L'initiation à L'amour Désir et Amour Tome 2

10 (fin)

Finalement, ma fille a eu raison de moi. Et dire qu'aux yeux de beaucoup de personnes, je ne suis qu'un dur à cuir, un homme sans cœur. J'ai fini par céder comme l'aurait fait un débutant de première, face à une enfant qui sait très bien s'y prendre pour me faire flancher.

Elle est là, en train de jouer avec ces nouveaux doudous, dans sa nouvelle chambre, qui semble beaucoup lui plaire, dans sa robe rouge, aux couleurs de noël, comme elle s'est empressée de dire à sa mère, qui n'a pas du tout apprécié le fait que je concocte à notre fille, le plus beau dressing qu'une enfant de son âge puisse rêver d'avoir.

Mais celle-ci ne m'a rien dit, elle s'est juste contenter de me fusiller du regard. Et par ce simple geste, j'ai compris qu'il fallait que je disparaisse de sa vue, le temps qu'elle se calme. Je me suis donc éclipsé dans mon bureau pour appeler Vicente, et les ai laissé toutes seules à l'étage d'en dessous, devant leur petit-déjeuner.

A la fin de ma conversation avec mon ami, j'ai retrouvé ma petite princesse dans sa chambre, s'inventant une histoire de fées et de champignons. Et depuis, j'assiste à son spectacle sans me faire remarquer, tellement elle est absorbée par ce qu'elle fait. Une vraie metteuse en scène. Un régal pour mes yeux.

Mais je suis obligé de l'abandonner à son œuvre, pour aller rejoindre sa mère, afin qu'on ait la conversation qu'elle s'efforce par tous les moyens de repousser. Il faut qu'on mette les choses au clair ! Je ne veux plus reculer ! J'ai déjà trop attendu ! Ma fille mérite de savoir qui je suis, et moi, de lui donner tout ce qu'elle a le droit, mon amour inconditionnel. Elle a vécu trop de temps, sans ma présence à ses côtés, je dois tout faire pour rattraper ça. Même si je sais pertinemment que cela me sera difficile, voire carrément impossible.

Je descends les escaliers qui mènent à Paloma et la découvre contemplant le paysage brumeux de cette matinée. A croire que le temps reflète le trouble dans lequel est ma tête aujourd'hui. J'appréhende notre conversation. Je sais que Paloma n'est pas dans le même état d'esprit que moi, elle n'est pas d'accord pour annoncer à notre progéniture que je suis son père. Je vais devoir batailler fort, si je veux avoir gain de cause sur ce sujet, surtout après l'affront que je lui ai causé cette nuit. J'espère qu'elle ne m'en tiendra pas rigueur.

— Je vais rentrer ! me communique t-elle sans se retourner vers moi.

Je me doutais bien qu'elle n'allait pas rester ici éternellement, mais qu'elle veuille partir aussi vite, alors qu'on n'a rien réglé et que celui ou celle qui lui veut du mal est encore en liberté, cela m'inquiète. Ici, il ne lui arrivera rien !

— Mais d'abord, il faut qu'on parle ! je stipule, peut-être un peu trop fort, car elle tressaille sur mes mots. Je ne te veux aucun mal Paloma, je tente de la rassurer en m'approchant un peu plus d'elle.

Je frôle à peine son bras de mes doigts, qu'elle s'écarte brusquement de moi.

— Non ! s'exalte-t-elle en me fixant rageusement. Je ne veux rien de toi !

— Tant mieux, je n'ai pas l'intention de te donner quoi que ce soit, je lui affirme, avant de l'informer de ce que je désire. J'aimerais qu'on se pose un peu et qu'on discute. Je me rends bien compte que ces années passées loin l'un de l'autre à engendrer beaucoup de dégâts. Pourtant, je pense qu'on peut encore y remédier, il n'est pas encore trop tard. Pour Cristel ! On lui doit bien ça ! Notre petite fille mérite tout le bonheur du monde.

— Et tu penses que lui offrir tout ce qu'il y a de meilleur contribuera à son bonheur ? me reproche-t-elle certainement la jolie garde de robe de ma princesse ou la magnifique chambre.

En tout cas, c'est ainsi que je reçois le message.

— Non ! Il est vrai que je veux qu'elle ne manque de rien. Mais en aucun cas, je désire céder à tous ces caprices et envies. J'ai seulement voulu qu'elle se sente bien ici, auprès de son véritable père, je ne vois pas où est le mal !