Chapitre 61 : Le verdict

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Les cernes creusaient le visage du blond, tout comme l'inquiétude. Il avait dépensé une fortune à la machine à café pour se maintenir éveillé dans l'hôpital, sentant une pique de stress le parcourir dès qu'il entendait des pas dans les couloirs ou une porte claquer au loin. Cela faisait maintenant plus de vingt-quatre heures que Sasori était quelque part dans ce lieu immense, situé entre la vie et la mort. Pain et Konan l'avaient rappelé, ils avaient été effarés d'apprendre ce qu'il s'était passé, pour la vie de Sasori d'abord, puis pour les conséquences sur leur secret à tous. Tous les membres de l'Akatsuki lui avaient téléphoné dans la nuit, demandant des nouvelles qu'il n'avait pas lui même. Il avait toutefois refusé qu'ils le rejoignent, cela aurait été encore encore plus suspect, il avait simplement promis de les tenir au courant. Deidara écrasa le gobelet vide entre ses doigts, frustré de n'avoir aucune connaissance de la situation. Un médecin entra dans la salle d'attente et le jeune homme bondit sur ses pieds.
- Il est toujours inconscient, lui annonça-t-il sans le faire attendre davantage. Nous avons réussi à stabiliser son état, sa vie n'est plus en danger, mais il va falloir surveiller encore un moment. Je vais vous conduire à lui, il a été placé dans une chambre. L'anesthésie générale a du être augmentée compte tenu de la durée de l'opération, il risque d'être assez perturbé en se réveillant.
Deidara ne répondit pas, il soupira simplement de soulagement, la pression qui avait enflé en lui se dissipant.
- Je vous suis.
Le trajet se fit rapidement, chaque seconde passant pourtant trop lentement pour lui. Lorsque le médecin ouvrit la porte, il se tourna vers lui.
- Il risque d'avoir quelques difficultés à parler, il a été intubé pendant un long moment, sa gorge risque d'être douloureuse.
Deidara acquiesça simplement avant d'entrer. Il posa son regard sur le lit avec appréhension, mais rien ne l'alarma. Sasori semblait juste dormir, son visage était assez serein. Il était couvert d'un drap, qui dissimulait presque intégralement les bandages enroulés autour de son corps. L'étudiant aux cheveux longs sortit son téléphone pour écrire aux autres membres du groupe, leur expliquant la situation, et la bonne nouvelle. Il approcha ensuite sa main du visage de son ami pour dégager une mèche de cheveux rouges qui tombait sur son visage, caressant sa joue au passage. Le marionnettiste ouvrit doucement les yeux, les paupières papillonnant sous le coup de la sensation encore brumeuse, comme s'il n'était pas complètement sorti du sommeil qui lui avait été imposé. Il essaya de parler, mais il sentit sa gorge se serrer de douleur, et il ne put qu'exprimer un léger son étouffé.
- Ne force pas trop, Sori, souffla son ami en reculant sa main pour lui laisser de l'espace, prends ton temps avant de parler.
Le jeune homme soupira et il ferma les yeux, essayant de se concentrer. Il reporta ensuite son attention sur Deidara, le regardant avec questionnement. Habitué à son langage non verbal, bien que léger, le blond comprit tout de suite ce qu'il demandait.
- Tu m'avais dit que ça allait, tu m'as encore menti. Je t'ai vu t'écrouler, je n'ai pas eu le choix, j'ai du appeler les secours. Tout ça pour apprendre finalement que tu avais des organes vitaux touchés, et que tu étais en train de mourir. Tu as passé plus d'une journée au bloc opératoire, on a failli te perdre Sasori, et pour de bon.
Il n'avait pas pu empêcher sa voix de contenir un ton de reproche. Il avait eu tellement peur, il s'était trouvé là, impuissant, à attendre. Il ne lui en voulait déjà plus, mais l'amertume était encore trop récente pour se dissiper. Le marionnettiste resta silencieux, avant de parler, d'une voix basse et cassée à cause de sa gorge douloureuse.
- T'es beau.
- Je ne veux pas de tes exc... Attends, t'as dit quoi là ?
Il vrilla son regard azur dans les iris dorés de son colocataire, qui ne semblait pas saisir ce qu'il venait de dire. Le blond se souvint qu'il était toujours sous l'emprise de l'anesthésie, ce qui expliquait son attitude détachée actuelle. En temps normal, Sasori aurait fui son regard avec culpabilité, et il serait resté silencieux. La porte s'ouvrit sur le médecin et une équipe d'infirmiers qui s'approchèrent.
- Vous êtes réveillé, constata le premier, comment vous sentez vous ?
Sasori haussa les épaules avec flegme avant de grimacer, le mouvement avait été un peu ambitieux pour le moment.
Le personnel s'approcha de lui, et il eut un mouvement de recul.
- Nous devons changer vos bandages, se justifia l'un d'eux.
- Il n'y a que Dei qui me touche, répliqua le blessé d'une voix perdue.
Le jeune homme aux cheveux dorés se sentit mal à l'aise, il s'approcha à son tour.
- Sasori, laisse les faire, c'est leur travail. Je n'ai pas les compétences pour changer tes pansements moi, eux si, et c'est important vu ton état de santé.
Son acolyte fit la moue, mais il se laissa faire, frissonnant en sentant les mains inconnues se poser sur lui. Quand les infirmiers le portèrent pour le déplacer, avec précaution, il lâcha soudainement.
- J'voudrais que ce soit Deidara qui me soulève... Mais pas comme ça...
Le visage du blond se colora de rouge sous la surprise comme les propos, et les personnes dans la pièce sourirent, amusés par la situation.
- Elle était bien dosée cette anesthésie générale, s'amusa le médecin pendant qu'il auscultait son jeune patient.
- Il va tellement vouloir s'enterrer quand il reprendra ses esprits, réagit finalement Deidara.
Il ne put s'empêcher de regarder l'état du corps de son ami, les cicatrices récentes dues à son opération qui parcouraient son ventre et son torse. Il savait bien que Konan pourrait les refermer plus vite grâce à son jutsu, et que Sasori trouverait bien le moyen de les rendre invisibles avec le temps, mais il ne put s'empêcher de se sentir triste pour lui. Il avait déjà bien assez de traumatismes et de blessures internes, il aurait préféré lui épargner encore une marque qui lui rappellerait ce souvenir dès qu'il croiserait un miroir.

**********

Deidara regardait par la fenêtre de la chambre, repensant à ce que Sasori avait dit sous l'influence de l'anesthésie. Est ce que c'était une révélation concrète, sortie de l'esprit si secret de son ami ? Ou bien juste une connerie à ne pas prendre au sérieux. Il se retourna pour regarder son acolyte, qui s'était rendormi peu de temps après la venue du personnel. Ce dernier s'agita légèrement et ouvrit les yeux, alors le blond retourna près de lui.
- Comment tu te sens ?
Le marionnettiste grommela un instant avant de répondre, d'une voix rauque encore abîmée.
- Comme si j'étais passé sous un bus...
- J'aurais préféré attendre que tu sois en forme, mais il y a urgence. Tout à l'heure quand tu dormais, un inspecteur est venu à ma rencontre. Il compte ouvrir une enquête pour comprendre ce qu'il t'est arrivé, et s'il commence à fouiner dans ta vie tu vas très peu apprécier. Il est encore à l'hôpital, je crois qu'il pose des questions aux personnes qui t'ont géré.
- Merde.
- Tu l'as dit. On fait quoi ?
Sasori se redressa dans son lit, et son ami vint aussitôt le plaquer contre l'oreiller pour l'empêcher de se lever.
- Oh, ne fais pas n'importe quoi s'il te plaît.
Le marionnettiste ignora sa remarque, il réfléchissait déjà.
- Est ce que d'autres personnes ont posé des questions ?
- Tout le monde.
- Et tu saurais les reconnaître ?
Le blond hocha la tête. Sasori regarda sa main gauche.
- Okey, on va commencer par l'inspecteur. Tu sais où ils ont foutu ma chevalière ?
- Toutes tes affaires ont été récupérées quand tu es entré au bloc, ils sont censés te les amener prochainement, mais comme c'est pas déjà là, je suppose qu'ils ont eu des choses plus urgentes à faire.
- Tant pis, prête moi la tienne s'il te plaît.
Deidara retira Azur de son index pour lui donner, et son partenaire l'enfila à son doigt.
- Est ce que tu peux aller chercher ce type ? Dis lui que je suis réveillé, et que je veux bien répondre à ses questions.
L'étudiant aux cheveux longs acquiesça et il sortit de la pièce avec une légère appréhension. Que comptait faire Sasori avec le terrible pouvoir que renfermait la bague ?


Fanfiction Naruto - AkatsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant