Chapitre 63 : Le mot de trop

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Les membres de l'Akatsuki étaient réunis dans le salon de l'appartement des artistes. Deidara distribuait des verres à tout le monde, tout en donnant des nouvelles de Sasori, racontant les évènements en détail. Le concerné était toujours dans sa chambre, endormi, un état justifié. Même si deux semaines s'étaient écoulées depuis son hospitalisation, le jeune homme était resté enfermé, prenant le temps de se remettre. Konan était venue plusieurs fois compléter les soins avec sa technique médicale ninja, et si les blessures n'étaient maintenant qu'un souvenir, le marionnettiste se fatiguait vite, ce que la kunoichi pensait du à son surmenage général depuis de nombreux mois. Le repos lui avait été imposé, et pour une fois, il n'avait pas protesté. Les étudiants s'installèrent tranquillement, parlant de leur ami, mais aussi de leurs journées, et d'autres sujets plus insignifiants, jusqu'à se taire en entendant la porte de la chambre à gauche du salon s'ouvrir. Sasori sortit, les cheveux encore plus sauvages que d'habitude, vêtu d'un pantalon ample et d'une veste à capuches ouverte sur son torse. Il laissa son regard ambré balayer l'assemblée, avant de se diriger dans la cuisine.
- Qu'est ce que vous foutez ici ? dit-il en se déplaçant.
- Et bien, quel accueil chaleureux, railla Hidan, t'as l'air content de nous voir, ça fait plaisir.
Un soupir lui répondit.
- Commence pas toi, boucle la.
L'immortel se sentit piqué, puisqu'il renchérit aussitôt, avec agacement.
- Non mais je rêve ?! On était venus prendre de tes nouvelles espèce d'immense connard. Tu vas vraiment me dire de la fermer alors que je fais simplement remarquer que tu te comportes comme un con en nous voyant ?!
- Ouais, répondit simplement la voix du marionnettiste depuis la cuisine.
Deidara se pencha vers les autres pour murmurer.
- Il est d'une humeur de chien en ce moment.
Kisame répondit sur une intonation soufflée similaire.
- J'ai envie de dire, ça change pas de d'habitude.
Si tous s'étaient adaptés au caractère de leur ami, Hidan semblait décidé à ne pas laisser passer son attitude, il se sentait énervé par le manque de respect du blessé, pour qui il s'était levé plus tôt afin de lui rendre visite. Quand Sasori revint dans le salon, une tasse de café dans la main, il se planta face à lui, ce qui obligea l'artiste aux cheveux rouges à lever la tête pour soutenir son regard, puisqu'il était plus petit.
- Personne ne te dit jamais rien, donc t'as grave pris la confiance, asséna-t-il avec colère, mais tu parles trop mal, j'suis pas ton chien t'entends ?!
- Fous moi la paix.
Il n'y avait pas la moindre réaction chez son interlocuteur, et c'est précisément ça qui énervait autant l'homme aux cheveux argentés. Il n'avait pas de problème à se disputer avec quiconque, à voir les autres crier, mais il trouvait insupportable que quelqu'un puisse se maîtriser comme le faisait Sasori. Il n'aimait pas ce calme tranquille, ce sang froid inhumain, il n'aimait pas le savoir le mépriser de ses iris dorés, il n'aimait pas cette indifférence et encore moins avoir conscience que cela dissimulait bien plus de danger que lui. Si son interlocuteur s'était énervé, il aurait lui même réagi avec moins d'intensité. C'était puéril, mais il s'en fichait. Hidan savait appuyer sur les faiblesses, et il avait bien l'intention de soulager ses émotions en voyant l'autre succomber aux siennes, il savait maintenant qu'elles existaient, et qu'elles étaient intenses, malgré les apparences. Il eut un rictus mauvais.
- Putain ce que tu peux être arrogant. Tu me fixes comme si t'attendais tranquillement que je me lasse, comme si t'avais rien à faire de tout. Si tu savais comme ça m'énerve.
Il se rapprocha encore, se tenant maintenant à quelques millimètres du marionnettiste, qui posa machinalement sa tasse sur un meuble d'à côté sans lâcher des yeux l'homme qui s'imposait dans son espace vital. Kakuzu semblait avoir deviné ce que son équipier comptait faire.
- Hidan, ça ne vaut pas le coup, ça va se retourner contre toi.
L'interpellé ignora cette mise en garde.
-T'as plus besoin de te cacher tu sais Saso... Maintenant, avec tous les évènements de ces derniers mois, on sait très bien que c'est faux, ce masque d'impassibilité que tu affiches. T'as le contrôle de rien en fait, et ça doit bien te faire chier de t'en rendre compte, vu comment tu es maniaque de tout maîtriser. Mais la vérité c'est que t'en es incapable, tout puissant que tu es. T'es une merde, pas mieux que nous autres, tu t'efforces de développer ce que tu appelles de l'art, mais c'est juste une façon de te voiler la face. Malgré tes capacités, t'as pas été foutu de prévoir les évènements, t'as failli nous claquer dans les pattes deux fois déjà, on a été obligés d'aller te chercher. Bah tu sais quoi, on aurait peut être mieux fait de te laisser là bas le premier coup. Surtout pour voir comment tu t'autodétruis tout seul, putain quelle perte de temps. Pauvre petit Sasori à la vie tragique qui relève la mode emo avec brio à paraître edgy tout le temps, comme si on en avait quelque chose à péter. Avec ton incompétence, t'as même failli à ta mission de sauvetage de ton équipier, t'aurais pu le faire tuer, ton cher Deid...
Si le marionnettiste avait encaissé chaque phrase sans rien manifester, il avait néanmoins senti sa colère s'intensifier en lui, et ses envies de violence remonter. Il avait tenu jusqu'à ce que l'immortel prononce le nom du blond. Son regard s'était voilé et il avait soudainement attrapé la gorge de sa main droite pour le plaquer avec force contre le mur, faisant trembler l'appartement. Sa main gauche avait subtilisé avec précision la chevalière de l'autre, pour la jeter au sol, et une lame était soudainement apparue entre ses doigts, pour venir se poser sous le menton de l'étudiant. Derrière eux, les autres avaient étouffé un même hoquet de surprise, choqués. Hidan, lui, observa attentivement le marionnettiste, son torse nu que la veste ne couvrait pas se soulevait plus rapidement, signe de l'émotion qui ressortait, et son visage avait troqué son air inexpressif pour un air menaçant, toujours glacial mais manifestement visible. Le regard ambré du jeune homme était assassin. Ce n'était pas un coup de pression de sa part, il mourrait d'envie de le tuer. Un grand sourire étira les lèvres de l'impertinent. Il adorait cette vision, il adorait le fait d'avoir enfin réussi à faire de l'effet à ce type, à lui faire perdre contenance. Il commença à rire, les yeux exaltés.
- C'est donc ça qui te fait réagir ? Ooooh, si tu savais à quel point je suis fan de ce qu'il se passe. C'est tellement savoureux de te voir ainsi, perdre les pédales. Tellement plus satisfaisant que de juste te voir buter des gens.
Il avança la tête autant qu'il le pouvait, appuyant sa gorge contre la paume de l'autre, et contre sa lame, pressant son corps contre celui qui le maintenait.
- Oh, vas-y Sasori, plonge cette arme en moi, t'en meurs d'envie, vas-y, prouve à tout le monde que personne ne compte pour toi. Personne, à part Deida...
Dès qu'il commença à nommer le partenaire du marionnettiste, celui ci esquissa un geste pour terminer ce qu'il avait commencé, ne supportant pas ses paroles provocatrices, ni son intonation traînante, à l'insolence poussée à l'extrême. Une main saisit soudainement son poignet , un bras s'enroula autour de sa taille, et il fut brusquement tiré en arrière. Il jeta un regard derrière son épaule et aperçut Kakuzu, dont la carrure bien plus massive que la sienne et dont la force pouvait le retenir, il se débattit aussitôt, prêt à se battre, jusqu'à ce que Deidara apparaisse devant lui.
- Sasori, stop !
L'artiste aux cheveux écarlates plongea dans le regard azur de son partenaire, et il cessa dans la seconde de lutter, bien que toujours maintenu par Kakuzu par sûreté. Hidan, un immense sourire aux lèvres, fixa l'homme qu'il avait provoqué tout en se baissant pour récupérer sa chevalière tombée au sol. Il en riait, mais il avait ressenti un stress conséquent quand le marionnettiste l'avait privé de cette bague qui lui offrait l'immortalité. D'habitude, quand il cherchait à l'agacer, il se savait protégé par son pouvoir, là, il s'était retrouvé sans défense. Mais ce danger ne l'avait pas empêché d'apprécier l'instant, au contraire. Après un instant, l'étudiant en commerce relâcha le jeune homme, et ce dernier attrapa sa veste pour la remettre en place sur son épaule, le vêtement ayant glissé pendant qu'il s'agitait. Tous avaient pu voir sur son torse les hématomes encore bien marqués sur sa peau si pâle. Sasori reprit son expression impassible et il traversa le salon sans leur adresser un seul regard pour retourner dans sa chambre, s'y enfermant. Deidara fixait la porte close, se demandant s'il devait aller lui parler, ou lui laisser un peu de temps. Hidan ricanait, visiblement fier de lui, et Kakuzu laissa le plat de sa paume claquer contre l'arrière du crâne de son acolyte, produisant un son particulièrement fort.
- Tu aurais complètement mérité que je le laisse te tuer, lâcha-t-il froidement.
- Moi je l'aurais laissé mourir, confirma Kisame avec un sourire.
Konan affichait un air sévère, elle se planta devant Hidan, et ce dernier se demanda si elle n'allait pas le frapper à son tour.
- Est ce que tu es inconscient ou juste complètement idiot ?! On essaie de trouver comment aider Sasori depuis des mois, tu crois vraiment que son état peut durer comme ça ? C'est quoi ton but, empirer les choses ? Lui rajouter des traumas ? Le rendre encore plus dangereux ? Il va se passer quoi pour lui s'il commence à tuer ici, s'il s'en prend à nous ?! On essaie de l'aider merde, on est ses amis, à quoi tu joues Hidan ?!
Il ne répondit rien, il avait trouvé cela exaltant sur le moment, mais après réflexion, il se rendait compte des conséquences que cela pourrait avoir sur le groupe entier si Sasori vrillait. La jeune femme se tourna vers Deidara, et posa sa main sur son épaule.
- La bonne nouvelle dans tout ça, c'est que je crois qu'on a une vraie piste pour l'aider.
- Laquelle ? demanda le blond en posant son regard sur elle.
- Toi, Dei. Il était prêt à se battre, ta simple intervention l'a arrêté. Je crois vraiment que ma théorie se confirme. C'est toi, la solution.


Fanfiction Naruto - AkatsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant