L'initiation à L'amour Désir et Amour Tome 2

10 (suite)

Elles font un boucan là-haut depuis plus d'une heure. J'ai voulu à plusieurs reprises intervenir pour sauver ma fille des griffes de sa mère, mais je me suis ravisé, certain que j'en prendrais également pour mon grade. D'ailleurs, je suis persuadé que toute cette colère matinale m'est destinée en réalité. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'elle m'en veut pour cette nuit. Pourtant c'était la meilleure chose à faire.

On ne peut pas, à chaque fois, que nos corps le réclament, céder à la tentation. Surtout, si, c'est pour le regretter cinq minutes plus tard. J'aime cette femme. Je l'ai toujours aimé.

Dès, notre toute première rencontre, il y a seize ans de ça maintenant, alors qu'elle n'était qu'une maudite adolescente, je suis immédiatement tombé sous son charme. Elle avait ce regard d'enfant, mais aussi celui d'une jeune femme éperdument amoureuse, plein de vitalité et d'enthousiasme, contrastant avec sa personnalité simpliste.

Encore aujourd'hui, elle reflète ces deux tempéraments distincts. Elle est toujours une effarouchée aux premiers abords, mais devient très vite une lionne, voire même une tigresse, lorsque nos yeux se croisent. Voilà pourquoi il m'est si difficile de ne pas lui succomber. Cette nuit, je n'ai pas eu le choix. C'était ça ou elle aurait fuit ce matin à la première lueur du jour, emportant avec elle, notre petit diablotin.

— Cristel ! Je ne te le répèterai pas ! Viens ici tout de suite ! hurle-t-elle à notre enfant qui ne cesse de courir au-dessus de ma tête. Arrête de vouloir régenter ma vie comme le fait ton père !

Et ces mots me foudroient en plein cœur. Je ne suis pas dupe, cette dernière phrase est pour moi. Elle ne parle pas de celui qui m'a remplacé auprès d'elles cette dernière année, non. Mais bien de moi, l'homme qui a tout fait pour qu'elle soit heureuse, et qui visiblement s'est royalement trompé. Elle pense que je la dirige, alors que cela a toujours été l'inverse.

Depuis plus de trois ans, depuis notre rencontre au supermarché, dans lequel elle était employée comme caissière, ma vie tout entière s'est transformée.

J'étais le genre de mec à tout contrôler sur son passage. Rien ne me résistait. Tout ce que je désirais, je l'avais, sans pour autant employer la force. A présent, je remets systématiquement tout en doute. Et encore plus, lorsqu'il s'agit de Paloma. Je ne sais jamais sur quel pied danser avec elle, et cela depuis le début. Elle cherchait toujours à me fuir. Au moindre petit conflit ou minuscule étreinte entre nous qu'elle n'avait pas vu venir, elle partait en courant, sans me donner d'explication. Et cela n'a manifestement pas changé, vu ce qui s'est passé cette fin de semaine.

Depuis le début, je ne faisais que m'adapter à elle, à ses désirs, à ses envies. J'essayais de la rassurer, de la tranquilliser et surtout lui montrer qu'elle pouvait me faire confiance. Mais c'était peine perdue ! Elle était en permanence rattrapée par ses peurs. Rien de ce que je faisais ne parvenait à l'apaiser, à croire en nous. Puis, il y a eu notre première fois ensemble, j'ai cru à ce moment là, qu'elle avait laissé derrière elle toutes ses craintes, pour se concentrer sur notre avenir à deux, mais c'était encore un leurre. A la première difficulté, elle a fuit de nouveau, me laissant sans nouvelle d'elle, alors que j'avais à cette époque, le plus besoin de son épaule, pour m'aider affronter ce que je croyais être mes derniers jours sur terre.

Son absence à mes côtés, m'a sûrement fait prendre la plus mauvaise de mes décisions. En sortant de l'hôpital, suite à l'annonce de mon médecin que peut-être il y avait une chance de me sauver, j'étais bien décidé à lui faire part de ma maladie, et lui laisser le choix de rester ou non auprès de moi dans cette douloureuse épreuve. Mais n'arrivant pas à la joindre pendant près de quarante-huit heures, j'en ai conclu, peut-être un peu trop rapidement, qu'elle ne serait pas apte à affronter une telle souffrance. J'ai donc pris la décision pour nous deux. Et cela m'a coûté plus que je ne l'aurais imaginé. Je l'ai perdu et bien plus encore. Et je ne pourrais jamais me le pardonner. A présent, j'espère juste qu'elle puisse, elle, un jour, arrêter de me le reprocher et qu'on arrive, ensemble, à trouver une solution pour donner à ma fille, la famille dont elle mérite.