L'initiation à L'amour Désir et Amour Tome 2

11 (suite)

La soirée se passe plutôt bien, ou devrais-je dire qu'elle est excellente, pour le moment. Je n'aurais jamais pu croire un jour pouvoir vendre un de mes tableaux au prix que m'a annoncé Maryline.

C'est pour cela que je me suis mise un peu à l'écart afin de reprendre mes esprits et contenir ma joie. Des millions de petites étoiles envahissent ma tête et mon cœur si fragile. Je suis comme une enfant. Je voudrais crier mon bonheur, mais je me retiens de peur de me ridiculiser devant tout ce beau monde. Alors je me contente de sourire toute seule dans mon coin, à ne plus m'arrêter. Je ne suis pas habituée à gérer ce genre d'émotions. C'est la première fois pour moi.

Je ne pensais pas un jour pouvoir vivre de mon propre art, et aujourd'hui, tout devient possible. Je ne dis pas que je vais, dès à présent, ne plus travailler, non. Je suis consciente que ce n'est pas avec un seul tableau vendu avec un nombre à trois zéros que mon avenir en tant que peintre professionnel est lancé, mais cela me procure une gigantesque satisfaction.

Enfin, j'ai réussi quelque chose de ma vie ! Et c'est déjà ça ! Et je ne le dois qu'à moi, à mon travail. Pour une fois, Mathias n'y est pour rien ! Il n'était même pas là quand les trois gars de nationalité différente se sont battus à coup d'enchère, pour mon tableau de ma vision de Paris. Et je ne sais pas s'il se montrera ce soir. Maryline m'a certifié qu'il viendrait un peu plus tard dans la soirée. Mais je préfèrerais qu'il oublie cette idée. Je ne voudrais pas que mon exposition soit gâchée par son apparition impromptue.

— Ah ! C'est ici que tu te caches ! me surprend Pédro dans mon petit havre de tranquillité, habillé de son jean brut et d'une chemise rouge à gros carreaux noirs.

Lui et moi, on détonne parmi tous les invités des lieux, où le blanc des chemises, le noir des costumes des messieurs et les robes sombres des dames contrastent avec mes œuvres colorées. Triste composition en ce mois de décembre, où les couleurs vives devraient être au rendez-vous.

— J'avais besoin d'un peu de calme, je lui indique tout en m'extirpant de mon renfoncement. Je m'accroche à son bras, afin de ne pas tomber, et accepte le verre d'eau qu'il me tend.

Je l'avais envoyé me chercher à boire avant de m'éclipser comme une voleuse d'où j'étais. J'avais besoin, le temps de quelques minutes, de ne plus être le centre du monde, afin d'évacuer mon surplus d'excitation.

En revenant dans la grande salle où sont exposées mes peintures, je découvre que l'endroit s'est gorgé de monde. Il est très difficile de se frayer un chemin jusqu'au buffet. Pourtant, les fortes émotions de tout à l'heure m'ont donné une faim de loup. Il faut que je grignote un truc, sinon j'ai peur de ne pas tenir jusqu'à la fin de la soirée, surtout si celle-ci me réserve encore quelques surprises de ce genre, de bonnes surprises, ce que j'espère.

J'abandonne Pédro alors qu'il discute avec un couple de français qui on fait le déplacement dans la capitale portugaise uniquement pour admirer mon travail, pour aller manger quelques mignardises, car mon estomac ne cesse de gargouiller tellement il est vide.

Plus je me goinfre et plus j'ai faim. Il faut dire que tout est délicieux, ce qui me pousse à goûter à tout. C'est plus fort que moi, je ne peux pas m'en empêcher. C'est un régal ! Une dernière bouchée et je file de là ! Je ne veux pas qu'on se rappelle de moi comme la gloutonne de service.

Je suis sur le point de me retourner quand je sens sa présence non loin de moi. Et quand une main se pose dans le creux de mes reins, je n'ai plus aucun doute. Mathias est ici. Juste là, près de moi. Et étrangement, sa présence a l'effet d'un tranquillisant sur moi. Mon cœur qui battait jusque là fortement, semble reprendre un rythme quasi normal. C'est impressionnant, ce que cet homme peut engendrer à mon corps par un simple geste, un mot sortit d'entre ses lèvres, un regard posé sur moi... Tout chez lui peut bouleverser ma vie dans le meilleur ou bien le pire. Il influence ainsi mon rythme à son vouloir.