48: Prise au piège

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Cela faisait maintenant une bonne demi heure que je m'efforçais à ne pas bouger pour faire semblant de dormir. Du moins, c'était ce que je pensais. En réalité je n'avais aucune idée du temps que j'avais déjà passé à faire semblant depuis notre arrivé à son domicile.

Je l'entendais faire des allez-retour sans fin à travers la pièce et ça n'avait pour résultat que de me stresser encore plus. Bordel mais n'avait-il pas mieux à faire que de me surveiller comme si ma vie en dépendait ?

En même temps, ça me rassurait tout de même qu'il n'ait pas daigné à appeler un médecin pour le moment. Dieu savait ce qu'il adviendrait de ma personne s'il découvrait que tout ça n'était qu'une simple mise en scène pour échapper à son courroux. Et honnêtement, je n'avais aucune envie de le découvrir ni d'y faire face.

Au même moment où je me fis cette réflexion, j'entendis la sonnerie de mon téléphone retentir depuis ma poche dans la pièce. Rien qu'à son entente je pus deviner que c'était un appel de mon meilleur ami.

Merde merde

Sans prévenir, je sentis Livaï soulever rapidement la couverture, sûrement pour empêcher la sonnerie d'interférer avec mon soit disant repos. Lorsque l'objet rectangulaire quitta sa place initiale quelques secondes passèrent avant que je ne l'entende répondre, pour mon plus grand malheur.

-Allô ? Eren ?

Au vu du temps qu'il mettait à reprendre la parole je pouvais deviner que mon meilleur ami devait sans doute être, au même moment, en train de paniquer pour tenter de trouver une excuse.

-Oui elle est avec moi... Non, elle est toujours endormie, je ne comprends pas elle n'a aucune fièvre...

Sur le moment je ne pouvais que compter sur l'aptitude d'Eren à improviser pour me sauver la mise. Et surtout, j'espérais qu'il puisse le convaincre à me ramener chez moi. Je n'allais pas pouvoir jouer la comédie toute la nuit, il en était totalement hors de question !

-Je sais pas, je vais peut-être appeler un médecin avant ?

Eh merde

Je l'avais venu venir celle-là.

-Ne t'énerve pas ! Je m'occuperais de payer.

Eren, mon dernier espoir, il fallait qu'il assure.

-Ne t'en fais pas, je la ramènerais plus tard, je veux juste m'assurer qu'elle aille bien. Préviens sa mère, je t'envoies un message quand je la ramènerais.

Bordel.

Ça sentait le roussi pour moi. Ou plutôt, ça puait le roussi...

Le bip électronique du téléphone m'indiqua le fait qu'il venait de raccrocher. Je ne pensais pas qu'il serait aussi têtu. Au départ je pensais juste qu'il allait me déposer à l'infirmerie et que ma mère allait être appelée pour venir me chercher.

Pourquoi tout ne se passait jamais comme je le prévoyais ?

Je l'entendis poser l'objet sur la table de nuit à ma droite. Une légère pression s'exerça sur ma tête, il venait de m'embrasser le crâne ou je rêvais ?

Mon dieu mais qu'est-ce que je pouvais faire ? J'étais totalement prise au piège. Eren n'allait visiblement pas pouvoir me sortir d'affaire. Et dire que c'était son idée... Il allait morfler à mon retour, ça il pouvait en être sûre, et ça ne m'étonnerais pas qu'il le sache déjà.

-Bon il faudrait que j'appelle le médecin maintenant... Souffla-t-il juste au-dessus de mon oreille, ce qui me provoqua un affreux frisson qui parcourut l'entièreté de mon corps.

Je l'entendis sortir de la pièce et n'attendis pas deux secondes de plus pour ouvrir les yeux et déverrouiller à la hâte mon téléphone pour envoyer un message à Eren.

« Alerte rouge ! Il est en train d'appeler le médecin ! Tu me sors de là, c'était ton idée sale fou ! »

Peu de temps après il me répondit :

« Je fais ce que je peux ! Il est en pleins appel ? Improvise ! Si y en a bien une qui sait faire ça comme personne c'est bien toi ! 😉 Je vais me débrouiller pour que ta mère te réclames. »

Alors lui, je ne donnais définitivement pas cher de sa peau lorsque j'allais enfin me sortir de ce pétrin.

« Je vais essayer, j'ai une idée. De ton côté n'envoie plus de message on sait jamais. A + »

J'éteignis mon téléphone puis me levai.

Bon, improviser.

Je me diriger vers la porte et l'ouvris doucement.

La tête du noiraud prit forme juste devant moi. J'en profitai aussi pour me donner un air fatigué et faible.

Lorsqu'il me vit, il éteignit directement son téléphone. Visiblement il n'avait pas réussi à joindre le docteur pour le moment. Pour une fois que j'avais un peu de chance.

-Ryuu ? Tu t'es réveillée ? Comment ça va ? Pourquoi tu t'es levé ?

-Woaw, calme. Pourquoi je suis ici ? Lui demandai-je en accentuant un ton agacé pour lui indiquer que je n'étais pas super contente de me retrouver chez lui.

-Tu as perdu connaissance en classe... Je ne savais pas trop quoi faire, m'avoua-t-il en se grattant l'arrière du crâne de sa main libre.

-Pourquoi tu ne m'as pas emmené à l'infirmerie ? Et pourquoi tu m'as emmené ici alors que tu aurais très bien pu m'emmener chez moi ?

-Je l'ai fait mais il n'y avait plus de place. Et personne ne répondait chez toi.

Mais quel menteur ! Depuis quand inventait-il des excuses pour couvrir le fait qu'il ait juste paniqué ? Enfin bref, de toute manière pour le moment je ne pouvais pas vraiment l'en blâmer.

-Ramène-moi chez moi alors s'il te plaît.

-Tu es sûre que ça va aller ?

-Oui oui, je tiens debout à partir de là ça va. Lui dis-je simplement avant de retourner dans sa chambre pour aller chercher mon téléphone.

-Comment tu fais pour tenir debout comme ça, tu semblais si mal en point il n'y a même pas cinq minutes ?

-Je dois sûrement puiser dans mes dernières ressources... Et puis qu'est-ce que j'en sais ? Je ne suis pas médecin moi !

Il soupira avant de poser ses deux mains de chaque côtés de ses hanches d'un air complètement dépassé par la situation.

-Bon, allons-y alors.

PROFESSOR ACKERMANOù les histoires vivent. Découvrez maintenant