Chapitre 37 : A croquer

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Deidara ouvrit la porte de l'appartement en soupirant, la journée avait été pénible et il était content de rentrer. Il referma derrière lui avant de se tourner pour se figer. La cuisine était agitée comme jamais, le blond aurait cru qu'un concours s'y était déroulé vu le nombre de plats, d'aliments et d'ustensiles sortis. Ce n'était pas le bazar, puisque Sasori était quelqu'un de très organisé, voire même maniaque, mais il y en avait tant que cela donnait une impression de réel désordre. Toutes les fenêtres de l'appartement étaient ouvertes alors que la température extérieure était aux alentours de zéro. Le blond posa son regard sur son colocataire qui lui tournait le dos, occupé à finir son assiette, assis en tailleur sur une chaise. Et si l'artiste aux cheveux longs en croyait le nombre de plats vides à côté de ceux qui n'avaient pas été entamés, son ami n'en était pas à son premier dîner de la soirée.
- Euh... Sasori ?
Le marionnettiste tourna la tête pour découvrir l'expression perplexe de son ami, qui ouvrit la bouche pour le questionner, mais il prit la parole le premier, ayant avalé ce qu'il avait dans la bouche quelques secondes auparavant.
- Ta gueule, si tu fais le moindre commentaire, c'est toi que je bouffe.
Deidara écarquilla les yeux, surpris par son comportement et ses paroles.
- Mais putain, il t'arrive quoi ce soir ?
L'autre haussa les épaules avant de saisir un nouveau plat. D'un pas rapide, le blond s'avança pour être prêt de lui et il lui saisit la mâchoire pour le forcer à le regarder. Ses iris ambrés si intenses étaient presque cachés par ses pupilles, fortement dilatées.
- T'as pris un truc ?
En temps normal, son colocataire se serait vite dégagé d'une telle emprise, mais Sasori resta parfaitement immobile, clignant simplement des yeux tout en le regardant. Il n'avait pas l'air énervé, il semblait juste présent, spectateur d'une scène qui lui était indifférente. Enfin, c'est ce que Deidara aurait pensé s'il n'y avait pas eu un tel éclat dans ses iris dorés, prouvant à quel point il était réceptif au geste soudain de son partenaire. Sasori répondit finalement.
- Zetsu est venu cet après midi, il a dit que tu avais parlé de ton inquiétude sur mon attitude, et il m'a proposé une solution.
- Oui, c'est vrai, il m'avait dit qu'il pensait à quelque chose. Et donc, il a fait quoi pour que tu te retrouves à bouffer comme si t'avais rien avalé depuis six ans ?
- Il m'a fait fumé son herbe, ça marche bien, mais qu'est ce que ça me donne la dalle.
Deidara afficha une nouvelle fois une expression surprise, il lâcha finalement la mâchoire de son acolyte et se laissa tomber sur la chaise près de lui.
- T'es en train de me dire que t'es défoncé parce que Zetsu t'a fait fumé son cannabis ?
Sasori profita qu'il l'ait laissé pour reprendre une bouchée, qu'il mâcha avant de reprendre.
- J'suis pas défoncé, il m'a expliqué que le dosage léger n'avait pas beaucoup d'influence sur la lucidité, en revanche ça apaise vraiment mon esprit, je suis super calme.
Le blond haussa un sourcil.
- Calme ? C'est pour ça que la première chose que t'as dit, c'est que tu allais me bouffer ?
- Naaaaan, mais c'est juste que j'ai trop faim, et que je voulais pas que tu me juges en sortant je ne sais quelle connerie.
Deidara le fixa un instant, interdit, avant de soupirer.
- Bon, ok, si tu veux. Je vais aller prendre une douche, j'suis rincé par cette journée. Tu me laisseras manger un peu ou t'as besoin de tout ce que t'as préparé pour te rassasier ?
- Non t'inquiètes tu peux en prendre, je suis large, il y a encore un poulet dans le four en plus.
L'étudiant aux cheveux longs soupira à cette réponse, et il se leva avant de traverser le salon, retirant son t-shirt. Un frisson le parcourut, et il alla fermer les fenêtres pour empêcher le froid d'entrer avant d'aller dans sa chambre. Sasori se pencha pour passer la tête derrière le mur et le regarder, ou plus exactement, pour laisser ses yeux redessiner la silhouette fine et musclée de son colocataire, ainsi que son dos si bien bâti, et les longs et sublimes cheveux blonds qui glissaient dessus. Il avait vraiment faim. Prenant conscience de ses pensées, il se replaça devant son assiette pour ne plus penser à Deidara. Il avait beau être lucide, il lui fallait faire attention à ne pas laisser ses pulsions ressortir, après tous les efforts qu'il avait faits durant sa vie pour les contenir au fond de lui. Il savait pertinemment qu'en lui se cachait des envies qui le dépasseraient complètement s'il les libérait. La violence n'était pas la seule force en lui qui pouvait lui causer des problèmes.


**********


Sasori sortit de sa chambre en baillant. Deidara, qui était installé à son bureau à dessiner quelques croquis, leva la tête.
- Hey, bien dormi ? Ta faim s'est calmée ?
- Mmh... Euh, ouais...
- Tu sais Saso, si ça marche, franchement j'ai pas envie de te décourager, mais va falloir qu'on prévoit plus large pour faire les courses si ça te donne une dalle pareille à tous les coups.
- Mmmh.
- Tu te rends compte que t'as utilisé près de deux semaines de courses ? Genre, t'as du faire trente repas en une soirée, c'est pas humain. T'es pas malade ?
Le marionnettiste secoua la tête.
- Non, je vais bien.
Il se laissa tomber dans le canapé, à moitié allongé, à moitié avachi, et il sortit son téléphone pour aller checker l'actualité sur les réseaux. Le blond le regarda un instant, se demandant comment il était parvenu à gérer autant de nourriture avec son petit gabarit, et aussi comment il arrivait à être aussi bien foutu, avant de revenir à son carnet. Il hésita un instant, avant de reposer son attention sur son colocataire.
- Saso ?
- Quoi ?
- Tu voudrais être mon modèle ? Je dois faire plusieurs croquis de corps humains pour mon cours, j'suis pas très inspiré, tu me laisses te dessiner ?
Sasori leva les yeux de son écran, et Deidara se sentit mal à l'aise ainsi analysé par ces iris ambrés si intenses.
- Ouais si tu veux. Mais si tu dois dessiner des corps, t'as peut être des consignes plus précises ?
- Euh oui, c'est genre vraiment le corps, du coup si tu peux être torse nu ce serait mieux... Enfin si tu veux bien.
L'autre haussa les épaules et il se redressa avant de retirer son haut pour le poser sur l'accoudoir. Il s'assit en tailleur et fixa le blond.
- Comment je dois me mettre ?
- Là comme ça c'est bien, tu bougeras après pour que j'ai plusieurs poses et différents angles.
Soucieux de faire vite pour ne pas mettre à rude épreuve la patience limitée de son ami, Deidara entreprit de faire glisser la mine de son crayon sur le papier, immortalisant l'apparence de son modèle. Il put profiter de l'exercice pour l'observer comme il n'osait pas le faire en général, et encore une fois, il se sentit happé par l'air angélique du marionnettiste, qui cachait bien son jeu. Son visage était d'une douceur déroutante si on oubliait son regard glacial, et son corps était digne d'Apollon lui même. Quand il eut terminé le premier croquis, il lui demanda de s'allonger, et Sasori s'exécuta, se plaçant avec nonchalance. Mais malgré sa désinvolte et son aise de façade, le blond remarqua qu'il ne le regardait pas, il avait sans cesse les yeux rivés ailleurs, et cela le surprit. Il n'avait pas l'habitude de voir son acolyte détourner les yeux. Se pourrait-il qu'il soit gêné d'être ainsi observé ? Mais pourquoi ? Deidara se força à ne plus y réfléchir pour rester concentré sur ses dessins. Le comportement de Sasori l'étonnait de plus en plus depuis quelques temps, et il ne savait pas pourquoi son attitude était différente.

Fanfiction Naruto - AkatsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant