Chapitre 35 : La nouvelle marionnette de Sasori

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Deidara réprima un frisson. Même abrité dans la grotte devant un feu, il avait l'impression de geler. Il maudit Pain et l'intégralité de son arbre généalogique en enroulant ses bras autour de lui. Sasori, adossé contre la paroi, ni vraiment assis, ni vraiment allongé, le regarda un instant. Quand la lèvre inférieure du blond se mit à trembler presque autant que son corps, se teintant légèrement de bleu, le marionnettiste soupira. Lui n'avait pas ce problème, son long manteau noir était grand ouvert sur son torse de bois, il n'avait absolument aucune sensation dans cet état. Le jeune homme aux cheveux écarlates activa le pouvoir de sa bague, et son anatomie de pantin laissa place à son apparence humaine. Il frémit aussitôt en sentant le froid mordant sur sa peau. Toutefois, il avait l'avantage de supporter les climats les plus difficiles, qu'il s'agisse du désert de Suna comme du froid polaire du pays du Fer, et il ne se sentit aussi dérangé par la température que son acolyte frigorifié. Ce dernier le fixa avant de froncer les sourcils, ne saisissant pas ce qu'il venait de faire.
- Qu'est ce que tu fous ? demanda-t-il pendant que ses dents claquaient. Tu vas chopper la mort, t'es encore moins vêtu que moi.
- Ferme la et viens.
Deidara ne comprit pas sa demande, mais il s'approcha.
- Et bien ? demanda-t-il quand il fut juste à côté de son ami.
Sasori écarta les pans de son manteau.
- Allonge toi contre moi.
Le cerveau du blond n'assimila pas immédiatement le sens de ses paroles. Quand l'information arriva enfin à lui, il rougit violemment avant de bredouiller.
- Qu... Quoi ?!
Il observa le visage de Sasori, essayant de trouver une explication rationnelle quelconque, mais ce dernier n'affichait rien.
- Tu es en train de geler sur place, lâcha doucement son ami en voyant son air interloqué. Je n'ai pas envie que tu meurs d'hypothermie parce que t'as été trop idiot pour mettre des vêtements chauds, je t'aurais bien donné mon manteau, mais il n'est pas épais, et vu ton état, ça ne te réchauffera pas. Si tu ne passes pas la nuit, ça va gêner notre mission. Donc, le plus efficace, c'est la chaleur corporelle, et comme je viens juste de quitter mon apparence de marionnette, ma température est élevée.
L'autre resta un instant silencieux, avant de répliquer.
- D'accord, bah si c'est pour la mission...
Il n'avait pas pu effacer la pointe de déception dans sa voix, mais il s'allongea contre son partenaire. L'artiste taciturne avait raison, blotti contre sa peau, il se réchauffa vite. L'étudiant aux cheveux longs avait toujours les joues rougies, mais il ne disait rien. Sasori aussi restait muet, il n'avait pas été très honnête, il se fichait totalement de la mission, mais il avait voulu agir parce qu'il savait qu'il n'aurait pas pu supporter de voir le froid avoir raison de son ami. Il n'aurait pas pu le regarder trembler pendant des heures sans rien faire. Dans la caverne qui les protégeait de la météo, le seul son qui perçait les murs était le vent mordant qui cinglait les flancs de la montagne, accompagné par leurs respirations discrètes. Les flammes de leur feu de camp s'élevaient avec agitation, comme si elles étaient en train de danser, entraînant par leurs mouvements les ombres qui coulissaient contre la paroi avec un rythme régulier et identique à cette chaleureuse chorégraphie. Deidara ne tremblait plus, blotti contre le torse de Sasori, il écoutait son coeur battre doucement. A ses oreilles, c'était une mélodie rassurante, et agréable. L'odeur de Sasori infiltrait ses narines, elle l'apaisait complètement, un mélange de bois frais et de vanille, un parfum doux et divin, qui lui donnait enfin de rester contre lui pour toujours. Ses yeux se fermèrent sans même qu'il ne s'en aperçoive, sous l'attention des yeux ambrés du marionnettiste, qui veilla à sa sécurité tout au long de la nuit.


**********


La bataille faisait rage sur le versant des monts enneigés, le sentier étroit était déjà tapissé de corps inertes aux yeux écarquillés qui ne se refermeraient jamais. Deidara utilisait des kunaïs pour éliminer les passagers du convoi de Konoha, respectant ainsi les ordres de Pain, qui ne voulait pas qu'il se fasse identifier lors de cette mission en laissant des traces d'explosions. Sasori veillait à ce qu'il n'y ait aucun témoin, ses lames empoisonnées égorgeaient les ninjas comme les diplomates avec une rapide efficacité. Il avait exceptionnellement enduit ses armes d'un poison moins efficace que les siens, mais utilisé par les nations ninjas. Le blond tourna la tête pour le regarder. Autour du jeune homme aux cheveux rouges flottait une marionnette qu'il n'avait encore jamais vue, capable d'étendre ses bras pour trancher même les cibles les plus éloignées, et couverte d'une cape qui en dissimulait le visage. Il ne fallut que peu de temps pour qu'il ne reste aucun survivant au groupe du village caché des feuilles. Deidara le rejoignit alors, observant les cadavres, puis le pantin.
- Saso, c'est une de tes nouvelles oeuvres ? Je ne me souviens pas l'avoir vu celui là.
Le marionnettiste tourna la tête vers lui, et il hocha simplement la tête. Le blond reprit.
- Je l'ai vu agir, il est très impressionnant, il semble avoir un gros arsenal, tu t'es surpassé en le façonnant.
- Merci. Oui, il cache pas mal de secrets qui me seront utiles.
L'artiste aux cheveux longs sourit, il aimait entendre son acolyte parler de ses créations, son intonation passionnée le rendait plus charismatique encore. Il s'approcha de la marionnette et regarda sous la capuche, avant de se figer. Il avait reconnu ce visage strict. Il tourna la tête vers son partenaire, qui l'observait tranquillement.
- Sasori...
- Oui, c'est bien lui.
Deidara essaya de cacher l'inquiétude dans son regard.
- Tu as utilisé son cadavre pour en faire une marionnette ? Pourquoi ? Par provocation ?
- Non, je n'ai rien à prouver, personne à provoquer. Pas de cette manière du moins, je voulais simplement m'accaparer ses pouvoirs. Son jutsu a fait de lui une légende, un homme impitoyable, je voulais l'avoir dans ma collection.
Le blond ne répondit rien, il voyait son ami sombrer profondément dans un enfer qui le dépassait, et il ne savait pas s'il pourrait le sortir de ces ténèbres. Sasori tira de sa poche un bandeau frontal du village ninja du pays du vent, et il le fit tomber dans la scène de carnage, près des corps.
- Ils vont retrouver ça, et croiront qu'il est tombé pendant la bataille. Ils accuseront en toute logique les ninjas du désert, l'Akatsuki ne porte aucun bandeau de ce genre, et une fois les dernières réserves tombées, la guerre débutera enfin complètement.
Sasori avait parlé avec satisfaction, un étrange sourire étirant ses lèvres. Une violente bourrasque les fouetta alors, et la capuche du pantin se rabattit en arrière, dévoilant le visage désormais éternellement impassible, ainsi que les cheveux bruns, du Troisième Kazekage de Suna.

Fanfiction Naruto - AkatsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant