Chapitre 46 : Une gestion émotionnelle remarquable

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Sasori ouvrit les yeux avec difficulté. Il lui semblait qu'une enclume lui était tombée sur le crâne, il avait la nausée. Le jeune homme grimaça par réflexe.
- Comment tu te sens ?
Il sursauta et tourna aussitôt la tête vers l'origine de la voix, une voix qu'il avait reconnue. Deidara était toujours assis sur la chaise, il avait l'air fatigué, mais surtout inquiet.
- Ça va, qu'est ce que tu fous là ?
Sa voix était bizarre, caverneuse, comme s'il sortait d'une longue convalescence de plusieurs jours, alors qu'il ne s'était écoulée qu'une dizaine d'heures. Il était encore livide. Deidara soupira, exaspéré.
- C'est tout ce que t'as à poser comme questions ? Tu ne te demandes pas ce qui s'est passé depuis que t'es tombé ? Tu te souviens que tu t'es écroulé quand même ?
Sasori ferma un instant les yeux.
- Ah oui, c'est vrai. Donc tu as veillé sur moi toute la nuit ? Fallait pas.
- Fallait pas ?! s'écria le blond, furieux. Tu te moques de moi là ? T'as vu l'état dans lequel tu étais ? Putain toutes les quarante minutes tu devenais bleu et frigorifié, et après tu chauffais comme si t'étais dans un four, j'ai cru que tu allais claquer dans la nuit moi ! Je savais pas quoi faire, j'ai aucune connaissance médicale, j'avais peur d'être impuissant à te regarder comme ça, je savais même pas ce qui t'arrivait, et toi tu penses pouvoir dire que j'aurais du te laisser comme ça ?!
Sasori soupira, détournant les yeux.
- Je ne voulais pas t'inquiéter, je suis juste un peu malade, j'allais pas mourir, tu t'inquiètes trop vite.
- T'es pas souvent malade, et ça ressemblait pas à quelque chose de normal. Dis moi la vérité, tu sais pourquoi t'étais dans cet état ?
Le marionnettiste garda ses yeux rivés au loin.
- Oui.
Il avait soufflé sa réponse doucement.
- Ok, pourquoi t'étais dans cet état donc ?
Sasori resta silencieux, ce qui agaça davantage son ami, qui se leva soudainement pour crier.
- Je t'ai posé une question ! Je viens de passer une nuit entière éveillé à angoisser pour toi, je pense avoir mérité une réponse !
L'étudiant aux cheveux rouges tressaillit. Il comprenait la rage de son partenaire.
- Je fais des expériences de l'autre côté.
Il fit une pause.
- Depuis quelques temps, j'essaie de m'immuniser contre les poisons, ceux de ce monde comme de l'autre... Et ça fonctionne bien, mais celui que j'ai testé hier a été particulièrement compliqué à gérer pour mes anticorps...
Le blond resta silencieux, il se laissa retomber sur la chaise, avant de prendre la parole, étonnamment calme.
- Donc là, t'es en train de m'expliquer que tu t'amuses à injecter dans ton corps des poisons, parfois extrêmement puissants et douloureux, en particulier les tiens, juste parce que tu veux te forcer à ne plus en ressentir les effets ? C'est bien ça ?
Son interlocuteur hocha la tête, observant son expression. Deidara avait toujours une expression calme, ce qui le surprenait car il avait tendance à s'énerver très vite, il était impulsif et incapable de se poser pour réfléchir avant de réagir. Pourtant, dans son esprit, le blond était en train de perdre le contrôle. Il était effaré, pour ne pas dire horrifié, de ce qu'il venait d'apprendre. Il ne pensait pas que Sasori aurait pu encore repousser les limites dans l'autodestruction, et pourtant, il en arrivait à ce point là. Quand il prit la parole, après ce long silence, ce fut toujours avec cette voix lente, apaisée, tranquille.
- Sasori, je vais finir par te tuer.
Le concerné cligna des yeux, assez surpris. Il ouvrit la bouche pour répondre mais Deidara vint lui fermer en posant sa main dessus.
- Non, tu la fermes. Je ne veux pas entendre tes excuses, je ne veux pas savoir pour quelles incroyables et intelligentes raisons tu as pris cette décision. Tu es en train de faire quelque chose de dangereux, quelque chose qui pourrait avoir ta peau. Mais non, ça ne t'inquiète pas, tu te dis que t'es juste un scientifique, que c'est expérimental. Après tout, quelle valeur a ta vie hein ? Un jour je vais vraiment t'aider et directement te buter moi même, ce sera moins fatiguant que de supporter tes conneries qui me flinguent psychologiquement à force de m'inquiéter et d'angoisser pour toi.
Il plongea dans les iris ambrés de son ami et se sentit happé par ce regard si intense. Il jura.
- Putain mais est ce que tu te rends compte qu'en te faisant du mal comme ça, tu m'en fais aussi ? J'ai sans cesse peur de te perdre, de te voir sombrer trop loin. A force de dépasser tes limites tu vas finir par faire quelque chose qui te dépassera, et ce jour là tu en mourras. Qu'est ce que je dois faire pour t'aider ? Non franchement, dis moi. Parce que là, à part t'attacher à ton lit ou te tenir en laisse pour te garder sous surveillance, j'ai pas d'idées.
Sasori détourna les yeux. Il aurait préféré que son ami s'énerve, qu'il crie, qu'il fasse comme d'habitude. La façon calme mais glaciale avec laquelle il exprimait sa colère le frappait trop violemment. Il n'avait rien à répondre, alors il fuyait du regard.
- Je n'ai pas l'intention de te blesser quand je fais des trucs comme ça, souffla-t-il doucement, presque inaudible.
Deidara le fixa. Il eut du mal à maintenir sa colère avec une telle vision sous les yeux. Le jeune homme aux cheveux rouges semblait tellement fragile à cet instant, avec ses iris ambrés portés ailleurs, brillants, et son visage d'ange qui affichait une mine si triste. Il était tellement magnifique en temps normal, mais quand il laissait enfin ses expressions s'afficher sans les réprimer, il était encore plus époustouflant. Le blond soupira.
- Tu me facilites vraiment pas la vie Sori... Allez, repose toi, je te laisse tranquille...
Il se leva et quitta la chambre, il avait besoin de dormir lui aussi.

**********

Sasori cherchait dans ses étagères un outil, sans parvenir à le trouver. Il était pourtant méthodique, et toutes ses affaires étaient rangées avec minutie, et presque de façon obsessive tant il était psychorigide, il était donc particulièrement rare qu'il perde quelque chose, voire même, cela n'était jamais arrivé. Les dernières semaines avaient été éprouvantes, depuis sa dernière altercation avec Deidara, il n'était pas retourner de l'autre côté pour poursuivre ses expériences, mais il savait qu'il ne pourrait pas s'en empêcher définitivement. Pour gérer sa frustration de ne pas pouvoir faire ce qu'il voulait, il s'était plongé dans son travail du monde réel, avec les projets qu'il réalisait pour ses cours. Comme à son habitude, une fois parti dans ses travaux, il ne s'était pas arrêté, et en avait oublié de dormir pendant plusieurs jours. Le blond, occupé par ses propres obligations, n'avait pas pu le surveiller comme il l'aurait souhaité. Et les deux étudiants ne s'étaient que peu parlés, Sasori par culpabilité et embarras suite à ce qu'il s'était passé, et aux reproches que son ami lui avait faits avec justesse, et Deidara parce qu'il souffrait énormément de l'attitude du marionnettiste, et qu'il avait eu besoin de prendre le temps de réfléchir et digérer tout cela. Le jeune homme aux cheveux écarlates jura, ne trouvant toujours pas son outil. Il posa la boîte et alla regarder près du bureau de son acolyte, situé dans le salon. Deidara, beaucoup moins organisé, avait la fâcheuse habitude de lui emprunter du matériel et de ne pas le remettre à sa place. L'artiste se passa une main dans les cheveux, il y avait aussi cette migraine qui le tenait depuis des heures, et qui le ralentissait. Ne voyant rien sur le meuble, il alla directement fouiller dans la chambre de son partenaire. Il fut pris de vertige, ayant avancé trop vite, mais il ignora une énième fois les signaux que son corps lui envoyait. Il avait déjà vidé la boîte d'antidouleurs, et rien ne faisait effet pour apaiser son mal de crâne. Il regarda dans quelques tiroirs, sans pouvoir mettre la main sur son outil, et quand un nouveau vertige le prit, il perdit l'équilibre et tomba près du lit. Sasori grimaça, il s'appuya sur le matelas pour se redresser et s'assoir dessus, et il se prit la tête dans les mains. Machinalement, sans le décider, il s'allongea, espérant faire passer cette sensation qui lui brouillait les sens. La tête plongée dans l'oreiller, l'odeur du tissu emplit ses narines. Un parfum d'argile et de menthe fraîche. Une odeur qu'il connaissait par coeur, c'était celle de Deidara. Cela l'apaisa aussitôt, et il ferma les yeux, il était tellement fatigué, et tout tournait si fort dans son esprit, il n'arrivait plus à se concentrer. Il s'endormit alors sans même s'en rendre compte.

Fanfiction Naruto - AkatsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant