Sasori respira longuement. Il sentait ses émotions se décupler et s'intensifier en lui sans qu'il ne puisse les réprimer, et si pour le moment, il parvenait à faire comme si de rien n'était, n'affichant qu'une expression impassible, il savait que cela ne durerait pas. Mais il n'avait aucun moyen d'extérioriser, Pain ne leur donnait plus beaucoup de missions de l'autre côté en ce moment, essayant d'analyser la situation géopolitique qui s'y développait, alors il n'avait rien pour passer ses nerfs. Il savait pourtant que céder à ses envies meurtrières ne faisait que le plonger davantage dans ses psychoses, et que cela ne lui procurait rien de bon, mais il était tellement perdu dans ce qu'il ressentait qu'il ne parvenait plus à lutter contre ses démons. Il ouvrit un tiroir dans sa chambre pour sortir le sachet d'herbes que Zetsu lui avait donné. En quelques minutes, il avait préparé une cigarette et l'allumait pour tirer une première taffe, laissant la fumée s'engouffrer en lui, pour finalement la souffler. La sensation d'apaisement fut presque immédiate, et il s'accouda au rebord de la fenêtre, laissant le vent frais balayer ses mèches de cheveux sauvages qui retombaient sur son front. Quand sa clope fut terminée, il s'en roula une nouvelle, rien n'était plus efficace pour endormir ses pulsions de violence et même plus généralement ses émotions intenses qui le troublaient.
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Deidara soupira en arrivant enfin devant l'immeuble, il était content de pouvoir enfin rentrer après cette journée à courir partout en ville pour acheter du matériel artistique dans diverses boutiques spécialisées. Il ouvrit la porte d'entrée et fut aussitôt surpris d'entendre de la musique aussi forte, alors que son colocataire préférait généralement le silence. Il posa ses sacs et regarda la scène qui se jouait devant lui. Sasori avait encore retourné la cuisine et préparé beaucoup trop de plats, dont beaucoup étaient vides ou copieusement entamés. Il était assis sur le rebord de la fenêtre, un tacos dans une main et un joint dans l'autre. Le blond comprit aussitôt ce qu'il s'était passé durant son absence.
- Est ce que ça va ?
Le marionnettiste sursauta avant de se retourner, et cela surprit l'étudiant aux cheveux longs. Son partenaire n'était pas facile à surprendre, il était toujours sur ses gardes, dans une attention constante relevant davantage de la paranoïa que de la prudence. Les rares moments où il se trouvait moins attentif étaient quand il atteignait un point dangereux de négligence vis à vis de sa santé, comme lorsqu'il ne dormait pas pendant plusieurs nuits à suivre, ou quand il n'était pas lucide. Les pupilles dilatées du jeune homme aux iris ambrés confirmèrent les soupçons de son ami. Sasori était tout simplement défoncé. Et pour en arriver à ce stade, lui qui était étonnement résistant à toutes sortes de substances, il devait avoir fumé plus d'une cigarette.
- Bah ouais, répondit enfin l'artiste taciturne d'une voix grave et posée, peut être un peu trop.
- Tu as encore dévalisé le frigo.
- Désolé, j'avais faim.
Deidara s'approcha doucement de lui.
- Et t'as fumé combien de joints ?
Son acolyte fixa dans le vide pendant un instant, l'air complètement perdu, puis il haussa les épaules. Le blond le fixa pendant quelques secondes, il était rare de ne pas voir le marionnettiste avec une expression glaciale et froide. En cet instant, il avait l'air ailleurs, et son visage était si doux, avec une certaine innocence étant donné son air désorienté. Deidara ne put s'empêcher de le trouver adorable, mais son manque de lucidité l'inquiéta. Il prit doucement le tacos à moitié fini de son ami pour le poser sur la table, devant le regard intrigué de celui ci, et il saisit le mégot pour l'éteindre dans le cendrier.
- Mais Deidaraaaa, tu fais quoi ? protesta l'artiste aux cheveux écarlates sans son implacabilité naturelle.
