Chapitre 64 : Mis de côté

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Le mois d'avril s'était déroulé lentement, Pain avait décidé de ménager un maximum le duo d'artistes, et plus particulièrement le marionnettiste. Ce dernier avait repris tranquillement son semestre à l'école d'Arts, passant avec brio ses oraux, jusqu'à finalement valider son année en avance au début du printemps. Il avait été tenu à l'écart du groupe, et c'était mieux ainsi. Konan pensait qu'éloigner un peu le jeune homme de l'autre côté pourrait atténuer ses besoins de violence, et tout le monde avait trouvé que la méthode fonctionnait bien. Jusqu'à ce que Deidara leur apprenne que son colocataire se rendait toujours là bas seul, et qu'il comblait ses pulsions en faisant des expériences toujours plus risquées, et toujours plus sordides. Il avait fait de son mieux pour l'occuper dans leur monde, en lui proposant des sorties, en l'intéressant à toutes sortes de choses, mais Sasori finissait toujours par trouver comment s'isoler. L'étudiant aux cheveux roux se décida donc de cesser de le tenir à distance des évènements, il organisa une soirée dans l'appartement qu'il partageait avec Konan, et invita l'Akatsuki dans son intégralité. Il espérait que les choses se passeraient bien entre Hidan et Sasori, qui ne s'étaient pas revus depuis que le marionnettiste avait failli tuer l'autre. Les deux artistes, encore chez eux, se préparaient. Deidara, pour une fois prêt avant l'heure de départ, alla voir dans la chambre de son colocataire, qui tourna la tête vers lui.
- Quoi ?
- Est ce que ça va aller ?
Le marionnettiste fronça les sourcils.
- Pourquoi ça n'irait pas ? Je ne suis pas du cristal, ta façon de sans cesse t'inquiéter est assez agaçante.
Le blond soupira.
- C'est pas ça Sori, c'est juste que la dernière fois qu'on a été tous réunis, t'as failli tuer Hidan.
Sasori détourna les yeux.
- Je me souviens. Je vais me contrôler.
Deidara s'approcha de lui et il posa sa main sur son épaule.
- J'ai confiance en toi. Tu t'en sortiras, je sais que tu luttes constamment contre tout ce que tu ressens, ça doit être épuisant. Je suis là si tu as besoin.
Sa main se déplaça sur la joue de son ami, et ce dernier ferma les yeux, se laissant aller au contact de la paume. Puis, reprenant ses esprits, il recula, mais Deidara avait eu le temps de le voir apprécier, il ne fit toutefois aucun commentaire.
- On devrait y aller.

**********

Les membres de l'Akatsuki étaient installés dans le salon. Hidan ne pouvait s'empêcher de fixer Sasori, qui pour sa part ne lui avait pas adressé un seul regard. Il ne semblait pas tendu, ni énervé, mais il l'ignorait simplement. La conversation avait été jusque là très classique, chacun racontant son quotidien et le déroulé actuel de ses études. Pain changea de sujet après une heure pour faire le point sur leur projet de l'autre monde.
- On devrait se mettre d'accord sur la suite du programme, se justifia-t-il.
Sasori pencha légèrement la tête sur le côté, intrigué.
- Alors ça y est, vous arrêtez de me tenir à l'écart ? Je fais de nouveau partie du groupe ?
Un silence embarrassé lui répondit.
- Mais quelle idée, lança Konan en souriant. Tu avais juste besoin de repos, mais on ne t'a pas mis de côté.
Les autres acquiescèrent et le marionnettiste les regarda.
- Ne me prenez pas pour un imbécile, c'est aussi ridicule qu'agaçant.
Pain ouvrit la bouche pour répondre, mais il le devança d'un ton sec.
- J'étais fatigué, pas stupide.
Il y eut une nouvelle tension, pesante, sans bruit.
- Désolé, Saso, dit alors la jeune femme. On était inquiets à ton sujet, on ne voulait pas que tu portes encore trop de choses sur tes épaules. On s'est rendus compte que tu avais beaucoup donné pour notre cause, au point même d'y sacrifier ta santé. Nous avons voulu t'accorder un peu de répit, tu le mérites. Maintenant, tu es avec nous, alors si tu veux t'impliquer, ce sera ton choix, on le respectera. Entendu ?
L'artiste aux cheveux rouges réfléchit un instant, puis il hocha la tête. Itachi prit à son tour la parole.
- La situation là bas nous est favorable, le monde ninja est affaibli par les tensions politiques. Les conflits entre les grandes nations et leur incapacité à communiquer et à s'allier sont notre meilleur atout. Alors la question, c'est : qu'allons nous faire ?
- Bah tout exploser et ne laisser que des cendres ? répondit Hidan comme si c'était une évidence, pendant que Deidara trouvait l'image utilisée plaisante.
- Quel idiot, lâcha Kakuzu sans tact.
Pain se tourna vers l'immortel.
- On ne veut pas détruire ce monde, ni éliminer la population de l'autre côté. On veut anéantir leur système, on veut façonner un monde à notre image. Alors certes, nos moyens ne sont pas forcément très moraux, mais pour obtenir une paix parfaite, il faut bien en passer par là. Quand nous aurons le contrôle, nous pourrons nous occuper de faire au mieux.
Sasori les observa sans rien dire. Il avait toujours trouvé les idéaux du leader de leur organisation puérils. Pour qui se prenait Pain, après avoir découvert un monde il y a tout juste quelques années, à revendiquer le droit de critiquer le système et vouloir s'approprier ces territoires ? Qui était-il pour vouloir s'imposer ainsi dans un monde dans lequel il ne vivait même pas ? Il trouvait son ego déplacé. Mais il garda le silence, il s'en fichait complètement de ce qui pouvait bien advenir de cet univers. Cela ne l'intéressait pas, et il avait conscience qu'il n'était pas le mieux placé pour faire une quelconque leçon de morale. Tout ce qui lui importait, c'était son art.
- Dans ce cas, reprit Hidan après avoir réfléchi, on devrait tuer les kages, ils n'auraient plus personne à la tête des grandes nations, et on pourrait prendre le commandement.
Les membres du groupes prirent un instant pour étudier cette suggestion.
- Non, intervint alors le marionnettiste. Ce ne serait pas efficace.
- Pourquoi ? demanda Deidara à son colocataire.
- Les villages ninjas n'attendraient pas, ils nommeraient de nouvelles personnes au rang de kage aussitôt les anciens décédés. Et nous nous retrouverions avec le même problème.
- Et qu'est ce que tu proposes alors ? questionna Kisame, intrigué.
Sasori balaya l'assemblée de son regard ambré.
- Il faudrait les faire céder. Faites craquer leurs chefs, et les populations suivront. Il n'y aurait que des petits groupes de résistants à écraser, mais ce serait rapide. Si le monde ninja capitule, nous aurons accès à davantage de ressources, et éliminer toute rébellion sera un jeu d'enfants.
Tout le monde le fixa, et Pain prit sa décision.
- C'est un bon argument. Bien, faisons donc en sorte qu'ils se soumettent à nous de leur propre volonté.
La conversation se tourna vers les étapes nécessaires à ce résultat, et Deidara lui regarda son acolyte, son visage tranquille, inexpressif, ses yeux dorés si intenses, ses mèches écarlates qui tombaient sur son front et sur les côtés de sa tête. Sasori avait un don avec les gens, pour leur faire faire tout ce qu'il désirait, soit en les convainquant, soit en les menaçant, et lui avait eu de nombreuses reprises d'être témoin de cela. Il se souvint d'un évènement précis, lorsqu'ils étaient encore au lycée.


Fanfiction Naruto - AkatsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant