Chapitre 8 : Inquiétude

296 26 10
                                    

Deidara laissa ses mains agir avec spontanéité. Devant lui, l'argile se forma doucement sous ses gestes minutieux, et la silhouette se précisa lentement. Il réprima un soupir, regrettant de ne pouvoir user de son pouvoir pour invoquer les bouches de ses paumes, capables de modeler n'importe quelle structure en quelques secondes. Prenant sur lui, il se contenta de laisser ses doigts s'actionner sur la terre et après quelques minutes de travail acharné, ses mains libérèrent un oiseau sublime, dont les ailes se déployaient lentement pour prendre son envol. Les détails étaient de qualité, aucune imperfection ne semblait se manifester sur la sculpture. La professeure s'approcha et saisit l'objet pour le regarder sous tous les angles, puis elle dirigea son regard sur l'étudiant et lui offrit un grand sourire.

- Vous êtes très doué dans cet exercice, j'espère que vous ne détruirez pas ce travail cette fois ci.

Deidara fit la moue.

- Ma conception de l'art est éphémère, j'aime savoir que mes productions ne durent qu'un instant avant de disparaître pour ne survivre qu'à travers la mémoire hun. Mais puisque vous semblez l'apprécier, je veux bien vous laisser l'oiseau en le rendant comme projet de fin de trimestre.

- Oui c'est une bonne idée, je vous en remercie.

L'enseignante s'éloigna pour commenter les autres travaux, lorsque la fin du cours arriva, le jeune homme rassembla ses affaires et il quitta la salle, laissant l'oiseau posé sur sa table intact. Il rentra tranquillement tout en regardant le soleil descendre dans l'horizon, et quand il ouvrit la porte de l'appartement, il fut surpris de ne pas y voir Sasori. Il était déjà rentré à cette heure d'habitude, et travaillait de coutume dans le salon. Mais l'imposant bureau de son colocataire était vide, parfaitement rangé comme à chaque fois. Intrigué, le blond frappa à la porte de la chambre de son ami, mais seul le silence lui répondit. Il ouvrit doucement la porte pour trouver la pièce vide. Abandonnant recherches comme questions, le blond se dirigea vers sa propre pièce personnelle pour retirer ses vêtements et aller dans sa salle de bain. Il resta sous l'eau brûlante une bonne vingtaine de minutes, puis il sortit, enfila t-shirt et pantalon et sécha ses longs cheveux avant d'aller dans la cuisine pour préparer quelque chose pour le repas. La porte d'entrée s'ouvrit alors sur Sasori. Sans jeter un seul regard à son colocataire, l'étudiant taciturne laissa son sac tomber sur le fauteuil de son bureau et il partit s'enfermer dans sa chambre. Deidara, interloqué, le suivit et entra dans la salle sans frapper.

- Saso, tout va bien ?

L'autre se retourna pour le fixer de ses iris ambrés.

- Oui. Pourquoi cette question ?

- Je ne sais pas, d'habitude tu es déjà rentré à cette heure, et puis tu n'as rien dit, tu es juste parti ici alors que pour une fois, j'ai fait à manger.

Sasori soupira.

- J'avais un rendez vous, et désolé, je n'ai pas faim, mais promis je note l'effort, surtout que tu n'as rien fait explosé dans la cuisine.

Deidara fit la moue suite à sa pique, puis il reprit un air sérieux et plongea ses yeux océans dans ceux de son colocataire.

- Tu n'étais ni au réfectoire ce midi, ni à l'école cet après-midi. Tu n'as pas mangé avant ton rendez vous je suppose.

Le silence de l'étudiant au cheveux rouges fut assez éloquent.

- Et ce matin non plus, comme d'habitude, continua le blond, désapprobateur.

- C'est bon Dei, épargne moi ton numéro, je vais bien.

Son ami croisa les bras sur sa poitrine, fâché.

- Tu ne manges pas, tu ne dors pas, tu négliges ton bien être constamment, mais tu veux crever bordel !? Espèce d'abruti ! Plus ça va plus tu joues au mec emo dépressif, il t'arrive quoi putain ?

Le garçon aux cheveux rouges fit claquer sa langue contre son palais avec agacement, détournant les yeux. Bien plus impulsif que lui, Deidara ne supporta pas l'absence de réponse et il combla l'espace entre son colocataire et lui pour marteler sa poitrine de ses poings tout en l'insultant. Sasori ne réagit pas, la tête légèrement baissée et les cheveux écarlates dissimulant son front et ses yeux, le laissant faire, conscient que cette attitude n'était que le résultat de son inquiétude, tout comme il savait que son propre comportement était puéril. Au bout de cinq minutes, il soupira de lassitude et saisit les poignets de son ami avec fermeté. Il comprenait sa réaction. Deidara était son ami depuis la maternelle, il était le seul de l'Akatsuki qui le connaissait vraiment et le seul qu'il autorisait à s'approcher de sa vie privée. Jamais personne d'autre que lui n'aurait pu le rappeler à l'ordre comme il le faisait, ou même simplement lever la main sur lui. Pain lui même ne s'y risquait pas. Il était aussi l'unique individu avec lequel le jeune homme taciturne acceptait de vivre en colocation. Le blond se figea, immobilisé, ses avant bras enserrés par les longs doigts fins de l'artiste ténébreux.

- C'est bon, arrête de t'exciter, lâcha-t-il doucement. Je viens manger. Et ensuite j'irai dormir.

- Ouais bah j'y veillerai, grommela le garçon androgyne en réponse, lâche moi maintenant, crétin.

Sasori obtempéra et les deux hommes allèrent dans la cuisine. Deidara avait en effet surpassé ses capacités en préparant des tagliatelles au saumon et à la crème fraîche. Une fois le dîner terminé, le marionnettiste se leva de table et il débarrassa avant de commencer à faire la vaisselle. Il n'avait pas dit un mot du repas, se contentant de hocher la tête lorsque son ami lui avait demandé s'il aimait le plat. Le blond l'observa, toujours assis, et lorsque le débardeur de son acolyte se releva sous ses mouvements, il aperçut du papier cellophane au niveau de sa taille. Il fronça les sourcils, et, sans se préoccuper de la réaction de l'étudiant, il se leva pour venir derrière celui ci et soulever son haut. Ses yeux tombèrent sur le tatouage de scorpion et il le regarda avec une légère admiration.

- Dei, souffla Sasori en s'immobilisant, pourrais tu m'expliquer pourquoi tu es en train de me désaper ?

Le blond rougit subitement en entendant la question, mais rapidement, il reprit sa désinvolte habituelle pour revenir à ce qui le captivait.

- Tu comptais me le dire quand que tu t'étais fait tatoué ?

- Parce que ça te concerne ?

L'autre jura, pestant contre l'attitude de son ami. La discussion cessa et lorsque le garçon aux cheveux écarlates eut terminé sa corvée, il se retira dans sa chambre. Deidara attendit deux heures avant d'aller, comme il l'avait dit, vérifier que son acolyte dormait. Il ouvrit doucement la porte de sa chambre et repéra le corps de Sasori, profondément endormi dans son lit. Pour n'avoir même pas essayé de lutter contre la colère du blond, il devait avoir atteint à ses limites physiques. Il l'observa un instant, profitant de l'instant rare où, les yeux clos, le garçon ne conservait que son air angélique. Ainsi assoupi, Deidara lui trouvait un côté chétif qu'il ne lui avouerait jamais sous peine d'être frappé. Souriant de satisfaction, il referma doucement la porte avant d'aller se coucher à son tour.

Fanfiction Naruto - AkatsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant