L'initiation à L'amour Désir et Amour Tome 2

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Ça fait plus d'un quart d'heure qu'on se bécote avec quelques interruptions, sur ce petit banc pour enfant. J'ai la sensation que monsieur a eu la peur de sa vie. Il ne cesse de me dévisager, protestant qu'il veut être sûr qu'il ne rêve pas, puis se jette à nouveau sur ma bouche qu'il embrasse vigoureusement avec tant d'amour à revendre.

— Mathias, j'ai besoin de respirer, je souffle entre deux baisers, espérant qu'il m'écoute pour une fois.

— Désolé ! dit-il, tout en établissant une minuscule distance entre nous. Je te promets, je vais essayé de contenir mes envies te concernant pendant notre séjour ici.

Alléluia ! Il a fini par prendre en considération ce que je dis. Cela devrait être affiché à la une des journaux, tellement c'est incroyable. Mathias De Barosa qui n'en fait plus qu'à sa tête. C'est une première.

— Je ne vais pas disparaître ! Ne t'inquiète pas ! je tente de le rassurer, tellement je le sens tendu.

Il faut dire qu'il n'est pas homme à se laisser dicter sa conduite. Il est le plus souvent, seul maître, de ses décisions. Ce n'est pas simple la vie de couple. Il n'a jamais réellement été dans ces conditions avec une autre femme, avant moi. Il faut apprendre à s'adapter, et je comprends qu'il ne soit pas encore apte à être l'homme auquel j'espère qu'il devienne un jour.

Loin de moi, à vouloir le changer. Je l'aime comme il est. Je veux juste que certaines décisions soient prises à deux, et qu'il ne m'empêche pas d'être moi-même.

Je sais qu'il voudrait que je sois autrement. Plus sensuelle. Plus orientée vers le sexe, comme lui. Plus femme dans ma façon de m'habiller. Plus spontanée. Plus décontractée. Plus tout quoi ! Et surtout, moins stressée. Moins peureuse. Moins prude. Moins inquiète. Et j'en passe. Je me soigne pourtant. Je fais en sorte de m'améliorer, mais ça ne semble pas le satisfaire. Il en veut toujours plus ! Et, moi, j'ai mes limites aussi. Il faut qu'il comprenne qu'on est deux à présent, trois, à vrai dire. Et qu'il faut faire avec chacun d'entre nous. Il ne peut, par conséquent, pas être le seul maître à bord.

Mais, avec ses exigences toujours plus farfelues, j'ai peur de ne pas être assez bien pour lui. Et qu'il se réveille un matin, en se demandant ce qu'il fait auprès de moi. J'ai la trouille que cela arrive, et plus tôt que je l'imagine.

Je sais qu'il me cache ou qu'il trame quelque chose. La question est de savoir quoi ? Ces derniers jours, il s'enferme à double tour dans son bureau. Et dès que je le surprends au téléphone, il raccroche immédiatement. On s'est pourtant promis de n'avoir plus aucun secret l'un pour l'autre. Je ne peux m'empêcher de croire qu'il ne tient pas sa promesse. Comment en être autrement ?

S'il n'avait rien à cacher, il ne se gênerait pas de poursuivre sa discussion quelle qu'elle soit devant moi. Et pourquoi fermer la porte de son bureau ? Il a sûrement peur qu'un intrus, ou plutôt qu'une intruse, moi en l'occurrence, y pénètre sans invitation. Pour quelle raison ferait-il cela, sinon ?

— Je vais bien ! C'est toi, qui semble perturbée par quelque chose ? s'inquiète t-il à son tour, tout en se levant.

Ce qui fait basculer le banc avec mon seul poids, engendrant un fracas sur le sol et ma chute. Je me retrouve les fesses par terre et les pieds en l'air, en moins de deux. Je retiens de justesse un cri de stupeur, mais pas Matt, qui hurle de panique.

— Ooooh mon Dieu ! Tout va bien ?

Mais heureusement pour lui, les enfants semblent toujours bien endormis. Sinon, je lui airais fait sa fête.

Mais en attendant, c'est encore moi qui souffre. A croire que Dieu s'acharne à me punir. Ils ne m'arrivent que des galères aujourd'hui. Entre la prise de sang dont j'ai une satanée horreur des aiguilles, la conversation que j'aurais aimé éviter dans la voiture avec Mathias, son petit jeu qui a failli tourner en catastrophe et maintenant cette chute mémorable, car je le sens au magnifique sourire qui s'affiche sur le visage de mon homme, que je vais en entendre parler pendant des semaines, je ne sais pas ce qui a été le pire.