- Je pense que tu as assez fumé, et assez mangé aussi si j'en crois l'état de la cuisine. Tu vas finir par être malade.
Sasori fit la moue, ce qui le surprit, mais il ne put retenir un sourire.
- Oh allez Sori, tu vois bien que tu n'es pas toi même. Tu vas aller t'allonger un moment, il faut que tu retrouves ton état normal.
- J'ai pas envie.
- Ne fais pas l'enfant.
Voyant que son acolyte ne bougeait pas, Deidara le souleva sans ménagement, et si l'autre se débattit aussitôt avec ce qu'il lui restait de conscience et de compétences, il finit néanmoins sur l'épaule du blond, qui avait serré ses jambes devant lui, le laissant tenter de donner des coups de poing dans son dos en vain.
- Lâche moi !
Sans répondre, il l'emmena dans sa chambre et se pencha pour le faire tomber sur son lit. Sasori n'était visiblement pas content, mais l'autre lui caressa doucement la joue.
- Le toi lucide serait reconnaissant, alors cesse de bouder. Repose toi.
Il n'eut aucune réponse, alors il se leva pour le laisser tranquille, prenant soin d'emporter les feuilles à rouler et le sachet d'herbes avec lui. Juste avant de sortir, il tourna la tête et vit que Sasori le fixait avec plus d'émotions et d'affection qu'il ne l'avait jamais fait en étant dans son état habituel.**********
Le marionnettiste ouvrit les yeux, et les souvenirs récents lui revinrent en mémoire.
- Putain de merde.
Il sortit de son lit et alla se rafraîchir sous la douche avant de s'habiller d'un pantalon ample et d'un débardeur, tous deux de couleur noire. Il rejoignit le salon, et vit que la cuisine avait été rangée et nettoyée. Son colocataire était assis dans le canapé, occupé sur son téléphone.
- Tu te sens comment ?
- Honteux.
Deidara sourit, il l'aurait parié. Son ami se laissa tomber près de lui dans un mouvement las.
- C'est pas grave. Il y avait une raison au fait que tu aies fumé autant ?
- Comme d'habitude.
L'artiste aux cheveux longs savait qu'il fallait beaucoup creuser pour obtenir des informations sur ce qu'il ressentait, et il avait l'avantage de bien connaître son partenaire.
- Tu avais des envies de violence ?
L'autre hocha la tête, avant de soupirer.
- C'était plus intense cette fois, j'ai cru que j'allais faire des conneries, alors j'ai pas fait gaffe au nombre de cigarettes, c'est le seul truc qui a marché jusque là. Mais je n'aime pas l'état dans lequel ça me met. Je ne me sens pas moi même.
- T'as l'impression d'être vulnérable ?
Son équipier acquiesça. Deidara se tourna vers lui, et il posa une main sur son épaule.
- Je suis content que ça t'aide avec tes pulsions, mais tu as raison, ce n'est pas une solution durable sur le long terme, pas à cette intensité en tout cas. Je sais aussi que tu refoules toutes tes émotions parce qu'elles aussi te rendent facile à atteindre selon toi, mais vraiment, ce ne sont pas des faiblesses. Si tu parvenais à exprimer petit à petit ce que tu ressens, peut être que ça t'apaiserait, et que ce serait plus efficace que de fumer de l'herbe. Je suis là pour t'écouter, tu le sais n'est ce pas ?
Sasori resta silencieux un instant, et son ami le lâcha pour ne pas lui imposer trop de contacts. Se replaçant dans le canapé, il attendit patiemment. Et à sa grande surprise, Sasori se laissa lentement glisser jusqu'à ce que sa joue se repose sur l'épaule du blond. Le marionnettiste souffla alors, d'une voix basse et douce.
- Oui, je le sais.
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Fanfiction Naruto - Akatsuki
FanfictionDe simples étudiants. Vraiment ? Réunis dans la vie réelle par leurs études et leurs vies sociales. Réunis ailleurs par leur désir d'amener la paix par la domination totale. Et si le monde faisait face à de jeunes adultes emplis de rêves et d'ambiti...