PROFESSOR ACKERMAN

51: Repas foireux

Je me tournai une nouvelle fois vers mon meilleur ami qui semblait aussi paniqué que moi.

Ce fût d'ailleurs à ce moment que je regrettai d'avoir fait comme si j'avais guéri en l'espace de seulement une demi-heure.

Livaï était loin d'être bête et il n'allait pas lui en falloir beaucoup pour comprendre ce qu'il s'était réellement passé aujourd'hui.

Surtout, qu'on ne savait toujours pas de quoi devait traiter normalement le sujet de cette dissertation. Donc une question sur ce qu'on avait fait ou autre et c'était terminé pour nous.

-Aux dernières nouvelles on était sur la méthodologie de la dissertation, déclara mon meilleur ami tout en piquant adroitement dans son assiette pleine de pâtes.

-Oh ? Je me rappelle que j'adorais cet exercice quand j'étais aussi au collège... Raconta-t-elle simplement d'un air pensif.

De mon côté, j'avais beau rester silencieuse, j'observai tout de même du coin de l'oeil l'attitude de Livaï. Il fallait qu'on fasse tout ce qui était en notre pouvoir pour l'empêcher de parler du devoir à faire pour aujourd'hui.

-Oui, d'ailleurs je viens de me souvenir que j'en avais donné une à faire pour aujourd'hui... Soupira-t-il soudainement. Il faudra que je pense à le leur réclamer demain.

Okay, je ne savais pas encore à quelle heure j'allais devoir me coucher, mais ça promettait d'être tard... Et il allait falloir qu'on prévienne Jean et Connie.

-Oh et c'était sur quel sujet ?

Il était vrai que j'aimais énormément ma mère, mais dans ce genre de moment, je la haïssait comme personne. A croire qu'elle le faisait exprès.

Les deux plus vieux concentrèrent leurs regards sur Eren et moi.

Bordel. C'était bien la pire des situation à laquelle on aurait pu faire face. Enfin bon, vu notre talent pour nous y mettre, au final ce n'était même plus étonnant...

-Oula, ça fait plusieurs jours qu'on l'a faite, honnêtement je ne m'en rappelle plus... Tenta mon meilleur ami en riant légèrement d'un faux air confiant.

-Pourtant je vous ait donné ce sujet lundi...?

En quelques secondes je me rendis compte de ce qui venait sans doute de nous avoir... On était jeudi soir, ça ne faisait donc seulement que trois jours que nous étions au courant. Il allait falloir rebondir...

-C'est vrai, mais avec Eren on a directement fait le sujet l'après-midi même car on avait beaucoup de devoirs en retard à faire... On l'a fait en avance et avec tout le stresse des évaluations de cette semaine j'avoue que moi non plus je n'ai plus aucune idée du sujet...

-Bon très bien, j'espère que vous avez bien respecté le plan dialectique comme celui que je vous avez montré en exemple.

-Euh oui ! Répondit à son tour Eren.

Okay, on s'en sortait mieux que prévu.

-Les enfants vous devriez donner vos copies directement à Livaï après le repas, ça lui en fera moins à ramasser demain. Nous proposa ma mère, qui une fois de plus, sans s'en rendre compte, venait de nous enfoncer dans notre mensonge comme jamais...

-Mieux vaut les lui donner en même temps que tous les autres demain, au risque qu'il les perde entre temps.

Même si j'admirai Eren pour ne jamais baisser les bras, je voyais très bien que l'expression du noiraud qui s'était complètement durcie en l'espace de quelques secondes. Au final on s'était fait prendre, en même temps ce n'était pas vraiment surprenant, mais je ne m'attendais pas à ce que ça arrive si vite.

Un blanc s'installa entre nous, j'avais l'intime conviction que ma mère avait elle même compris la situation dans laquelle elle venait de nous mettre avec Eren. En même elle l'avait bien cherché, même si au final elle n'était au courant de rien.

Les yeux émeraudes de mon meilleur ami vinrent rencontrer les miens avec un air de détresse pur et dure. Lui aussi venait de comprend qu'on était foutu.

Heureusement, je savais pertinemment qu'il n'oserait rien nous dire ou nous reprocher tant que ma mère serait à table, enfin du moins c'était ce que j'espérai. Normalement il avait compris qu'elle n'était au courant de rien, mieux valait ne pas trop envenimer les choses juste devant elle.

-Les pâtes sont très bonnes au fait, finit par balancer Eren qui voyait sans doute bien que la chose était irrattrapable.

-Merci, les recettes les plus simples restent souvent les meilleures. Lui sourit-elle gentiment avant de s'essuyer la bouche puis de boire.

Je n'osais rien dire et enviais le jemenfoutisme de mon meilleur ami qui semblait réprimer sa gêne et sa panique mieux que moi. En même temps, je savais qu'en quelques mots seulement on pouvait mettre très facilement le feu aux poudres, et dans la panique j'avais peur de tout faire exploser.

En y repensant, je me rendis compte que laisser Eren meubler la conversation comme il le pouvait pour éviter les blancs et les regards assassins du noiraud n'était peut-être finalement pas la meilleure des idées que j'avais eu jusque là. Enfin si, elle était du moins meilleure que celle par rapport à la mise en scène de mon évanouissement.

Mais bon, au final elle avait bien fonctionné vu que personne n'avait eu à rendre sa dissertation. Du moins on avait réussi à le repousser d'un jour, ce n'était pas rien.

-Je vais chercher un médoc dans la salle de bain. Lançais-je en évitant le regard du noiraud avant de me lever pour me diriger vers les escaliers menant à l'étage.

-Tu sais où ils sont rangés ? Me demanda ma mère qui attendait sûrement que je l'embarque avec moi pour la soustraire au malaise.

-Oui ne t'inquiète pas, je vais faire vite.

C'était elle qui avait mis la merde, elle allait assumer, même si elle ne se doutait absolument de rien. Et puis je n'allai pas laisser Eren seul avec Livaï, je n'avais pas envie de le retrouver pièces détachées.

A présent, mon but était de prévenir Connie et Jean qu'il allait falloir préparer leur dissertation pour le lendemain.