Chapitre 41 : Juste pour cette expression

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Le jeune homme attendait devant le bureau. En face, une femme d'une quarantaine d'années faisait alterner son regard entre les différents papiers qu'elle avait devant elle.
- Oui, effectivement, tout est complet pour votre dossier. Je vois que vous êtes étudiant, est ce que vous allez payer vous même ?
- Oui.
- Vous savez que si vous rencontrez des difficultés, les heures vont s'accumuler, je ne voudrais pas que cela vous mette dans une situation dangereuse.
- Ne vous inquiétez pas, j'ai de l'argent de côté, et en général j'apprends très vite.
- Entendu. Il y a une session de code dans la pièce à côté d'ici dix minutes, prenez un boîtier sur l'étagère.
Son interlocuteur acquiesça simplement. En arrivant dans la salle, il se laissa nonchalamment tomber sur une chaise au dernier rang avant de se passer une main lasse dans les cheveux, décoiffant un peu plus ses mèches sauvages d'un rouge écarlate. Dans les minutes qui suivirent, quelques personnes le rejoignirent dans la pièce, mais personne ne vint lui parler, et il se concentra sur l'écran géant projeté sur une toile blanche, sans porter d'attention au reste. Quand la séance se termina, la formatrice revint dans la salle pour la correction.
- Bien, je vais déjà consulter sur l'ordinateur vos résultats pour voir quelques points aborder en priorité.
Elle s'assit au bureau au fond de la salle et laissa ses yeux balayer l'écran de l'appareil.
- Qui a le boîtier numéro vingt-trois ?
Sasori leva légèrement la main pour indiquer que c'était lui, et la formatrice hocha la tête.
- Venez me voir à la fin de la séance s'il vous plaît.
La correction sembla durer une éternité pour le marionnettiste, qui détestait attendre. Quand la salle se vida enfin, et qu'il fut seule avec la femme, il se leva pour aller se placer face au bureau, posant son boîtier avec ceux des autres personnes.
- C'était la première fois que vous faisiez une série de code ?
- Oui.
- Sans aucune expérience dans le domaine ?
- J'ai lu le livre du code.
La femme sembla impressionnée.
- Quand vous disiez que vous apprenez vite, je ne pensais pas que c'était à ce point. Vous n'avez fait aucune faute, même avec beaucoup de chance c'est très improbable.
- J'ai trouvé ça très intuitif en fait.
Le jeune homme ne semblait pas particulièrement intéressé par le fait d'avoir fait quelque chose de surprenant.
- On va attendre vos résultats suivants avant de prendre une décision concrète, mais je pense que vous pourrez passer l'examen très vite.
- Tant mieux. Je peux y aller ?
- Oui bien sûr, bonne soirée Sasori.
Il ne renchérit pas, la salua d'un bref signe de tête avant de quitter la salle, puis le bâtiment.


**********


Deidara soupira, il s'ennuyait. Quand il était rentré, il avait constaté que son colocataire était absent, et comme d'habitude, celui ci n'avait pas pris la peine de l'avertir. Il avait tenté de lui téléphoner, mais il était tombé sur la messagerie, son ami était donc encore dans ce monde. Mais où ? Il s'était alors affalé dans le canapé, attendant que le temps passe. Il n'avait pas envie de travailler, ni d'allumer la télévision pour regarder un série, alors il ne faisait rien. Le blond prit conscience qu'il aimait quand son partenaire était là, il aimait lui parler, ou bien quand il se disputaient, il aimait son contact, et même son caractère difficile, bien qu'il ne l'avouerait jamais. Deidara préférait même quand le marionnettiste était enfermé dans sa chambre, sans lui parler, mais bel et bien présent. C'était comme s'il avait besoin de ressentir l'aura si intense de son acolyte. Pendant un long moment, il resta immobile, dépérissant sur le canapé, avachi de façon grotesque, et glissant au fur et à mesure tant il ne se tenait pas droit, tant il n'était pas stable. La porte d'entrée s'ouvrit alors sur Sasori, et le regard du blond s'illumina.
- T'étais où ? demanda-t-il aussitôt. Pourquoi tu m'as rien dit ?
L'artiste aux cheveux rouges haussa un sourcil tout en entrant dans le salon.
- Depuis quand je dois te tenir informé de ce que je fais ?
Habituellement, ce genre de réponse aurait provoqué l'énervement du fan de pyrotechnie, mais il jubila, il avait très envie de conflit, pour combler son ennui.
- Tu parles trop mal encore, tu sais très bien que je m'inquiète facilement !
- T'as pas besoin, j'suis organisé et autonome, je me débrouille. Me prends pas pou un gosse de douze ans hein.
Deidara sourit.
- Non t'as pas douze ans, même si t'en as la taille, mais désolé, depuis que t'as passé quelques semaines séquestré de l'autre côté, je m'inquiète dès que tu disparais.
Il vit le visage de son ami se renfrogner, et il fut satisfait d'avoir visé juste. Le marionnettiste avait beau contrôler avec talent ses expressions, à force d'habitude et de temps, Deidara était capable de discerner les moindres changements sur son visage, une chose avec laquelle Sasori avait vraiment du mal par ailleurs, se sentant prévisible et donc en danger.
- Mais tu me cherches volontairement là, tu veux te battre encore ? Cette fois je vais t'éclater, je ne suis plus blessé maintenant !
Le blond éclata de rire.
- Oh, t'es vraiment trop facile à agacer, vraiment c'est hilarant.
- Mais tu te paies vraiment ma tronche ?!
- Bah oui ! Tu vas faire quoi même ?
- T'étriper.
Sasori profita qu'il soit allongé sur le canapé pour le saisir dans le but de lui faire passer l'envie de rire, mais cela ne fit qu'augmenter l'amusement de l'étudiant aux cheveux longs, qui était visiblement très heureux de ce conflit enfantin. Ne voulant pas être étranglé, il attrapa les poignets de Sasori, et celui ci força pour s'extirper de sa poigne, leur combat devant une simple épreuve de force. Finalement, Deidara profita du fait que son colocataire ne prenait pas ce combat au sérieux, qu'il n'utilisait pas ses capacités réelles, et il le fit basculer sur le dos, maintenant ses poignets au dessus de sa tête. Le blond le surplombait, mettant tout son poids pour être sûr que son ami ne pourrait pas se dégager, et effectivement, après quelques tentatives, l'étudiant aux cheveux rouges pesta.
- Mais lâche moi putain !
- Bah alors, roucoula insolemment Deidara, je croyais que tu voulais m'étriper ? Tu n'as pas dit que puisque tu n'étais plus blessé, tu allais m'éclater ? T'es pas si fort que ça finalement.
Le marionnettiste lui jeta un regard noir, il ne pouvait rien faire de plus dans cette posture.
- Mais tu continues à me chercher en plus ?
- Ouais, tu vas faire quoi ?
L'artiste aux yeux ambrés pesta, insultant l'intégralité de l'arbre généalogique de son ami en marmonnant.
- Tu sais très bien que j'ai pas été sérieux, sinon je t'aurais explosé et t'aurais pas cette insolence, finit-il par dire.
- Je sais, mais j'ai profité de ça et du coup maintenant t'es bloqué.
Sasori était visiblement vexé.
- Oui bon, maintenant que t'es content d'avoir gagné, tu me lâches ?
Le blond ne put s'empêcher de rire, ce qui agaça son interlocuteur.
- Mais quoi encore ?!
- Désolé, mais ta voix sèche et vexée là, ça me termine. Et pour te répondre, non, je crois bien que je trouve ça très drôle de te voir immobilisé comme ça. Tu vas faire quoi si je te lâche pas, à part râler ?
Il baissa ses yeux azurs sur son partenaire sous lui, le fixant avec beaucoup d'amusement, et d'insolence, comme s'il le défiait. Mais Sasori, sans comprendre pourquoi, se sentit perturbé par ce regard provocateur, il fut happé par ce bleu océan, et sa colère s'évanouit, au profit d'une sensation étrange. Son coeur rata un battement, et sa respiration s'accéléra, il paniquait à l'idée de perdre le contrôle de ses réactions, et il se maudit au moment où il sentit que le haut de son visage se teintait de rouge. Deidara fut surpris de voir ce changement progressif, déjà ce n'était pas habituel de voir Sasori ainsi, mais là, il avait pu l'observer pleinement pendant ce court instant, et cela le chamboulait. Il n'avait qu'une envie, continuer de voir cette expression, l'accentuer, en être la cause, et la voir se répéter dès qu'il s'approcherait de son ami. Le blond ne se rendait pas compte que, perdu dans ses pensées, il était en train de dévorer des yeux son colocataire, qui s'en retrouvait toujours plus perturbé. Jamais Sasori n'avait autant détesté attendre qu'à cet instant précis, tout son corps s'était figé, il n'essayait plus de lutter contre la poigne de son partenaire depuis déjà un moment, quelque chose en lui s'était éveillé et le consumait de l'intérieur, et le fait que le blond ne fasse rien le rendait dingue. Chaque seconde qui passait lui faisait perdre la raison, et ses joues avaient la même teinte que ses cheveux, une réaction qu'il abhorrait complètement, sans pouvoir la contrôler. Leurs corps étaient trop proches, et en même temps trop loin, le marionnettiste était en plein supplice, les pupilles dilatées, sans comprendre, sans pouvoir rien faire, aussi entravé par sa fierté qu'il ne l'était pas les mains de son acolyte. Spontanément, il laissa échapper une plainte sonore, qui relevait plus du gémissement que d'une protestation, et cela ramena Deidara à la réalité. Une seconde fois, il fut surpris de ce qu'il vit sous ses yeux, mais embarrassé à l'idée d'être aller trop loin, de déplaire à son ami, il se recula aussitôt, lâchant enfin les poignets de l'artiste aux yeux ambrés.
- Oh, désolé !
Il n'eut pas le temps de dire autre chose que Sasori bondissait hors du canapé pour aller s'enfermer dans sa chambre.

Fanfiction Naruto - AkatsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant