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Je ne sais pas pourquoi j'ai accepté l'invitation des parents de Mathias. En réalité, je sais très bien pourquoi. Je l'ai fait pour lui. Il n'a pas passé Noël en famille depuis son opération qui a failli lui coûter la vie.

En effet, il m'a avoué qu'il avait coupé les ponts avec les siens, afin qu'ils n'assistent pas à sa déchéance. J'ai trouvé cela si triste que je n'ai pas pu refuser, m'oubliant au passage. Je sais que ces fêtes ne vont pas être de tout repos pour moi. Je vais être examinée à la loupe par tous les membres de sa famille, sans exception.

Il est certain que ce n'est pas ainsi que je m'imaginais passer notre premier Noël ensemble. Je m'étais fait un film dans ma tête. Nous trois, en train de cuisiner dans la cuisine de petits gâteaux, que Cristel auraient décoré tout en les ingurgitant en cachette, gourmande comme elle est. Puis, après, on aurait regardé à la télé une vieille histoire de Noël qu'on connaît tous par coeur mais qu'on adore redécouvrir chaque année, avant de nous rendre à la messe de minuit. Au retour, on aurait couché notre fille, déposé les cadeaux au pied du sapin. Pour ensuite, bien évidemment, faire l'amour pendant une grande partie de la nuit, comme on aime à le faire depuis notre réconciliation. Pour nous réveiller deux ou trois heures plus tard par notre petit monstre pressé de découvrir ce que le Père Noël lui a apporté.

Tous mes rêves se sont envolés, à l'instant, où Mathias a prononcé les mots fête et parents dans la même phrase. J'ai su qu'il me serait impossible de me défiler. Pourtant, j'ai bien tenté de lui expliquer qu'on serait bien mieux en petit comité pour notre premier Noël à trois, mais sans succès. Et notre fille s'est naturellement mise de son côté. Apparemment, passer les fêtes entre nous n'était pas assez alléchant pour eux deux.

A présent, dans cette voiture qui nous mène tout droit vers l'un des pires Noëls de toute ma vie, car non, ce ne sera pas le plus terrible. J'ai déjà un énorme lot de mauvais Noëls à mon palmarès. Entre l'année où j'ai perdu ma mère, entre parenthèse, vu qu'elle est normalement toujours en vie, celle quand j'ai véritablement perdu mon père dans mes bras, puis les trois années qui ont suivies quand j'ai cru que je ne reverrais plus Mathias, ces deux jours qui vont suivre ne pourront normalement pas rivaliser, même si ma belle famille est exécrable avec moi, car il ne m'enlèveront pas ce qui compte le plus à mes yeux, leur fils et leur petite-fille.

Il est certain que je n'aurais pas mon Noël rêvé, mais rien que le fait qu'on soit tous les trois réunis me met du baume au cœur et me fait me sentir sereine.

— Il ne faut pas faire de bruit, je crois que maman s'est endormie, interpelle Mathias notre petite princesse, alors que ma tête repose sur son épaule depuis de longues minutes.

Mais je le soupçonne de mentir à notre fille sur mon endormissement, afin d'avoir la paix. Depuis que nous sommes montés dans ce véhicule, Cristel ne cesse de nous demander si on est certain que le Père Noël saura la trouver chez ses grands-parents. On a beau lui certifier que oui, il viendra où qu'elle soit, mais rien ne la rassure.

— Mais non ! Elle ne fait pas dodo, papa !

— J'aurais essayé, marmonne t-il à mon intention.

— Fais toi à l'idée ! Elle n'en démordra pas ! Dois-je te rappeler de qui elle tient ?

— De nous ! dit-il ne voulant pas recevoir tous les torts.

Je le comprends. Mais il ne peut pas vraiment le nier. Ce trait de caractère, il vient essentiellement de lui. Je ne suis pas du genre à insister, moi. Je baisse les bras assez rapidement, à l'inverse de ces deux acolytes, qui se font maintenant des petits clins d'œil. Encore une chose que je ne sais pas faire. Et qui visiblement ma fille a très vite appris aux côtés de son père, plus complice que jamais.

— Si tu veux ! j'abdique ne voulant pas m'éterniser sur le sujet.

— Il viendra, tu es chûr, papa ? insiste encore et toujours notre petit bout de chou.

— Oui mon cœur ! répond Mathias sans aucune lassitude dans la voix, ce qui m'impressionne. Tu ne m'as toujours pas dit ce qu'il te ferait le plus plaisir de recevoir ?

Elle fait genre de réfléchir, mais je vois à son regard qu'elle sait déjà ce qu'elle désire le plus, plus, plus. Et je prie intérieurement, suppliant Dieu et la terre entière, pour qu'ils interviennent en ma faveur, afin de ne pas entendre de la bouche de ma fille qu'elle veut...

— Un petit frère, papa.






Publié le samedi 10 juillet 2021

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C'est court ! Je sais ! C'est pour cela, que je vous propose de tourner la page. 

A tout de suite ! 

Bonne lecture ! 

L'initiation à L'amour Désir et Amour Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant