8 (suite)

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— Vous allez bien Monsieur ? s'inquiète mon chauffeur de mon silence.

C'est la première fois que je mets les pieds dans ce petit village qui a vu grandir la mère de ma fille. Il ressemble à ce que m'a raconté Paloma durant notre brève relation d'il y a trois ans de cela.

Le pont qui mène au centre de ce hameau, qui est surplombé par une grande église, d'où l'on peut admirer du parvis de vieilles bâtisses en pierres, pour certaines rénovées avec soins et pour d'autres en friches, ainsi que des plus récentes, donnent un charme indéniable à ce lieu, comme un vieux décor de carte postale, auquel on vient incruster une partie d'aujourd'hui. Un joli mélange d'ancien et de modernité.

Je comprends à présent pourquoi Paloma avait tant de mal à se défaire de cet endroit et à trouver ses marques à Lisbonne. Je viens à peine d'arriver que je me sens déjà chez moi. Après juste un petit tour à pied à travers les petites ruelles. Les gens viennent à votre rencontre et parlent avec vous, comme si vous étiez l'un des leurs. Plus accueillant, je n'ai jamais vu.

— Mathias ? Vous êtes certain que ça va ?

— Ne vous en faite pas Jorge ! Je suis juste un peu ému d'être ici.

J'avoue, j'ai versé une petite larme en passant devant le cimetière dans lequel est enterré le grand-père de ma fille. Et rien que d'imaginer que Paloma pense que sa mère y est aussi, me fend le cœur. Je sais avec certitude qu'elle est en vie, mais j'ignore toujours où elle se trouve. Les nombreuses recherches faites par Vicente n'ont abouties à rien. Elle reste introuvable.

Je fais marche arrière, franchis les grilles et entre à l'intérieur, à la recherche du caveau des Vasco, et tombe très vite dessus. Un joli bouquet blanc de camélias et d'anémones vient d'y être déposé, tellement les fleurs semblent encore fraîches.

Je m'agenouille et tend ma main gauche vers la pierre tombale, comme pour demander de l'aide à l'unique personne qui doit tout savoir sur la vie de sa femme et de son enfant bien-aimé. J'aimerais tellement qu'il m'insuffle un peu de ce qu'il sait les concernant. Je reste de longues minutes incliné, priant silencieusement, dans l'espoir d'avoir des réponses à mes questions.

— Nous devrions y aller ! Ils doivent vous attendre ! me ramène Jorge à la réalité.

Je dois me rendre à l'évidence que je n'aurais pas de réponse, en tout cas, pas à cet instant. Je souhaite, néanmoins, intérieurement, qu'il me guidera vers son enfant de la meilleure des façons.

Je me relève avec l'aide de mon chauffeur, lorsque mon regard est interpellé par une tombe où est enterrée une petite fille qui ressemble étrangement à Paloma lorsqu'elle n'était qu'une enfant. J'ignore pourquoi mais cette image me donne des frissons dans tout le corps. Qui est cette enfant ? Et pourquoi me fait-elle cet effet ? Je grave son nom dans ma tête, tandis que Jorge me pousse vers la sortie.

Nous quittons les lieux vers la maison des Vasco, dans laquelle je suis attendu. Mais ce froid dans le dos ne m'abandonne plus. J'ai la sensation que quelque chose de grave va arriver, mais je ne sais pas quoi.

Nous sommes à une centaine de mètres de l'habitation, lorsque j'entends ma fille aboyer après son chien. Et plus on se rapproche et plus je la comprends. Elle ne fait pas dans la demi-mesure, non. On ne perçoit qu'elle. Elle, tout comme moi, on ne fait pas dans la discrétion. Mais là, c'est trop ! J'ai l'impression qu'elle est juste là, près à me sauter dessus. C'est affolant !

Puis, je distingue au loin la silhouette d'une petite bestiole, et plus j'avance vers elle, et plus elle est reconnaissable. C'est Bulle qui court en ma direction, et soudain, je réalise que ma fille n'est pas très éloignée de sa bête à quatre pattes.

— Bulle vient ichi ! lui hurle t-elle à une vingtaine de mètres de nous, en plein milieu de la route.

Mais que font t-ils tous les deux sur la chaussée sans un adulte auprès d'eux ? je m'interroge soudainement. Je veux bien croire que rien de grave ne peut leur arriver, mais on ne sait pas ce qu'il peut se produire. Où est Paloma ? Et pire encore, où est celui qui doit veiller à la sécurité de ma progéniture ?

— Cristel ! Reviens tout de suite ici ! crie une voix de nulle part que je reconnaîtrais n'importe où. Oh ! Non ! Cristel Irina ! Sors de cette route !

Un bruit de moteur rugissant parvient à mes oreilles. Cela me glace le sang en pensant au pire, je me précipite sans attendre vers ma fille que j'attrape au vol, et que je mets directement en sécurité, hors de la chaussée.

— Monsieur ? dit-elle surprise de me voir, avant de me demander expressément de la remettre à terre, en gigotant dans tous les sens. Je dois aller chercher mon chien.

J'étais sur le point de répondre à ces attentes, lorsque la moto surgit derrière nous. Il était moins une. J'en tremble encore. Bien évidemment, le chauffard aurait pu freiner en l'apercevant et l'éviter, mais rien n'est sûr. Je préfère prévenir que guérir.

— Bulle, aux pieds ! j'ordonne à sa bête de revenir vers nous, elle, qui s'était mise comme une grande à l'abri de tout danger, puis je m'adresse à ma fille. Tu ne peux pas t'éloigner ainsi des adultes et encore moins traîner en plein milieu de la route.

Mais elle n'en écoute pas un mot, trop intriguée, par ce qui se passe sous ses yeux.

— Co...co comment vous faites cha ? me demande t-elle, toujours dans mes bras, en voyant son petit canidé revenir sur ses pas.

Je n'ai pas le temps de la reposer à terre et de lui répondre que sa mère l'agrippe avec force et s'empresse de la gronder tout en la secouant.

— Tu es inconsciente ! Combien de fois je t'ai dit de ne pas courir sur la route ? Et toute seule ? Qu'est-ce que je vais faire de toi ? Tu ne peux pas faire tout ce qui te chante. Vas-tu un jour m'écouter ? Ou, c'est trop te demander ?

Notre fille est sous le choc, et je dois dire que moi aussi. Je ne m'attendais pas à un tel emportement de Paloma. Elle ne crie pas, elle lui hurle dessus. Cela ne va rien arranger du tout.

Marta m'a appris qu'il ne fallait jamais brailler sur un enfant, il faut simplement lui parler comme a un adulte qui n'a pas conscience qu'il a fait quelque chose de mal. Mais je conçois que ce n'est pas toujours simple. La mère de mon enfant est pétrifiée. On sent que la peur s'est emparée d'elle, pourtant, elles sont en sécurité maintenant.

— Maman ! ce son sort comme une supplication de la bouche de mon enfant.




Publié le samedi 3 avril 2021

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Et voilà, la suite de ce chapitre est pour mercredi prochain. 

D'ici là, je vous souhaite de bonnes fêtes de Pâques et un bon week-end à toutes. 

A mercredi ! 


PS : Afin de se connaitre un peu plus, je vous pose une petite question sur mon fil d'actualité, n'hésitez pas à y répondre. Ce n'est rien d'indiscret. Promis ! 

Vous pouvez toujours me proposer vos lectures préférées.

L'initiation à L'amour Désir et Amour Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant