L'initiation à L'amour Désir et Amour Tome 2

19 (suite)

      J'ai encore perdue, face au grand Mathias De Barosa. Je n'ai pas pu avoir gain de cause. Il tient à m'offrir sa surprise ce soir, malgré mes objections. Et croyez moi, je lui ai sorti une tonne de raisons pour qu'il révise sa copie, mais rien n'a eu l'effet de dissuasion, même pas ma menace de lui interdire notre chambre à coucher pour les mois à venir. Il est certain, bien trop sûr de lui, si vous voulez mon avis, que ce sera un pas important dans notre vie de couple.

Moi, en revanche, je ne peux pas m'empêcher de paniquer. Jusqu'à maintenant, je ne peux pas dire qu'il ait eu de très bonnes idées, concernant les cadeaux qu'il m'a offerts. Je préférerai qu'il se ravise, tout en se demandant ce qui pourrait me faire vraiment plaisir, au lieu de contenter son ego disproportionné.

Car, tout ce que Mathias De Barosa entreprend de faire, c'est avant tout pour satisfaire sa propre personne. Il pense d'abord à lui, avant de penser aux autres. Du moins, en ce qui concerne notre vie à deux et son boulot. Les autres, ainsi que moi, nous passons au deuxième plan. Seule, notre fille, échappe à cela. Son bien-être est primordial pour lui, il fait tout et n'importe quoi pour elle, même si parfois notre princesse ne lui rend pas la pareille. Elle met ses nerfs à rude épreuve, autant que lui vis-à-vis de moi. Je ne vous parle pas de quand ces deux-là se réunissent contre moi. Je n'ai aucune chance face à eux deux. Je suis obligée de céder malgré moi.

Ma vie serait bien mieux, si mes deux acolytes, écoutaient plus souvent mes revendications et n'en faisaient pas qu'à leur tête. Mais que voulez-vous, je ne suis entourée que d'égocentriques, qui ne pensent qu'à eux. Ils ont de la chance que je les aime et que mon bonheur ne dépend que du leur.

En parlant de bonheur ? Ma fille ne semble pas très contente qu'on l'ait réveillé. Depuis, elle ne cesse de repousser son père, qui tente comme il peut de la faire rire, mais sans succès. Elle est blottie contre moi, emmitouflée dans mes bras, et ne veut pas en sortir pour rien de ce monde. Même le morceau de chocolat que lui offrait Mathias en guise de pardon, n'a rien pu faire contre ma chaleur et mes câlins réconfortants.

Ce n'est pas faute d'essayer, mais il n'est pas prêt à prendre ma place dans le cœur de notre petit bout de chou. Même si au fil des jours, je les vois devenir de plus en plus complice, ce qui me terrifie et en même temps me rassure. Moi, qui m'en voulais d'avoir mis un autre homme dans la vie de ma fille.

— Maman, dis à papa d'arrêter de m'embêter ? me supplie mon petit ange adoré, de ses tous petits yeux encore plein de sommeil.

Je l'avais pourtant prévenu qu'on ne devait pas la réveiller, qu'elle était du genre très ronchon après, mais il n'a rien voulu entendre pour ne pas changer. Pourtant je disais vrai. Car s'il y a une chose que ma fille tient de moi, malheureusement, c'est bien le fait qu'elle veuille prendre son temps pour se réveiller. Et sur ce point, je suis la même.

— Tu sais aussi bien que moi, que ton père ne m'écoute pas, je lui rappelle.

Sa voix aura à coup sûr plus d'impact que la mienne sur ce grand monsieur qu'est Mathias De Barosa.

— Mais papa, arrête ! l'implore t-elle tout en se redressant et le fusillant du regard, ça, elle le tient de lui, cela ne vient pas de moi, c'est une certitude.

Mais cela n'a pas l'air de l'ennuyer que sa fille s'énerve contre lui, c'est plutôt le contraire, il s'en amuse.

Si les yeux furibonds de mon bébé m'étaient destinés, j'aurais sans aucun doute fléchi. Mon cœur de mère n'étant pas assez robuste pour le supporter. Mais Mathias, lui, est capable de tout endurer, même d'en plaisanter. Est-ce l'âge qui nous fait considérer les choses différemment ? Si c'est ça, j'aimerais bien qu'il me donne les ficelles pour ne pas tout prendre à cœur.