11 (suite)

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Dès mon arrivée chez Vasco, j'ai été sollicité, de part et d'autre, par tous les gens qui logent avec moi.

Pour commencer, par mon petit cœur adoré, qui ne comprenait pas pourquoi elle ne pouvait pas participer au vernissage, en me faisant un petit caca nerveux, et objectant qu'elle était assez grande pour ce genre d'évènement. J'ai réussi à lui rendre le sourire en lui annonçant qu'elle irait passer la nuit chez ma cousine Luna. L'idée de jouer avec son cousin lui plait davantage que de passer une soirée entre adultes. Pourvu qu'elle reste ainsi encore pendant beaucoup, beaucoup d'années. Je ne veux pas qu'elle grandisse trop vite.

Puis, ce fut au tour de mon homme, qui s'est empressé de me prendre à part, nous enfermant dans ma chambre, afin que personne ne l'entende me dire qu'il avait un problème d'ordre vestimentaire. Il n'a pas prévu de costume pour ce soir dans sa valise, juste le smoking qu'il a acheté avec mon aide pour le mariage de Luna et Tiago. Il était si embarrassé que j'ai cru qu'il allait m'annoncer qu'il ne viendrait pas à l'exposition, ce qui ne m'aurait pas vraiment déplu, vu les circonstances. Mais non, il voulait juste savoir si je voyais un inconvénient qu'il y aille en jean. Ce qui bien évidemment n'était pas un souci pour moi. Les diktats de la mode et des convenances, ce n'est pas pour moi.

Et pour terminer, Vasco m'a demandé s'il pouvait aller accompagné de Barbara, qui était en ville aujourd'hui, comme par hasard, à la soirée. Demande, à laquelle, j'ai répondu... oui. Même si cela ne m'enchante guère. Je n'ai rien contre elle. Attention ! C'est à De Barosa que j'en veux. Et uniquement, à lui !

C'est lui, seul, qui en n'a fait son joujou personnel. Ce n'était qu'une jeune femme à l'époque, à peine sortie de l'adolescence. Elle s'est laissée emporter par ses premiers grands émois et n'a pris conscience de son mal qu'à la fin du contrat. Je ne peux pas la juger, car moi-même je suis tombée dans le piège de De Barosa. A la seule différence, que je n'ai jamais signé quoique ce soit me reliant exclusivement a lui. Et cela ne se produira jamais !

Je tiens bien plus que je ne l'aurais pensé à ma liberté. C'est pour cela que je me défais de tout ce qui me relie à Mathias de près ou de loin. Je veux être maîtresse de ma propre vie. Je ne veux rien devoir à personne et encore moins au père de mon enfant. Dorénavant, tout ce que De Barosa me versera pour le bien être et l'éducation de notre princesse, sera mis dans un compte en banque au nom de notre fille. Je peux subvenir moi-même aux besoins de Cristel. Elle n'a nullement besoin de la généreuse contribution de son père pour être heureuse. L'argent ne fait pas tout ! Et je compte bien éduquer ma fille dans ce sens, qu'en déplaise à son géniteur.

Mais, pour avoir ce choix la, il me faut avant tout convaincre Mathias que c'est le mieux pour notre petite chipie adorée... Et ce n'est pas si facile. Lui, qui veut lui offrir la lune et plus encore. Je ne vois pas comment lui faire comprendre qu'une vie simple, sans fioriture est la meilleure pour Cristel. Et surtout, je ne veux pas le mettre contre moi, je sais que s'il revient sur sa promesse de ne pas me traîner en justice, je perdrais à coup sûr contre lui. Je dois être maligne ! C'est le bien-être de mon enfant qui est en jeu.

Depuis notre dernière conversation houleuse chez lui, où nous avons été interrompu par l'arrivée de ses parents, je ne l'ai plus revu, ni eu de nouvelles de sa part. Il est bien venu rendre visite à notre bébé, hier, pendant mon absence, avec la complicité de Vasco, sans me dire un mot. Ce qui ne m'a pas étonné, vu qu'il a toujours fait ce qu'il voulait, sans se soucier de mes dires. Il n'en fait qu'à sa tête et notre petite fille prend le même chemin, à mon grand regret. Mais je ne lui en veux pas pour cela. Il est fâché contre moi. Et c'est légitime ! Je n'ai pas pu lui expliquer les raisons qui me poussent à ne pas révéler à mon petit cœur la vérité le concernant. Ça n'a rien avoir avec lui. Je pense qu'il ferait un très bon père, même si je lui ai fait entendre l'inverse. Mais son univers est loin de me plaire. Il ne peut pas changer qui il est, j'en ai bien conscience. Il s'est bâti un empire en partant de rien et cela engendre l'admiration comme également des jalousies. Et c'est de ces dernières dont j'ai peur, ainsi que des journalistes véreux qui pourraient s'en prendre à mon minuscule bébé, qui n'a rien demandé du tout. Je dois la protéger, c'est de mon devoir en tant que mère.

— Maman ? Maman ? me hurle ma fille de l'autre côté de la porte, tout en tambourinant dessus.

Je ne peux décidément pas avoir dix petites minutes rien qu'à moi, non, il faut toujours qu'elle vienne me déranger. Qu'est-ce que cela va être maintenant ? Un problème avec son doudou qui ne parle plus ? Son sac qui est trop petit pour mettre tout ce dont elle a besoin d'apporter chez son cousin ? Non ! Elle s'est ravisée et veut venir à la galerie avec nous ? Ou bien... Je ne sais pas ! Tout et n'importe quoi peut sortir de sa minuscule petite tête...

Je sors de la salle de bain, enroulée dans une serviette, et la découvre en train de fouiller dans le sac de linge sale à la recherche de je ne sais quoi.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Je cherche ma robe rouge, maman !

— Elle n'est pas là ! Elle doit être en train de sécher.

— Non ! chouine t-elle. Je voulais la mettre pour la montrer à Diogo et tata Luna.

Elle a un amour inconditionnel envers ce vêtement. Je ne sais pas si c'est car elle le trouve très beau et que sa couleur lui rappelle que c'est bientôt Noël ou si c'est du au fait que c'est Mathias qui lui a offert ? Il faut dire qu'elle adore son père même si elle ne sait pas qui il est vraiment. Ils ont cette forte alchimie qui les unit, celle qu'il y a entre son papa et son enfant. Le sang serait-il plus fort que tout ? J'ai toujours cru que c'était l'amour qu'un enfant recevait qui était le plus fort... Me serais-je trompée ?

— Tu la mettras une prochaine fois, je tente de la calmer, alors qu'elle se met à s'énerver contre sa peluche préférée, en la jetant par terre, comme si celle-ci y était pour quelque chose. Tu es très jolie dans cette tenue, bleu nuit.

Mes deux tentatives ne fonctionnent pas. Elle semble plus irritée que jamais. Et tout ça, pour une robe ? J'espère lui faire entendre raison. Elle ne peut pas se mettre dans cet état pour si peu.

— Mais elle ne tourne pas celle-ci, maman ! rétorque-t-elle.

— Peut-être pas ! Mais elle a de jolies petites étoiles qui brillent, comme la couleur de tes magnifiques yeux, je lui souris, tout en m'approchant d'elle pour lui faire des chatouilles.

Puis, elle se met à courir dans toute la pièce, afin d'échapper à ma délicieuse torture, oubliant la petite robe rouge de ses désirs.

Après cinq minutes à nous courir après, et à rigoler à enrager les voisins, il est temps pour moi de me préparer, si je veux être à l'heure à mon exposition. 




Publié le samedi 8 mai 2021

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Voilà, j'espère que cette partie de chapitre vous a plu ? 

On se retrouve mercredi pour la suite. Une exposition toute en couleur. 

Bon week-end ! 

L'initiation à L'amour Désir et Amour Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant