Chapitre 38 : L'intuition d'Alexa

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Le jeune homme était assis à une table dans le bâtiment de l'école d'arts, occupé à griffonner quelques croquis dans son carnet. Ses cheveux rouges et sauvages éparpillés sur son front dissimulaient ses yeux, ainsi qu'une partie de son visage. Des écouteurs aux oreilles, il était coupé du monde, et ne se concentrait que sur ses dessins. Derrière lui, à quelques mètres, se trouvaient quatre étudiants qui le regardaient.
- Il a l'air plus en forme qu'avant les vacances, chuchota Lucie après un moment.
- Et encore, c'est de l'euphémisme ça, répondit Erwan, également à voix basse. On aurait dit qu'il était en train de clamser, il avait perdu du poids, et il était déjà bien mince, sans parler de toutes les blessures bizarres et inquiétantes qu'il se trimballait. Là, il est revenu à une silhouette stock de fou, comme à la rentrée, voire un peu plus musclé même.
Jean acquiesça tout en sifflant.
- Déjà qu'il faisait tomber les filles avec son air de bad boy, mais plus ça va, plus il est bien gaulé l'enfoiré.
Erwan approuva sa réaction d'un signe de tête, puis il se tourna vers Alexa.
- Ceci dit, il n'y a pas que le physique, là c'est sûr il a tous les points, mais vu comment il était amoché, si ça se trouve, il a des activités peu fréquentables, ou peut être qu'il est violent. Personne n'a vérifié qu'il s'était bien fait tabassé, et même si c'est vrai, pourquoi. On ne sait quasiment de lui, de ce qu'il fait hors des cours, et c'est pas faute d'avoir voulu l'intégrer au groupe.
- Ouais, reprit Lucie, tout ce qu'on sait, c'est qu'il a une belle gueule et que c'est un petit génie en art comme en général... Ah et on sait aussi que le blond qui lui colle au train a le droit de lui rouler des galoches aussi.
Elle ricana au souvenir tandis qu'Alexa soupirait.
- Tu as abusé ce soir là, Lucie, il ne jouait même pas. Il a juste pas voulu gâcher la soirée, et son amitié avec... comment c'est déjà ? Ah oui, Deidara.
Jean mima avec ses mains des guillemets.
- «Amitié», c'est ça Alexa. T'es vraiment naïve. Je sais pas si c'est réciproque, mais je mettrais ma main à couper que Deidara est à fond sur lui. Et vu comment ils sont proches, ils pourraient bien se mettre ensemble vite si tu tentes pas avant.
Erwan pencha la tête avant de dire d'un air solennel.
- Tu sais Alexa, on ne veut que te soutenir, mais de mon côté je te conseillerai plutôt de passer à autre chose.
Les trois autres le fixèrent d'un air surpris, il n'avait encore jamais exprimé cet avis avant.
- Je pense très sérieusement que Sasori n'est pas fait pour toi, tu es une femme gentille, bienveillante, altruiste, sociable, compréhensive, et franchement, je n'ai rien contre lui, mais je suis persuadé qu'il est le genre de gars cliché des films, le ténébreux beau gosse qui fait pleurer les filles par paquets. Sérieusement, regarde comment il est beau et bien foutu, il a sûrement conscience qu'il fait de l'effet à beaucoup de monde, il doit briser des coeurs à la chaîne ce mec.
Il y eut un long silence, et Jean et Lucie finirent par acquiescer.
- Erwan n'a pas tort, dit alors l'autre étudiant. S'il avait été correct, il aurait directement dit qu'il n'était pas intéressé, ou bien qu'il était s'il le souhaitait, il doit bien se douter que tu essaies de l'approcher, il sait toujours tout. J'ai du mal à croire qu'il ne remarque pas ton intérêt pour lui.
Alexa baissa les yeux sur le sol. Ses amis avaient peut être raison, mais elle n'arrivait pas à faire taire son coeur. Et il lui criait que Sasori était un homme exceptionnel, malgré ses secrets et la distance qu'il mettait avec les autres. Son intuition au sujet du jeune artiste ne la trompait pas, elle était prête à parier sur cette certitude. Il n'était pas un connard qui jouait avec les sentiments comme ils le suggéraient, et elle sentait que le seul coeur qu'il avait brisé, c'était le sien, il s'empêchait d'être heureux, mais ce qu'elle ignorait, c'était pourquoi.
- Je ne sais pas, dit-elle finalement, comme une réponse à ses pensées tout comme à ses amis.
Sasori rangea soudainement ses affaires, avant de se lever pour traverser le couloir et quitter le bâtiment. Il ne s'était pas retourné, il n'avait pas vu le groupe qui l'observait, ni Alexa le suivre du regard, les yeux brillants d'une affection sincère, et d'une inquiétude réelle.


**********


Sasori fit claquer la porte de l'appartement derrière lui, et quelques secondes plus tard, la porte de la chambre de Deidara s'ouvrit sur celui ci.
- Pourquoi tu fais autant de bruit ? Je dormais.
- Qu'est ce que tu fais là, tu ne devais être en cours ce matin ?
Le blond se passa une main dans les cheveux. Détachés, décoiffés et sauvages, ils formaient une crinière tout autour de son visage et tombant sur ses épaules, son visage disparaissant presque derrière.
- J'ai séché. Je voulais faire une grasse matinée. Et toi, tu reviens d'où là, je croyais que t'avais cours dans pas longtemps.
- Je suis arrivé en avance ce matin pour travailler, mais finalement, j'ai pas envie, je vais sécher.
Ils se fixèrent un instant en silence, puis, le fan d'explosions sourit.
- Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, c'est fou ça.
Sasori se laissa tomber dans le canapé, et l'artiste aux cheveux longs s'approcha avant de pencher la tête pour le regarder, ses mèches glissant jusqu'à ce que les pointes dorées frôlent le visage de son acolyte.
- Mes croquis de toi ont vraiment plu à mon prof d'ailleurs, merci encore de m'avoir servi de modèle.
- De rien.
Deidara n'ajouta rien et il repartit dans sa chambre. Sasori ferma un instant les yeux, il se sentait bien plus à l'aise dans cet appartement, avec son ami, plutôt qu'à l'école où la foule se brassait dans les couloirs, dans les salles et dans la rue entourant le bâtiment. Une notification sonore l'interrompit dans son silence, et il sortit son téléphone de sa poche pour allumer l'écran. Un message de Pain. Le marionnettiste appuya sur le nom de son interlocuteur virtuel pour ouvrir la conversation, et il laissa ses yeux suivre le texte que le rouquin avait envoyé.


«Konan est allée de l'autre côté pour récupérer quelque chose, elle a découvert que l'alliance surveillait une certaine zone, apparemment ils pensent que notre repère s'y trouve. Ils se sont plantés évidemment, mais pour les laisser croire qu'ils ne sont pas loin, j'aimerais que Dei et toi alliez là bas, comme si vous défendiez l'endroit. Je t'envoie la position dans le message d'après.»


Juste après, un second message apparut avec les coordonnées du lieu où étaient les équipes de l'alliance ninja. Sasori s'apprêta à répondre quand un troisième message s'afficha.


«Le but c'est qu'ils pensent qu'ils sont au bon endroit, alors laisse des survivants qui pourront témoigner Sasori.»


Le jeune homme fit la moue, il n'aimait pas ce genre de précisions, comme s'il était prévisible, comme s'il était un monstre incontrôlable. Pourtant, il savait bien qu'il était responsable de cette réputation. Il soupira avant de se lever et frappa à la porte de la chambre de son colocataire.
- Ouais, entre !
Il s'exécuta et regarda le blond, qui s'était recouché et qui le regardait, la tête dépassant à peine de la couette. Sasori lui transmit le message du leader de leur groupe, et l'étudiant aux cheveux longs soupira.
- C'est toujours nous qui devons faire le sale boulot, je veux des vacances moi !
Puis, voyant que son acolyte ne répondait, pas, il repoussa sa couverture.
- Bon, laisse moi trois minutes pour me réveiller correctement et m'habiller, et on y va.
L'autre hocha simplement la tête, et il referma la porte en quittant la pièce.

Fanfiction Naruto - AkatsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant