Chapitre 68 : Une fois, mais pas deux

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Le combat faisait de nombreux dégâts du côté de chaque pays, alors que leurs adversaires, pourtant seulement une dizaine d'individus, ne comptaient aucune perte. Il ne faisait aucun doute que la puissance de cette organisation criminelle surpassait leurs forces. S'ils s'étaient alliés, ils auraient eu une chance, mais aucun des kages n'était prêt à faire confiance à ses pairs après les conflits qui avaient eu lieu ces derniers mois. Dans les conditions actuelles, aucune victoire n'était donc envisageable, l'Akatsuki travaillait contrairement à eux dans une symbiose parfaite. Un par un, les dirigeants des plus grandes nations de ce monde abandonnèrent, posant leurs armes à terre en signe de reddition. Les ninjas suivirent leurs chefs, et le calme revint progressivement sur le champ de bataille. Les cinq kages furent réunis auprès de Pain pour négocier les termes de leur défaite, et ce que cela leur coûterait. Ils étaient entourés d'Itachi et Kakuzu, qui s'assuraient qu'il n'y aurait pas de piège tendu à leur leader. Les autres membres, éparpillés sur toute la zone, surveillaient la foule de combattants, encore nombreux malgré les pertes énormes qui avaient secoué leurs rangs. Pain gardait une expression mesurée, mais il était complètement satisfait. Enfin, il atteignait son but, comme il en rêvait depuis qu'il avait découvert ses pouvoirs, et cet univers.
- Vous allez nous ouvrir l'accès à vos villages, annonça fermement Pain. Nous avons déjà le contrôle total sur la cité de la pluie, Ame, qui n'avait pas la chance d'avoir un kage, ni un quelconque dirigeant de votre trempe lorsque nous sommes arrivés. Vous resterez à vos postes, mais vous agirez en notre nom. Nous laisserons certains de nos espions avec vous, pour assurer la bonne communication. Nous maintiendrons la paix dans ce monde, vous n'aurez plus à craindre qu'une guerre ne cesse entre vos nations, puisque nous n'en formerons qu'une, et vos ambitions de domination, vous pouvez désormais les oublier.
Les visages étaient sombres, malgré la promesse de fraternité et d'accalmie, tous savaient que cela se paierait au prix d'une certaine liberté. De plus, le goût de l'échec leur était amer, ils étaient en train de capituler face à des criminels, qui avaient tué sans scrupules beaucoup d'innocents. Pour toutes les nations ninjas, cette défaite était difficile à encaisser.
- Hors de question ! hurla une voix dans la foule.
Les têtes se tournèrent machinalement vers l'origine du cri, et les shinobis découvrirent avec stupéfaction que tous ne s'étaient pas rangés du côté de leurs supérieurs. Un groupe conséquent de combattants issus de tous les villages s'était rassemblé pendant le début des négociations, refusant catégoriquement de laisser l'Akatsuki gagner. Pas sans se battre. Ils s'étaient faufilés dans les rangs, cherchant à atteindre ensemble l'un des membres de l'organisation ennemie, et avaient réussi à mettre la main sur l'un d'eux. Un kunaï sous la gorge, les mains immobilisés, les autres résistants placés stratégiquement autour de lui et son assaillant, les cheveux dorés tirés en arrière pour l'empêcher de bouger la tête. Deidara. Konan jeta un regard paniqué à Pain, qui comprit la gravité de la situation. De tous les membres de leur assemblée, le blond était le seul qui ne devait pas être pris en otage. Les ninjas rebelles n'avaient aucune idée de ce qu'ils venaient de provoquer. Sasori, à l'opposé du champ de bataille, s'était figé dès que le cri avait résonné. Le temps était comme arrêté, pas seulement parce qu'il avait aussitôt reconnu son colocataire, mais aussi parce qu'il avait déjà vu cette scène. Quelques mois auparavant, son ami avait aussi servi de monnaie d'échange. Ses émotions explosèrent en lui, et il ne parvint plus à réprimer ses pulsions de violence. Il n'accepterait pas que la situation se répète. Il ne supporterait pas de se faire avoir une seconde fois. Il ne pouvait plus tolérer que quiconque appuie sur sa seule faiblesse, son ami, le seul qui comptait plus que tout. Le marionnettiste avait beau être le plus éloigné des résistants, il traversa la zone de combat à une vitesse étonnante, utilisant le câble de son abdomen pour se propulser. Son regard ambré semblait dément, comme une promesse de mort certaine, et irrationnelle. Certains ninjas parmi ceux qui s'étaient déjà rendus, essayèrent de l'arrêter, craignant un véritable massacre, ils furent tous balayés sans avoir la moindre chance ; d'autres au contraire reculèrent pour ne pas se trouver en travers de son chemin. L'homme qui tenait une lame sous la gorge de Deidara appuya cette dernière, hurlant qu'il ne plaisantait pas, et qu'il tuerait si Sasori ne s'arrêtait pas immédiatement. Sa phrase fut à peine terminée que le câble ruisselant de poison et de sang se planta en plein milieu de son front. Il s'écroula, et aussitôt Deidara bondit agilement pour s'éloigner des rebelles. Mais face à la violence inouïe dont faisait preuve son colocataire, il dut prendre ses distances avec toute la zone où les combats avaient repris. Sasori avaient identifié d'un seul regard tous ceux qui s'étaient révoltés, tous ceux qui étaient complices de la prise d'otage, et aucun n'avait échappé à sa vision d'analyste. Le jeune homme aux yeux azurs observa, d'abord surpris, puis inquiet, son ami devenu incontrôlable, sauvage. L'artiste aux cheveux rouges utilisait ses pantins tout autour de lui, mais aussi directement ses mains, qu'il plongeait avec vivacité dans le corps de ses adversaires dans un son sordide de chair déchirée, face à des ninjas qui essayaient de se défendre, en vain, comment analyser et anticiper des gestes quand ces derniers n'étaient en rien de la tactique, mais l'expression pure d'une folie meurtrière. Les hurlements se suivaient, sans qu'une fin puisse être envisagée, puisque, par peur d'être les suivants, les différents soldats des autres nations, se lançaient dans le combat, autant pour sauver les derniers rebelles que pour tenter d'arrêter ce carnage. Le Raikage regarda Pain.
- Nous nous sommes rendus, vous devez l'arrêter, ou bien il n'y aura plus personne à diriger dans ce monde !
Konan acquiesça et elle déploya ses ailes de papier pour rejoindre les autres membres de l'Akatsuki.
- Putain mais quel taré, ricana Hidan qui s'amusait de ce spectacle. Il va quand même pas falloir le buter lui aussi, si ?
- Je t'interdis de le toucher ! rétorqua Deidara à sa suggestion.
- C'est à toi de le faire, lança alors la jeune femme.
Le blond eut un hoquet de surprise.
- Tu ne vas pas me demander de l'éliminer ?
Sa voix avait été fébrile, il craignait depuis longtemps que Sasori aille trop loin, et qu'ils ne doivent agir. Mais il ne pouvait pas s'y résoudre. Il en était incapable.
- Non, lui dit la kunoichi. Je ne te dis pas de le tuer. Mais il n'est pas en état d'écouter l'un d'entre nous actuellement. Tu es le seul à pouvoir l'arrêter.
Deidara regarda la zone de combat, et il courut en direction du marionnettiste, glissant entre les pantins assassins, les cadavres, et les ninjas. Il avait toujours été habile, excellent en taijutsu, et très observateur, des compétences nécessaires à sa propre technique, puisqu'il combattait souvent en volant sur son oiseau, couvrant ainsi de longues distances. Il repéra au coeur de cette tempête assourdissante causée par le bruit des armes et les cris de douleur, son ami qui dirigeait ses marionnettes, et son câble dévastateur, et il parvint à le rejoindre, se mettant devant lui pour lui couper la route. Celui ci se figea en reconnaissant son partenaire.
- Sasori, ça suffit ! cria l'artiste aux cheveux longs. Arrête ça maintenant ! Nous avons gagné !
Il sentit le regard perdu de son acolyte, comme si ses arguments ne faisaient pas sens. Il le sentit déstabilisé, envahi par des émotions abusivement intenses réprimées pendant bien trop longtemps, et malgré le danger que cela représentait, il ne peut s'empêcher de s'inquiéter. Son ami n'était que le résultat d'une enfance volée par les traumatismes, il n'était pas responsable. Pas de tout en tout cas.
- Sori, arrête, dit-il plus doucement en confrontant ses iris ambrés emplis d'aliénation. Je me fiche que ces gens restent en vie, de ce monde, de Pain et ses projets de paix, mais toi, tu comptes. Plus que tout. Et je refuse de te laisser sombrer dans la démence, je refuse de t'abandonner à tes troubles psychologiques.
Il avança lentement en parlant, les armes tournoyaient autour de lui, mais il savait qu'il ne risquait rien, son partenaire aurait détruit l'univers pour lui, alors aucune des armes dévastatrices ne le toucherait.
- Je ne te laisserai jamais te détruire. Tu crois que tu n'as pas la force de lutter, que ça ne sert à rien de continuer, que c'est trop puissant pour toi et que tu ne peux pas gagner, je le sais, je vois bien que tu crois n'avoir rien à perdre... Et que tu penses que tu n'as pas de raison de te battre... Mais toi, tu es la mienne, alors, je peux te rendre la pareille, et être la tienne. J'ai toujours eu si peu de te le dire, mais tu es devenu ma raison de vivre.
Il s'arrêta, à quelques centimètres du marionnettiste, qui le fixait, les yeux bouleversés, comme s'il cherchait à comprendre le sens de ses paroles. Deidara l'aida à comprendre, il prit le visage de son ami dans ses mains, et il l'embrassa, avec toute la force de ses sentiments. Sasori se figea, ses marionnettes cessèrent de tuer pour devenir immobiles, aussi statiques que lui l'était, et il ferma les yeux, se laissant vaincre parce qu'il avait si longtemps réprimé. La guerre était terminée.


Fanfiction Naruto - AkatsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant