16 (suite)

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    Puis, après encore deux exemples de ce genre qui viennent corroborer mes dires, elle cède enfin, me donnant carte blanche pour décorer mon nouveau bureau. On a également décidé de repeindre l'intérieure de toute la maison dans une couleur neutre qu'on appelle, poudre de marbre, ou plus communément blanc. Par contre, je n'ai toujours pas eu le dernier mot pour la véranda.

— Non ! Il est hors de question qu'on entreprenne de lourds travaux.

— Mais...

— Mathias n'insiste pas ! me coupe t-elle, ne voulant pas écouter ce que j'ai à dire. Tu n'auras pas le dernier mot !

— Tu veux bien me laisser parler ? j'accentue le ton, ce qui la fait taire immédiatement. Cette maison manque cruellement de place, les pièces sont trop petites. Et toi, tu as besoin d'un endroit rien qu'à toi. Tu peux me dire où tu comptes créer tes nouveaux tableaux ?

— Dans ma chambre, où je l'ai toujours fait, euh... prononce t-elle avant de se reprendre, car elle vient de tilter que la plus grande pièce de l'étage est désormais celle de notre fille. Je vais bien trouver un petit coin où installer mon atelier.

— En plein milieu du couloir ? je la taquine. Où peut-être dans les toilettes du rez-de-chaussée ?

Mais cela n'a pas l'air de l'amuser, bien au contraire. Elle est même contrariée que j'ose dire de telles âneries.

— Arrête ça tout de suite ! Je sais ce que tu cherches à faire ! Mais pas cette fois-ci ! On n'a pas besoin d'une véranda !

— Alors dis moi où tu vas peindre ?

Et vu qu'elle ne répond pas. Elle fait sûrement la sourde oreille. Je peux comprendre que ça soit dur pour elle tous ces changements, mais c'est une nécessité si elle veut qu'on vive ici, heureux.

— Paloma ! Tu as besoin d'un endroit plein de lumière donnant sur la nature, et quoi de mieux qu'une véranda pour cela. On pourrait y installer un coin lecture pour les tristes jours d'hiver où on aurait besoin de s'évader autrement, c'est-à-dire, par le magnifique jardin qui se trouve à l'arrière de cette maisonnette. Et pour toi, ça t'apporterait essentiellement un puit de luminosité qui n'est pas négligeable quand on a ton talent.

Elle ne dit toujours rien. Quant à moi, je ne sais plus quoi dire. J'ai peur de trop en faire. J'aimerais qu'elle communique davantage, mais c'est à son silence que j'ai droit. Et je n'aime pas du tout cela. Alors je décide d'abdiquer. Je ne peux pas la forcer. C'est en pensant à elle, que j'ai voulu faire construire cette pièce en plus, mais si elle n'en veut pas. Qui suis-je pour l'obliger ? Elle a toujours la pièce interdite, celle qui est verrouillée à double tour et dont je n'ose pas discuter avec elle, de peur qu'elle me vire de chez elle. C'est sûrement à ce à quoi elle pense en ce moment d'ailleurs... Elle semble perturbée, ou plus précisément complètement absente, comme si elle n'écoutait rien de ce que je disais.

— Tant pis !

— Quoi ? vient-elle de se réveiller subitement.

— Tu n'en veux pas ? Ce n'est pas grave. On fera sans. On se débrouillera ! Tout ce que je désire, c'est ton bonheur et celui de Cristel. Si ça te convient comme ça, on ne parlera plus d'une éventuelle véranda. Mais on fait les autres travaux qu'on a conclus ensemble, et ça, ce n'est plus négociable !

— Non ! sort-elle encore un peu dans les nuages. Euh... Oui !

— Bien, on s'est enfin mis d'accord !?

Puis, j'ignore ce qu'il lui prend, elle sourit. Visiblement, le fait que je cède lui fait plaisir. Je m'en contenterais. Je n'ai pas tout perdu. Il me reste le plus important, elle et la petite famille que l'on forme avec notre adorable et petite peste de princesse, que j'aime plus que ma vie.

Alors que je pensais pouvoir me remettre au travail, quand ma belle s'est levée en direction de la sortie, je me suis royalement trompée.

Paloma a bel et bien refermée la porte, mais pas derrière elle. Elle est restée avec moi à l'intérieur. Et maintenant, elle se dirige vers ma personne, avec un air que j'aime particulièrement chez elle, celui de celle qui trame quelque chose.

— Tu ne vas pas revenir sur nos décisions ? je m'informe, avant de la laisser s'approcher un peu trop près de moi.

Mais pour ne pas changer, elle fait celle qui n'entend pas mes supplications, alors je tente d'attirer son attention autrement.

— Paloma ?... Ma belle ?... Mon ange ? je débite doucement alors qu'elle est presque, en lieu et place, d'où je ne pourrai plus interférer normalement.

Il faut que je trouve un moyen de la faire parler. Qu'est-ce qu'elle veut encore ? Et sans que je ne la voie vraiment venir, ne comprenant pas ce qu'elle attend de moi, elle s'installe sur mes cuisses et me murmure à l'oreille :

— J'ai changé d'avis...

Et plus rien.

Elle ne peut pas me faire ça ! Ce n'est pas humain !

Je l'empêche de prendre la fuite et la garde sur mes genoux. Je veux une explication.

— Tu ne peux pas ! On était d'accord ! je la somme de revenir à la raison.

— Bien, si tu ne veux plus produire ta véranda, je ne te supplierai pas !

— Quoi ? je crie presque de stupéfaction, ce qui l'a fait un peu tressaillir dans mes bras. Tu le veux vraiment ? Tu ne dis pas ça, pour me faire marcher ? je veux qu'elle me certifie qu'elle ne va pas changer encore d'avis.

Les montagnes russes, je n'aime pas ça. J'aime bien savoir à quoi m'attendre.

— Tu as raison, j'ai besoin d'un lieu, rien qu'à moi, tout comme toi. Alors oui, je suis pour qu'on lance la construction d'une véranda. Et si je peux encore choisir, je voudrais pourvoir moi-même la dessiner.

— Tout ce que tu veux mon amour ! C'est pour toi, donc tu es libre de la faire comme tu en as envie.

Et comme à chaque fois, depuis notre réconciliation, pour conclure un pacte entre nous, nous nous embrassons jusqu'à perdre haleine. Et comme presque à chaque fois, nous sommes dérangés par notre petit monstre adoré. A croire qu'elle a une horloge génétique en elle, pour nous empêcher sa mère et moi de nous faire plaisir.

— Maman, j'ai faim ! s'ouvre la porte dans un fracas, avant qu'un cri de dégoût retentit dans la minuscule pièce faisant écho une bonne dizaine de fois dans ma tête. Beurk ! 





Publié le samedi 2 juillet 2021

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Et voilà, j'espère que cette conversation entre nos deux tourtereaux vous a plu ? 

On se retrouve mercredi prochain pour la suite. 

D'ici là, je vous souhaite un bon week-end ! 


Petite question : Je ne sais pas laquelle de mes histoires faire participer aux Wattys cette année. Laquelle selon vous est susceptible de plaire le plus au jury ? 

Aidez moi ! Please ! 

L'initiation à L'amour Désir et Amour Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant