Chapitre 6 : Origines

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Sasori entra dans l'appartement en poussant un léger grognement agacé, gêné par le poids de son colocataire. Plongé dans un sommeil semi conscient, Deidara s'était accroché au cou de son ami en enroulant ses bras autour de lui. Le nez plongé dans les cheveux rouges et ébouriffés de son acolyte, il tentait par moments de parler, sans réel succès. Le jeune homme porta le blond jusqu'à sa chambre après avoir retiré leurs chaussures et il le laissa glisser de son dos pour le déposer sur son lit. Toutefois, au moment où Deidara sentit son corps descendre, il resserra sa prise autour de Sasori, l'entraînant en arrière avec lui.

- Mais c'est pas vrai, pesta ce dernier en sifflant de contrariété.

Allongé sur le lit et serrant son ami dans ses bras, Deidara gémit de douleur tant il avait mal à la tête. Légèrement inquiet, le marionnettiste se tourna pour lui faire face et il posa sa main sur son front pour contrôler sa température. A ce contact, le garçon impulsif ouvrit doucement les yeux et quand il reconnut son interlocuteur, ses lèvres s'étirèrent doucement. D'un geste instinctif, le blond plongea son visage dans le cou de l'autre, s'accrochant à son t-shirt pour le maintenir contre lui.

- Reste avec moi Saaasoriiii... murmura l'étudiant d'une petite voix.

Le souffle de son colocataire sur sa peau le fit frissonner, mais il ne dégagea pas Deidara, et, après avoir soupiré, exaspéré, il acquiesça. L'autre sourit contre son cou avant de replonger dans le sommeil, profondément cette fois. Le garçon taciturne roula des yeux, plaça la couverture sur eux, puis il glissa ses doigts dans les cheveux longs de son ami, retirant l'élastique qui les attachait, pour laisser la grande cascade dorée du jeune homme se dérouler sur ses épaules.


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Sasori ouvrit doucement les yeux, réveillé par la lumière du soleil. Il n'avait pas pensé à fermer le store en rentrant, il devait être encore tôt. Contre son torse, Deidara dormait paisiblement, nullement gêné par la luminosité. Les yeux du marionnettiste planèrent un instant sur la pièce avant de se poser sur le réveil. L'appareil indiquait sept heures trente. L'étudiant essaya de se relever, sans succès, le poids de son colocataire sur lui empêchant tout mouvement. Il hésita un instant à le réveiller, mais il préféra le laisser dormir, conscient que le blond avait besoin de sommeil après l'alcool ingéré pendant la nuit. Il regarda de nouveau la pièce, ennuyé d'avance à l'idée d'attendre et roula des yeux en constatant l'état de la chambre de son ami. Toutes ses affaires étaient éparpillées au sol, des objets mélangés à des vêtements roulés en boules, des dessins et autres travaux d'arts plastiques, ou encore à des cartons et sacs vides ou à moitié remplis de choses non identifiables. Il songea mentalement à avoir une discussion sérieuse avec son partenaire. Ce dernier bougea un instant, attirant son attention. Ses iris froids rencontrèrent l'éclat argenté de la bague bleue qui décorait l'index droit de Deidara. Il leva sa propre main pour l'approcher de celle de son acolyte, plaçant son bijou sous son regard. Le violet de la sienne brillait doucement à la lumière. L'Orbe. Sa chevalière portait ce nom japonais, inscrit avec légèreté au centre de la pierre. Celle de son colocataire s'appelait Azur. Tandis que le jeune homme se perdait dans la contemplation des deux bagues, il sombra peu à peu dans ses souvenirs.


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Le jeune homme soupira. Il déambulait entre les stands depuis maintenant plusieurs heures sans trouver de quelconque intérêt. Il venait tout juste d'avoir dix huit ans et l'hiver approchait doucement. Il avait récemment emménagé avec son ami d'enfance dans un appartement près de son école d'arts appliqués, quittant le domicile de sa grand mère sans même l'avertir. La vieille femme le connaissait suffisamment pour ne pas se poser de questions, elle s'en doutait, aussi n'avait-elle pas été étonnée de ne plus voir son petit fils rentrer le soir même de sa majorité. Il avait tout organisé à l'avance, préparant minutieusement son départ. Une brise glaciale se leva et il referma son manteau en avançant dans les rangées. Novembre commençait à peine et les vacances se terminaient tranquillement tandis que le froid se faisait ressentir progressivement. Il était sorti en fin de matinée, agacé par la musique élevée de Deidara dans leur salon, avait marché jusqu'à la brocante annuelle et se baladait depuis dans les allées, ses iris balayant les différents objets en vente. Il s'arrêta devant un coffre de petite taille, abîmé et assez vieux, mais décoré de façon sublime, bien que simple. Il s'approcha du stand et saisit l'objet des mains, attiré par ce dernier, le regardant sous tous les angles. Il ouvrit doucement la boîte et admira l'intérieur. Il eut alors un étrange pressentiment et, avec minutie, il laissa ses doigts coulisser sur la paroi, déclenchant l'ouverture d'un double fond qui révéla des bagues argentées sublimes assorties de pierres colorées, chacune portant une inscription unique. Le jeune étudiant referma précautionneusement le coffre avant de se tourner vers son propriétaire.

- Combien pour ça ? demanda-t-il sans perdre de temps en paroles inutiles.

- Cette vieillerie t'intéresse petit ? Ce n'est qu'une boîte moisie que j'ai retrouvée dans le grenier de mes parents, je ne pensais même pas la vendre.

Sasori roula des yeux, agacé par l'appellation comme le récit futile.

- Je demande le prix.

- C'est dix euros.

Le garçon aux cheveux écarlates eut ainsi confirmation que son interlocuteur n'avait aucune idée de la présence des bagues. Il sortit un billet de sa poche et quitta la brocante tandis que le marchand lui souhaitait une bonne journée.


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Sasori était assis en tailleur sur son lit, les yeux rivés sur le coffre ouvert devant lui. Le double fond était posé sur le côté et les dix chevalières brillaient doucement à la lumière du jour qui filtrait par la fenêtre. Après son achat, il était directement rentré, avait ignoré avec talent son colocataire et s'était enfermé dans sa chambre. Il tendit doucement sa main pour saisir la bague à la pierre violette et il la fit doucement tourner entre ses doigts. Le bijou portait comme inscription le kanji « Orbe ». Il glissa l'objet autour de son pouce gauche et ce dernier se mit à briller étrangement. Il ferma les yeux, ébloui, et sentit ses cheveux rebelles se balancer au rythme d'un vent glacial. Ses paupières s'ouvrirent et le jeune homme remarqua qu'il n'était plus chez lui mais dans une plaine de hautes herbes, assis sur un rocher. Il balaya son regard sur le lieu, cherchant une explication rationnelle. Soudain, sans sans savoir d'où venait son réflexe, il sauta de la roche pour voir des kunaïs foncer à l'endroit précis où il se tenait. Le jeune homme leva la tête et aperçut un ninja sortir du décor, lames en mains et l'attitude menaçante.

- Que fais tu là toi ?! cria le shinobi. Tu es un espion ?

- Non, répondit calmement Sasori sans perdre son sang froid. Je ne sais même pas ce que je fais dans ce lieu.

- C'est ça, prends moi pour un abruti. Peut être que te trancher la peau te rendra plus honnête.

L'homme se jeta sur l'étudiant, prêt à le découper de ses armes aiguisées. Le garçon aux cheveux écarlates, toujours porté par son étrange instinct, déchira son t-shirt pour laisser sortir de son ventre un câble enduit d'un liquide violet qui transperça son adversaire avec virulence, s'aspergeant de son sang pour ensuite le rejeter plus loin. Il baissa lentement ses iris sur lui même pour découvrir que son corps était maintenant celui d'une marionnette armée. Il écarquilla légèrement les yeux, admirant chaque détail de sa forme. Prenant une grande respiration pour réfléchir, il ferma les paupières et sentit le vent cesser de balayer ses mèches écarlates. Un grand bruit sourd se répandit dans ses tympans et il se sentit tomber avec fracas, son regard s'ouvrant brusquement pour voir de nouveau sa chambre. Il était allongé sur le sol, le coffre était renversé sur son lit. Lentement, il se redressa sur ses coudes, juste avant de voir Deidara ouvrir brutalement la porte de sa chambre.

- Sasori !? C'était quoi ce bruit ? Tout va bien ?

Il se figea en apercevant son colocataire sur le parquet, le t-shirt déchiré et le visage comme le corps couverts d'un sang qui n'était pas le sien puisqu'il n'était blessé nulle part.

- Qu'est ce que c'est que ce bordel... souffla le blond, désemparé.

Fanfiction Naruto - AkatsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant