Chapitre 44 : Suppositions et conseils

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Sasori était concentré. Il était occupé depuis quelques heures à filtrer ses composants pour produire différentes versions de ses poisons. Quand toutes les toxines furent prêtes, il sortit un carnet de notes et commença à faire des calculs pour établir sa prochaine expérience. Il s'était téléporté de l'autre côté, dans le repaire de l'Akatsuki, afin de pouvoir utiliser son matériel de chimie et profiter de la tranquillité du lieu. Depuis un moment déjà, il avait une idée en tête, une idée dangereuse. Sans nul doute, certains l'auraient même qualifiée de folie, mais lui voulait essayer. Le marionnettiste ne supportait pas l'idée d'être fragile, de pouvoir être mis au sol facilement, et il ne voulait pas passer tout son temps avec un corps de pantin, surtout qu'il ne pouvait prendre cette apparence dans le monde réel. Alors il ne cessait de s'endurcir, d'où un entraînement rigoureux sur son corps, qu'il musclait et entretenait avec attention, mais ce n'était pas suffisant. Ce n'était jamais suffisant, quoi qu'il fasse. Sa nouvelle lubie était de développer une immunité totale à tous les poisons existants, dans cet univers comme dans le sien. Pendant plusieurs jours, il avait donc répertorié tous les mélanges mortels ou simplement toxiques, et en avait préparé des échantillons. L'étape suivante était de doser pour se les injecter, et laisser son corps s'habituer aux substances mortelles. La mithridatisation était une discipline risquée, et peu efficace dans le monde réel, malgré la légende à l'origine de son nom, mais Sasori était un expert, il avait des pouvoirs et des connaissances qui échappaient à cet univers. La science dans la société shinobi n'était pas la même. Il était certain qu'il pouvait y arriver, même si cela nécessitait de prendre de gros risques. Il prépara une première seringue avec un premier poison, puis il serra une lanière de cuir autour de son bras droit, faisant ainsi un garrot sur le membre. Le jeune homme était ambidextre, tout aussi à l'aise de sa main droite que de la gauche, mais il avait plus souvent tendance à faire les choses importantes, requérant de la précision, de la seconde. Il grimaça légèrement quand l'aiguille plongea dans sa peau, et il versa la toxine avant de retirer la seringue. Il attendit quelques secondes, et n'observant rien de particulier, il prit des notes sur la formule et le dosage testés. Satisfait de ce premier essai relativement positif, il rangea ses affaires. Il avait hâte de continuer ses expériences.

**********

Le jeune homme se stoppa, posant le pied à terre, et il retira son casque, secouant la tête pour laisser ses cheveux écarlates reprendre leur aspect habituel. Une personne s'arrêta juste à côté de lui, faisant le même mouvement pour libérer sa tête. Sasori tourna la tête pour le regarder, il s'agissait d'un homme qui devait avoir le double de son âge, les cheveux grisonnants et les yeux noisettes. Le plus âgé fixait également son cadet, mais avec stupeur.
- Ne me dis pas que c'était la première fois que tu montais sur une moto Sasori ?
- Si, pourtant, c'est le cas.
L'homme siffla, impressionné.
- C'est épatant, tu maîtrises déjà le véhicule avec précision, on dirait que tu en fais depuis des années. C'est dingue !
- Merci. J'apprends vite en général.
- Ce n'est même plus vite à ce stade mon garçon, ça relève de l'exploit. Tu n'auras pas besoin de prendre beaucoup d'heures. Je songe même à t'inscrire à la prochaine session d'examen, d'ici un mois. Le temps que ça arrive, on aura le temps de vérifier que tout est bon, mais je pense sincèrement tu es déjà prêt, ce ne sera que du contrôle.
Sasori hocha la tête avant de descendre pour pousser la moto jusqu'au garage. Son moniteur, comme beaucoup d'adultes, était tombé rapidement dans sa poche, et cela lui était bien utile.

**********

Deidara était avachi dans le canapé, sans rien faire. Konan revint de la cuisine avec un verre d'eau qu'elle lui tendit.
- C'est inhabituel que tu viennes ici, Dei. Tu avais quelque chose à dire à Pain ? Parce qu'il n'est pas là.
Le blond secoua la tête.
- Non, c'est à toi que je voulais parler.
- A moi ?
- Ne me dis pas que tu es surprise, tu es dans le groupe celle qui a le plus de sensibilité et qui comprends facilement les autres et leurs problèmes, tu as une bienveillance et une patience hors normes, de toute l'équipe, tu es celle qui donne les meilleurs conseils.
Il but une gorgée, pendant qu'elle s'asseyait à côté de lui.
- C'est encore Sasori ? demanda-t-elle.
Il sourit.
- Tu vois, c'est tellement intuitif chez toi. Oui c'est encore lui.
- Tu es encore inquiet ? Je croyais que Zetsu avait trouvé une solution ?
Deidara hésita un instant, il ne savait pas comment aborder ce qui troublait ses pensées.
- Oui, Zetsu a trouvé quelque chose, même si je sais pas si c'est vraiment bien, imagine qu'il devienne dépendant, ce serait ma faute. Mais j'ai pas envie de lui dire d'arrêter alors que c'est parce que je suis inquiet qu'il a essayé.
- Mais ça fonctionne ?
- Oui, ça marche assez bien, j'ignore s'il a beaucoup d'effets secondaires, je sais juste que ça lui donne une faim pas possible, il passe ses soirées à bouffer quand il fume, mais j'ai l'impression que ce n'est pas tout, et qu'il veut pas m'en parler. Tu le connais, il est pas très tactile ni sociable, alors c'est pas simple. Quand il fume, il est étrange, il me fixe avec ses pupilles dilatées là, ça me perturbe, et dès que je veux lui en parler, l'approcher, il s'enfuit dans sa chambre.
Konan fronça les sourcils.
- Ah oui en effet, tu sais, c'est assez rare, mais chez certaines personnes, fumer accentue le désir.
- Le désir ? T'es en train de suggérer que ça le rend horny là ?
- Oui, enfin, je sais pas, peut être. T'en parles jamais avec lui de ce genre de choses ? Vous êtes proches non ? Il a été le premier à le savoir pour toi, et à t'accompagner.
L'étudiant aux cheveux longs resta silencieux.
- Oui c'est vrai, mais non, il ne me parle jamais de ce qu'il ressent. Encore moins de ce sujet là. Je suppose des trucs à force de le connaître, mais je ne suis jamais vraiment sûr.
- Tu veux me parler de tes suppositions ?
Son interlocuteur hocha la tête, le fait que la jeune femme soit toujours dans la demande du consentement, même dans un échange, au lieu de se poser comme voix de la raison avec des injonctions le mettait en confiance pour lui parler.
- On sait tous qu'il cache ce qu'il ressent, qu'il veut nous faire croire qu'il ne ressent rien, et même si parfois il y a des doutes, je pense qu'on sait tous quand même, au moins parmi le groupe, que c'est faux. Et du coup, à force de le côtoyer, je pense que c'est au delà de ça, je pense qu'il a une forme d'hypersensibilité qu'il réprime car si elle ressortait, il ne pourrait plus rien maîtriser. Tu sais bien qu'il ne supporte pas de ne pas avoir le contrôle. Je pense que cette hypersensibilité est tant physique qu'émotionnelle, il ressent tout de façon si intense qu'il a été obligé de se construire des barrières pour gérer ça. Tu le frôles à peine, il frissonne, c'est dingue je te jure. Je pense que c'est pour ça qu'il est si peu tactile. Il craint de ne pas maîtriser ses réactions et il pense que ça voudrait dire perdre la face. Du coup il se referme sur lui même. Le souci, c'est qu'il se bloque, et cette carapace qu'il se construit l'isole, et je pense qu'il en souffre car derrière son attitude solitaire, il déteste être seul, parce qu'il l'a trop été enfant.
Konan hocha la tête, elle avait écouté très attentivement, elle prit la parole doucement quand il eut terminé.
- Oui, ça semble très cohérent, je ne peux pas être sûre que ce soit vrai, tu le connais mieux que moi, mais ça pourrait rejoindre ma supposition ?
- Sur le fait que fumer le rende horny ? Oui, probablement, il est possible que ça accentue chez lui une pulsion déjà refoulée, mais il ne le dira jamais si c'est le cas.
Il y eut un silence et il reprit.
- Enfin, du coup, ce que je voulais dire, c'est que je sais pas quoi faire pour l'aider, et comme tu es toujours de bons conseils, je voulais ton avis. Qu'est ce que tu ferais à ma place ?
La jeune femme réfléchit un instant.
- Je comprends bien ton inquiétude, mais pour l'instant on ne peut pas savoir comment ça va tourner, alors il vaut mieux le laisser expérimenter cette méthode si ça peut contenir sa violence. Il ne faut surtout pas qu'il se fasse remarquer dans ce monde, cela nous causerait de sérieux problèmes. Je pense que si j'étais toi, je ferais en sorte de le surveiller, sans être non plus trop sur son dos, il n'aimerait pas ça. Juste, garder un oeil sur lui, et ne pas le laisser sombrer dans sa solitude. Il tient à toi Deidara, même s'il a du mal avec l'autorité, toi, il t'écoute. Tu es sûrement la seule personne à pouvoir le maîtriser si jamais il perd le contrôle. Alors reste auprès de lui, particulièrement quand il va de l'autre côté. Quand à ce qu'il contient, n'essaie pas le faire parler, si un jour il se sent mal, qu'il a besoin d'extérioriser, ou de faire quelque chose de tout ce qu'il ressent, il saura choisir s'il veut t'en faire part.
Le blond hocha la tête.
- Merci pour ton écoute Konan, je vais essayer.
Elle sourit avant de reprendre la parole.
- Tu sais quoi ? Je pense que tout le monde est un peu stressé en ce moment, entre nos études, la situation du monde shinobi, la guerre en cours, on devrait se poser un peu. Que dirais tu qu'on organise pour le groupe un voyage aux vacances de février ? On a tous une semaine en commun, on pourrait aller dans un parc d'attractions ?
- J'ai toujours voulu aller à Disney Land.
- Va pour Disney alors, je vais regarder les billets et hôtels ce soir, je t'envoie les infos et on prépare ça ?
L'artiste aux cheveux longs acquiesça. Konan avait vraiment un don pour apaiser les autres.

Fanfiction Naruto - AkatsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant