12 (suite)

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Paloma est enfin seule, du moins, son mec l'a laissé pour aller je ne sais où, sûrement aux toilettes. Elle discute à moins de cinq mètres de moi avec un couple de retraités, dont je suis presque certain que le pépé est un Vasco, vu sa grande ressemblance avec le père de ma belle sœur.

Je m'avance doucement dans cette pièce pleine de monde, en faisant bien attention à ne pas me faire remarquer, quand soudain je percute quelque chose, où plutôt quelqu'un.

— Aïe ! crie une toute minuscule voix que j'arriverai à reconnaître de partout, même en plein milieu d'une foule immense.

Je baisse mes yeux pour admirer mon petit rayon de soleil, quand celle-ci, remarque brusquement ce qu'elle vient de heurter, et commence à paniquer.

— Oupch ! Je...je... Pardon !

Je ne peux pas, ne pas sourire, à la vue de sa petite bouille toute craintive, pourtant je m'abstiens. Gênée, elle baisse alors son regard, puis elle se tripote les doigts, avant de m'annoncer d'une tonalité tremblotante :

— Je...je ne vous avais pas vu, monsieur !

Ce dernier mot qui vient de sortir de sa bouche m'irrite bien plus que je ne le veux. Pour elle, je ne suis qu'un individu sans nom, qui ne fait que passer dans sa vie, qu'elle oubliera à la minute où elle rentrera à Paris, si sa mère s'obstine à ne pas lui avouer qui je suis réellement. Je ne veux pas être qu'une personne de passage dans la vie de mon enfant. Et Paloma doit impérativement le savoir et faire en sorte que cela ne soit pas le cas. Je dois tout faire pour qu'elle le comprenne.

— Ce n'est pas grave princesse. Tu ne t'es pas fait mal ?

— Non ! Pas de bobo, me sourit-elle enfin, laissant sa gêne et ses excuses derrière elle.

— Fais attention ! Regarde par où tu vas, si tu ne veux pas avoir de mauvaises surprises.

— Oui, promis !

— Allez ! Va jouer avec ton cousin. Mais pas de bêtises !

Je pensais que mes mots allaient la faire décamper d'ici, mais pas du tout. Au lieu de partir rejoindre Diogo, qui l'attend un peu plus loin, elle reste près de moi et me demande même de me mettre à sa hauteur. Qu'y a-t-il ?

Elle s'approche de moi, tandis que je m'accroupie. Puis, elle me fait tourner la tête de ses deux petites mains, afin d'avoir accès à mon oreille. Elle commence par me murmurer :

— Je vais vous dire un checret.

J'ai bien évidemment compris qu'il s'agissait d'un secret, lorsqu'elle poursuit avec :

— Maman et moi, on va pacher Noël ichi, dans la maichon de papi.

En voilà, une bonne nouvelle ! Je vais pouvoir encore profiter de ma fille ce mois-ci. J'espère seulement que Paloma ne sera pas contre.

— Et Pédro ? je l'interroge, curieux de connaître la réponse.

Je n'aimerais pas à l'avoir à la partager avec un autre. J'ai déjà assez donné aujourd'hui. Ça suffit !

— Mon papa ? dit-elle surprise que je parle de lui. Il ne peut pas rechter avec nous, il a beaucoup de travail. Et monsieur le chauve ne va pas être content.

J'ignore de qui elle parle en ces termes, mais j'aime ce monsieur Chauve, quoi qu'il en soit.

— Je pourrais venir dans votre maichon, dans la jolie chambre ?

A ce que je vois, elle est plus attirée par les robes et les jouets, que par le fait de passer du temps en ma compagnie. J'imagine que tous les enfants sont pareils. Du moins, je l'espère.

— Si ta maman le veut, il n'y pas de problème.

— Merchi ! me hurle t-elle à l'oreille, juste avant de me sauter au cou.

Heureusement, que je l'ai vu venir, sinon, on serait tous les deux tombés à la renverse. Il faut dire que Cristel n'est pas du genre à aller dans la demi-mesure. Non ! Elle, c'est plutôt une tornade ou un boulet de canon qui vous percute et vous emporte avec elle à toute vitesse. Et j'adore ça !

Ce n'est pas la petite fille modèle, sage, obéissante, qui se laisse marcher sur les pieds. Ma princesse sait ce qu'elle veut et n'a pas peur de le dire. Elle désapprouve tout ce qui la dérange et persiste à se faire entendre même si elle a tort. Elle tient sûrement tout cela de moi. Car sa mère a été à coup sûr un modèle de perfection dès son plus jeune âge.

— Cha va, monsieur ? s'inquiète ma petite fille de mon comportement étrange. Il ne faut pas pleurer !

Avec toutes ses émotions, je me suis laissé aller sans le vouloir. Il est très rare que je verse une petite larme, mais là, je n'ai malheureusement pas pu la retenir. Et je m'en veux de préoccuper ainsi mon petit bout de chou.

— Ce n'est rien. Je suis juste un peu ému.

— Cristel ! Tu viens ? l'appelle mon neveu, qui manifestement en a assez d'attendre.

Elle me fait un gros bisou péteux sur la joue, me fixe intensément, certainement pour être certaine qu'elle peut y aller, et court rejoindre son cousin, sans dire un mot de plus.

Quand je me remets sur mes jambes, je découvre que la mère de mon enfant à assister à toute la scène. Son regard m'affirme qu'elle n'a pas du tout apprécié cette petite complicité entre ma fille et moi. 




Publié le samedi 22 mai 2021

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J'espère que cette petite partie de chapitre vous a plu ? 

Comment trouvez vous ce moment entre père et fille ? 

On se retrouve mercredi pour la fin de ce chapitre. 

D'ici là, je vous souhaite un bon week-end à toutes. 


L'initiation à L'amour Désir et Amour Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant