Chapitre 66 : Fierté

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Le blond était allongé sur son lit à scroller son écran. Une information sur l'actualité passa sous ses yeux.
- Ah mais c'est vrai, ça approche !
Deidara se leva pour sortir de sa chambre, à la recherche de son colocataire. Ce dernier était en train de travailler une pièce en bois à son bureau, dans le salon.
- Sori, je peux t'interrompre un moment ?
- Tu l'as déjà fait techniquement.
L'autre roula des yeux.
- Putain ce que tu peux être de mauvaise foi. Quand j'arrive sans prévenir, tu me reproches mon manque de politesse, et quand je fais l'effort de demander gentiment, tu râles encore. T'es un gros con tu sais.
- Merci, ça me va droit au coeur. Tu voulais me dire quoi ?
Deidara s'approcha et il s'assit sur le bureau de son ami, le forçant à quitter son travail des yeux pour le regarder.
- On arrive bientôt au mois de juin, dit-il.
Sasori haussa un sourcil.
- Effectivement, tu es très observateur aujourd'hui toi. Et donc ?
- Vas-y mollo sur le sarcasme. Juin, c'est le mois de la Pride. Et je voudrais que tu viennes avec moi à celle qui se fera en ville. Le deuxième samedi de juin. S'il te plaît.
Il y eut un silence, et Deidara sentait que sa proposition allait être refusée. Son ami avait toujours été là pour l'aider, le soutenir, mais dès qu'il s'agissait de se confronter à la foule, c'était autre chose.
- Si ça peut te faire plaisir, d'accord, lâcha alors le marionnettiste après un instant.
Un sourire éblouissant étira les lèvres du blond.

**********

Sasori toqua à la porte de la chambre de son colocataire et il entra.
- Deidara, tu es prêt ?
Le blond passa la tête depuis la salle de bain pour le regarder.
- Je me maquille. Tu vas y aller habillé comme ça ?
- Pourquoi ? C'est pas bien ? Ou inadapté ?
Deidara l'observa un instant. Le marionnettiste portait un jeans troué noir, avec de la résille sous le vêtement qui ressortait sur sa peau si pâle, avec un débardeur de la même teinte ébène. la tenue, légère, retraçait finement sa silhouette légèrement musclée, suivant les creux de ses hanches et la forme de son corps. Il était sans aucun doute le plus bel homme qu'il n'avait jamais croisé.
- T'es super beau comme toujours, mais je trouve que ça manque un peu de couleur pour une Pride.
- Que dois-je changer ?
- Tu me laisserais te maquiller ? Et te prêter des bijoux ?
- Oui.
L'étudiant aux cheveux longs sourit.
- Top, je termine et j'arrive. Si tu veux, regarde sur mon bureau, il y a un classeur avec les différents drapeaux LGBT+ que j'ai peints, tu peux regarder s'il y en a un qui te parle.
Le jeune homme aux cheveux rouges s'approcha pour feuilleter les différentes propositions. Son ami le rejoignit après quelques instants.
- Alors ? demanda-t-il.
Son colocataire lui montra un drapeau, et Deidara sourit. Il ne demanda pas si le choix de son équipier était par simple appréciation des couleurs ou bien parce qu'il s'agissait de ce à quoi il s'identifiait. Jamais ils n'avaient parlé de ce que ressentait l'artiste taciturne pour autrui, aussi était-il complètement dans l'ignorance. Et il avait du mal à contenir sa curiosité.
- Assis toi, je vais chercher mes pinceaux et mes palettes.
Il entreprit avec attention de maquiller Sasori, il n'eut pas besoin de toucher à son teint, déjà aussi parfait que celui d'une poupée de porcelaine, en revanche il ajouta un léger trait de liner et un soupçon de mascara, accentuant son regard ambré déjà si intense naturellement. Le jeune homme paraissait déjà porter ces artifices au naturel tant ses cils étaient sombres et allongés. Sur le haut de ses pommettes, le blond dessina deux drapeaux à trois bandes, rose, violet, bleu, l'emblème de la bisexualité. Comme il s'y attendait, la peau était si douce que le pinceau glissait avec fluidité, traçant la couleur en un seul passage. Quand il eut terminé, il alla chercher dans ses affaires des accessoires et il accrocha aux poignets de Sasori qui le regardait faire en silence des bracelets violets, pour rappeler la couleur du drapeau ainsi que celle de la chevalière qu'il portait. Puis, après un instant d'hésitation, il accrocha un collier imposant, de la même teinte lilas, décoré de chaînes argentées, autour de son cou gracile, le faisant frissonner. Il ne fit aucune remarque sur le fait que ce genre de bijou, en plus d'être lié à une esthétique gothique ou du moins un style alternatif, était aussi souvent associé à des signes d'appartenance dans le milieu BDSM. Le blond aimait ce type d'accessoires, et il en achetait plusieurs sans aucune intention derrière. Il devait cependant reconnaître que sur Sasori, cela lui donnait une impression étrange, presque embarrassante. Mais comme toujours, cela lui allait à merveille.
- Est ce que ça te va ?
Le marionnettiste se leva.
- Si ça te convient, oui. On peut y aller.
Les étudiants en Arts sortirent, et il ne leur fallut pas longtemps pour rejoindre le centre ville et trouver le cortège de la marche. L'après midi défila très vite, Sasori ne cessait de regarder Deidara qui s'amusait, et qui illuminait la foule par son attitude si solaire. Lui se faisait plus discret, se contentant de suivre le groupe, d'observer les évènements, les danses, et d'esquiver tout contact physique avec les personnes présentes. L'après midi défila vite, le cortège avait fait le tour du centre ville avant de s'arrêter sur la place centrale, où les stands étaient prêts à accueillir la foule. Sasori avait perdu son colocataire durant le trajet, il alla simplement voir les marchandises proposées. N'ayant rien de particulier à acheter, il opta pour un cornet de churros à manger en attendant de retrouver le turbulent passionné d'explosions. Observant les différentes performances sur la place, venant de groupes aux costumes aussi colorés que variés, dont il admira l'originalité et la qualité de conception, il se laissa entraîner par ses pensées. Des bras s'enroulèrent soudainement autour de ses épaules, et il contint sa surprise en reconnaissant le parfum d'argile et de menthe fraîche de Deidara. Ce dernier déposa sur la joue du marionnettiste un baiser léger.
- Merci d'être venu avec moi, Sori. Je peux te prendre un churros s'il te plaît ? Tu me donnes faim...
Sasori ne répondit rien, mais il saisit un bâtonnet dans le sac et il le lui tendit. Le blond, n'ayant pas envie de le lâcher ni de déplacer ses bras, se contenta d'ouvrir la bouche pour attraper la friandise entre ses dents.
- Merchi, articula-t-il avec difficulté.
Il se décala pour manger, et Sasori fit volte face pour le regarder.
- Tu t'es bien amusé ?
- Oui ! Si jamais tu veux bien, et que tu as encore un peu d'énergie sociale, on pourrait aller à l'after prévu par l'organisation, plusieurs bars proposent des tarifs réduits pour la Pride ?
- D'accord.
Le blond saisit son poignet.
- Est ce que tu t'es un peu amusé au moins ?
Sasori le fixa, il semblait soudainement soucieux.
- J'aime bien l'ambiance qu'il y a à la Pride, et le militantisme derrière, même si je ne participe pas, j'aime regarder. J'ai apprécié, ne t'inquiète pas.
Le sourire de son ami en réponse fut chaleureux.


Fanfiction Naruto - AkatsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant