite fille.

Et soudain, j'ai l'impression que tout le poids de mon corps se rassemble en une grosse boule à mes pieds. Je ne parviens plus à bouger. Je voudrais me lever, j'en serais incapable.

Comment est-ce possible ? J'ai dû mal comprendre ce qu'il m'a dit. J'aurais connu sa sœur, sans le connaître lui ? Sœur, dont je n'ai qu'un vague souvenir, une intuition à vrai dire. Rien de concret à y réfléchir. Et De Barosa, dans tout ça, il l'a connaîtrait d'où ?

Tout se mélange dans mon esprit. Je suis inapte à raisonner correctement.

— Paloma ? Tu te sens bien ?

— Non... je prononce à peine, de peur que mon estomac rejette tout ce qu'il contient en plein milieu de mon salon, et pourtant un autre mot sort de ma bouche machinalement. Mathias ?

— Je vais aller te chercher un verre d'eau, me propose Pédro, sans avoir entendu ma dernière supplication, tout en se levant du canapé.

Je le retiens difficilement de ma main lourde, en empoignant son poignet. Je veux savoir toute l'histoire. Je n'en peux plus de cette agonie persistante.

— Tu en es sûr ?

Il fait la tête de celui qui n'a pas compris ma question, avant de me demander un éclaircissement.

— Toi et ma sœur ?

Et comme j'opine du nez, il se rassoit et continue dans ses explications.